Elle réveillonnait en Tunisie et lui au Maroc
La gauche a parfaitement raison de demander la démission de Michèle Alliot-Marie. Elle devrait d’ailleurs demander aussi celle de Patrick Ollier. Il est totalement inadmissible qu’un ministre des Affaires Etrangères ainsi qu’un ministre chargé des Relations avec le Parlement, son « compagnon », aillent passer le réveillon aux frais d’un milliardaire, oligarque d’une dictature.
Nous avons été parmi les premiers à réclamer ces démissions et il semble bien qu’aujourd’hui la France entière commence à les exiger.
Mais bien des gens ont été totalement aveugles dans cette affaire (d’Etat) et donc, d’une certaine manière, profondément injustes. Un « détail » leur avait, en effet, échappé.
Michèle Alliot-Marie et Patrick Ollier ont passé la semaine qui sépare Noël du Jour de l’An en Tunisie, invités par un proche de Ben Ali, mais au même moment, le président de la République et Carla Bruni Sarkozy passaient, eux, la semaine… au Maroc, invités non pas par un proche du dictateur local mais par le dictateur local en personne. Le président de la République et sa femme étaient les hôtes officiels du roi Mohammed VI dans son palais de Marrakech (cf. notre blog du 30 décembre intitulé « Tous pareils, tous à Marrakech ! »).
On nous dira que les émeutes n’avaient pas (encore ?) commencé au Maroc. Certes. Mais qui oserait nous dire que le roi du Maroc n’est pas un dictateur, que le royaume chérifien est une démocratie respectueuse des Droits de l’Homme, que la cour de Rabat n’est pas un ramassis de courtisans corrompus jusqu’à la moelle, que la jeunesse marocaine, au chômage et sans avenir, n’est pas désespérée ?
Quelle différence y a-t-il, pour un dirigeant français, entre aller se goberger chez Ben Ali et aller se goinfrer chez Mohammed VI ?
On comprend que Sarkozy soit aujourd’hui « gêné aux entournures » pour condamner son ministre des Affaires Etrangères. Il est tout aussi coupable qu’elle. Et elle a sans doute eu beau jeu de le lui rappeler quand il lui a (paraît-il) « remonté les bretelles » dans l’avion qui les ramenait de Varsovie.
-Oui, Monsieur le Président, j’étais en Tunisie, et ce n’était sans doute pas très malin puisque je me suis fait pincer, mais, vous, vous étiez au Maroc et attendez donc que le Canard s’en souvienne !
Dans cette affaire de « complicité ostensible avec les dictatures corrompues », puisque c’est bien de cela dont il s’agit, Alliot-Marie a l’air d’un modeste lampiste à côté de Sarkozy. Comme si elle n’avait fait qu’écouter la voix de son maître.
C’est sans doute une habitude chez notre président. Il est assez roublard pour détourner les regards de la presse vers les lampistes.
Eric Woerth a été pendant des mois, et à juste titre, la cible de toutes les critiques. On lui reprochait d’avoir fait embaucher son épouse par le conseiller financier de Liliane Bettencourt (auquel il avait fait obtenir la Légion d’Honneur) mais on lui reprochait surtout d’avoir allégrement confondu pouvoir politique et pouvoir économique et, notamment, d’avoir été en même temps trésorier de l’UMP et ministre du Budget. Le fameux « premier cercle » qu’il avait créé pour mieux racketter les ténors du CAC40 en faveur du parti présidentiel avait défrayé la chronique.
Mais, là encore, c’était le lampiste qui trinquait. Peut-on imaginer une seule seconde que le président de la République n’ait pas su que celui qu’il avait nommé ministre du Budget était aussi celui qu’il avait nommé trésorier de l’UMP ? Peut-on vraiment croire que quand il assistait, en personne, à l’Hôtel Bristol, aux plantureux dîners qu’offrait Woerth aux membres du « premier cercle » il pensait participer à un repas de bienfaisance en faveur d’œuvres caritatives ?
La technique est évidemment astucieuse. Maintenant, c’est Woerth qui symbolise à la perfection l’insupportable collusion entre le pouvoir sarkoziste et l’argent. Maintenant, c’est Alliot-Marie qui symbolise parfaitement les relations inadmissibles entre la République sarkozienne et les dictatures à fric. Et Sarkozy, lui, peut continuer à nous parler de « la République irréprochable » et de « la fin de la Françafrique ».
