Le pouvoir de nuisance de DSK
Plus de 13 millions de téléspectateurs ont regardé DSK, hier soir, au journal télévisé de la une. Autant, parait-il, que pour une finale de championnat de football ou un mariage à Buckingham. Il ne faut pas s’en étonner. Tout au cours de cet été, Strauss-Kahn a fait beaucoup plus souvent les grands titres de notre presse –tabloïde ou pas- que l’augmentation du chômage, les suites de la catastrophe de Fukushima, la famine dans l’Est africain ou la crise grecque.
Il faut reconnaître que « le numéro » que voulait nous présenter l’ancien grandissime favori des sondages dans la course à l’Elysée n’était pas facile. Même si tout avait évidemment été soigneusement préparé, calibré avec une Claire Chazal qui semblait oublier qu’elle était journaliste pour ne plus être qu’une amie-complice d’Anne Sinclair, DSK savait parfaitement que les Français n’ont jamais considéré qu’il a été « blanchi » sous prétexte que le procureur de New-York a abandonné les poursuites. Le rapport du procureur que Strauss-Kahn brandissait tout au cours de l’émission est, en fait, accablant pour lui puisque le texte précise bien, tests ADN à l’appui, qu’il y a eu un rapport sexuel entre DSK et la femme de ménage du Sofitel et que le tout n’a duré que quelques minutes, ce qui exclut tout « coup de foudre » entre la pauvre fille et le directeur général du FMI.
DSK a eu tort d’affirmer que ce rapport sexuel n’avait pas été monnayé. Ce serait-là sa seule défense contre l’accusation de viol. Il a eu tort aussi de laisser entendre qu’il aurait pu tomber dans « un piège », voire même « un complot ». Pour évoquer de tels scénarios il lui faudrait avoir le début d’un commencement de preuve. Il ne l’a évidemment pas du moins pour l’instant.
Il s’en est tenu pour toute défense à reconnaître qu’il avait fait « une faute morale » et, penaud, à ajouter qu’il la regrettait. C’est beaucoup plus qu’une faute morale et on aurait préféré avoir des excuses plutôt que des regrets.
Certains espéraient qu’il allait nous annoncer son retrait définitif de toute vie politique. Ils ont été déçus. Discrédité, ridiculisé, déshonoré, Strauss-Kahn entend bien ne pas disparaitre de la scène politique et user et abuser du fantastique pouvoir de nuisance qu’il conserve.
Hier, il a reconnu non seulement qu’il avait l’intention de se présenter à la présidentielle, ce dont personne ne doutait, mais aussi et surtout qu’il y avait bel et bien « un pacte » entre Martine Aubry et lui. On le subodorait. Lui à l’Elysée, elle à Matignon. Mais jusqu’à présent Martine Aubry avait toujours refusé le mot de « pacte ». En officialisant ce secret de Polichinelle, DSK tire un gros boulet en plein visage de son « amie » la maire de Lille. En pleine primaire de la gauche, il la fait passer pour une menteuse et, plus grave, la présente comme une simple suppléante qui le remplace haut-le-pied.
Mais il y a eu pire encore. A l’issue de sa plaidoirie, DSK n’a pas pu s’empêcher, à la demande complaisante de Claire Chazal, de nous faire un cours d’économie. C’est son meilleur registre. Et là, l’ancien directeur général du FMI nous a carrément annoncé que la Grèce ne paierait jamais sa dette. C’est sans doute vrai. Mais était-ce bien son rôle et avait-il le droit, en tant qu’ancien très haut fonctionnaire international tenu au devoir de réserve, de balancer ainsi une information nous prédisant un cataclysme et qui ne pouvait qu’affoler les fameux marchés ? Ce matin la bourse perdait encore 2,60 points.
On avait l’impression que pour mieux répondre aux accusations que portent contre lui Mme Diallo et Mlle Donan, DSK voulait noyer le poisson, régler des comptes tous azimuts et pratiquait la politique de la terre brûlée. Tirant à vue sur la primaire de gauche en assassinant Martine Aubry, jouant les Cassandre pour l’économie mondiale en annonçant le naufrage de la Grèce ce qui signifie celui de l’euro.
Il s’est éliminé lui-même de la course au pouvoir mais il lui reste un fantastique pouvoir de nuisance et on a bien l’impression qu’il compte s’en servir.
Mots-clefs : DSK, Grèce, Martine Aubry
19 Sep 2011 14:37 1. Alain Bellemere
Hier soir DSK avait abandonné son sourire ravageur, les yeux à demi-clos, la bouche contrite, un comédien était né dans un grand numéro d’illusionniste. Pour se sortir de son pétrin, il a reconnu avoir fait une faute morale, alors que deux auparavant avec Pirosta Nagy ce n’était qu’une erreur de jugement, décidément les fautes et les erreurs ont quelque chose en commun avec la pratique courante d’une » spermanente » comme des envies pressantes.
13 millions de téléspectateurs ont bu le calice presque vide accompagné d’un mea culpa envers sa famille, rien qu’une paille à siffler pour les curieux dans l’attente de révélations scabreuses. Après avoir creuser sa tombe en politique, DSK a retrouvé son vrai visage tel un sage avec l’économie agonisante son sujet de prédilection, N’est pas Clinton qui veut, déshonoré aux yeux du monde pour une pipe de trop, DSK n’a été victime que d’une tentation de plus, des frasques pardonnés par sa femme, mais embarrassantes pour le PS et déterminantes comme un cadeau empoisonné pour Martine Aubry. DSK a commencé à régler ses comptes avec ses faux amis, le pacte à trois n’était en réalité qu’un arrangement scellé pour déstabiliser et faire tomber les potentiels candidats du PS, Hollande étant le premier dans l’angle de mire.
19 Sep 2011 15:01 2. lesolitaire67
J’espere que ce mauvais feuilleton de « Perv of New-York » est bientot terminé car ça commence à bien faire de voir sa morgue à la télé !!!!
19 Sep 2011 15:05 3. bentolila
DSK a raconté hier au JT avoir raté un rendez-vous… Que doit-on imaginer quand les choses sont bien planifiées ? Comment faire vite oublier ses petites histoires ? En plaidant pour l’effacement de la dette grecque, on en profitera sûrement pour effacer aussi ses casseroles…
19 Sep 2011 15:45 4. mikael
Quand l’édile du FMI
Se trouva par sa verge marri
Car en tenue d’Adam
Il voulu faire le beau,
Et se mit en dedans
De la dame au plumeau.
L’élephant c’est heureux
Avait une bonne défense
C’est ainsi qu’il rentra
Avec Madame en FRANCE…
Pour faire l’interview
D’une Chazal en transe!
…
La chose n’est pas banale
Entendons donc Chazal
Faisant face illico
Pour nous,subliminale,
Au vit du bourricot !
19 Sep 2011 16:34 5. drazig
La sortie à la télé (pas de la douche) de notre « sexual assault man » était minutieusement calibrée, le timing extrêmement méticuleux, le vocabulaire choisi avec soin. J’aimerais bien savoir quelle est le cabinet qui lui a construit et appris ce rôle d’un soir. Nous le reverrons car il a plateau de télé, micro, et colonne des journaux ouverts au claquement de doigt.
19 Sep 2011 20:36 6. Alain Bellemere
» Les banquiers sont capables de prendre des risques inconsidérés pour se manger les uns les autres, mais pas pour financer les start up », une petite phrase sybilline d’avant la chute par Dominique Strauss Kahn.
Pour accentuer les rivalités internes du PS et dédié à sa grande amie Martine Aubry, il aurait pu reprendre ce vers inoubliable de Racine » J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer « .
@ drazig
Ces hommes et une femme ( celle qui le suit en permanence dans ses déplacements ), appelé « la bande des quatre » sont des communicants d’Euro-RSCG qui ont inventé une sécurité résistante à toutes les épreuves pour Strauss-Kahn comme un mur étanche, d’où lui est dicté la marche à éviter pour le hisser au sommet de l’Etat. Les conseils vont jusqu’à ses costumes peu ordinaires et bien coupés à 35000 euros, seule erreur de début de parcours, la Porsche de l’un d’eux. Comparés aux » spin doctors » , les Pierre Charon, Minc, Franck Louvrier, anciennement Guéant, des experts en communication auprès de Nicolas Sarkozy, ne se veulent pas les gardiens du temple, mais simplement chargés d’opérer des sondages et des conseils judicieux en temps de crise. Libre à Sarkozy d’agir en toute liberté.
20 Sep 2011 8:28 7. drazig
Merci, Alain Bellemere:
Je crois même que l’indignation suscitée (en général) en ce moment se transformera avec le temps (plutôt rapproché, tout va si vite) en argument et en une aide à l’élection de DSK… Et nous aurons la joie de voir Anne Sinclair minauder sur le balcon de l’Elysée!!! (Elle le sait bien, elle ne l’abandonne pas malgré le déshonneur et l’humiliation).
20 Sep 2011 12:22 8. Patrick-Louis Vincent
Bon, il a dit quand même quelque chose d’intéressant, c’est que la Grèce ne paiera pas ses dettes. Il disait l’inverse quand il était au FMI.
Il a dit aussi que c’étaient aux états et aux banques de prendre en charge cette dette pour l’effacer. Autrement dit, les 15 milliards de caution que nous avons donnés pour la première tranche d’aide à la Grèce, et bien il faut mettre une croix dessus. Le peuple appréciera.
20 Sep 2011 14:02 9. bentolila
Critiquant la gestion de la crise de la dette inefficace avec « trop peu , trop tard, voir trop peu et trop tard », DSK ne s’est pas fait d’ami(e)s. Il semble en effet que la solution inverse du « tout, très vite, voir tout et très vite » ne soit pas non plus la démarche à suivre pour séduire les agences de notation…