La presse qui a attaqué, à juste titre, Woerth et Alliot-Marie, n’a jamais voulu remonter plus haut et chercher d’où pouvaient bien venir ces… fâcheux penchants. C’est sans doute ce qu’on appelle « l’autocensure ». Mais çà n’aura peut-être qu’un temps…
Mots-clefs : Alliot-Marie, Sarkozy, Woerth
08 Fév 2011 2:21 1. Vivelnord
Il reste 439 jours avant le 1er tour …
08 Fév 2011 8:21 2. Houzi
Je ne crains pas de me répéter : nos dirigeants n’ont-ils pas les moyens de se payer avec leurs deniers personnels leurs vacances ? comme le font modestement leurs concitoyens et administrés…
Autant l’on peut comprendre que dans le cadre des relations d’Etat à Etat, ils rendent visite à tel ou tel dictateur, despote, ou autocrate.
C’est la realpolitik.
Autant on ne peut que s’interroger sur les invitations personnelles qu’ils acceptent de la part des mêmes dictateurs à venir passer leurs vacances dans les datchas de ses derniers.
C’est là que l’on voit que nos dirigeants ont un comportement de parvenus. Ils aiment le luxe mais n’en ont pas les moyens. Il paraît que SARKOZY est fasciné par le pognon.
Ils ne sont que les marionnettes désargentées et vénales de puissances financières dont nous ne soupçonnons pas l’emprise qu’elles exercent sur notre société.
08 Fév 2011 8:34 3. drazig
Oui Houzi « un comportement de parvenu »; je pense que c’était évident dès son entrée à l’Elysée; il doublait son salaire.
08 Fév 2011 14:28 4. Patrick-Louis Vincent
Que M. Sarkozy et Mme Alliot-Marie aient manqué du jugement en se faisant payer des vacances par autrui, alors qu’ils en ont les moyens, c’est certain. Qu’il y ait de la corruption au Maroc, c’est probable, mais pas plus qu’en Grèce, pays démocratique, membre de l’Union Européenne qui, elle, n’est pas une démocratie puisque son exécutif n’est pas élu par le peuple. Mais affirmer que Mohammed VI est un dictateur, c’est dire une ânerie.
Un dictateur est une personne qui a pris le pouvoir par la force qu’il ne partage avec personne. Kadhafi est un dictateur. Mohammed VI n’a pas pris le pouvoir par la force, il en a hérité. C’est le principe même de la monarchie. Ce sont même les Français qui ont rétabli la monarchie dans ce pays. Diriez-vous que Saint-Louis un dictateur ? Dans un autre registre, le Dalaï Lama est chef de son état, aujourd’hui en exil. Il n’a jamais été élu, mais choisi par une oligarchie religieuse. Diriez-vous que c’est un dictateur ?
De même que tout ce qui brille n’est pas or, tout ce qui n’est pas démocrate n’est pas dictature. Il n’est d’ailleurs pas certain que la démocratie soit une panacée universelle. Voyez la France d’aujourd’hui, pays démocrate. Certes le président de la république a été élu par le peuple. Cela lui donne une légitimité. De ce fait, il fait ce qu’il veut pendant que le pays sombre, inexorablement, dans l’anarchie. C’est ainsi qu’il a suffi d’un début de grève de la faim de quelques CRS pour que le gouvernement renonce à fermer une caserne qu’il jugeait pourtant utile de fermer. La démocratie, chez nous, est devenue un aveu de faiblesse. Je ne vois pas en quoi elle serait un modèle pour l’étranger.
08 Fév 2011 16:22 5. Vivelnord
Je suis tellement ecœuré que je n’ai que le courage d’effectuer, sans vergogne, une copie à partir du site lepost.fr (toutes mes excuses à eux).
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« Chassez le naturel, ce dernier revient aussitôt au galop…
Nicolas Sarkozy a tenté de donner le change quelques temps en souhaitant donner une image d’un Président plus lisse et beaucoup moins « bling-bling ». Malheureusement, ses travers semblent le rattraper.
C’est le site belge de la RTBF qui dévoile l’information. On y apprend que notre président de la République a pris deux avions long-courrier pour venir au sommet européen de Bruxelles. Rien que ça. Deux avions pour… 300 kilomètres !
Parti de Paris pour se rendre dans la capitale belge, le Président a ainsi pris un Airbus A330, puis un Falcone 7X, un avion d’affaires haut de gamme appartenant à Dassault.
Comme l’écrit la RTBF, « ces deux avions, aux couleurs nationales étaient parqués vendredi matin près du terminal d’aviation générale de l’aéroport de Zaventem, a constaté l’agence Belga ».
300 kilomètres pour deux avions ? Ce n’est pas inutile monsieur le Président ? Etait-ce seulement nécessaire ? Et surtout, qui va encore payer ?
Bravo. Encore un bon exemple de gaspillage des deniers publics, quand la France n’a plus un rond.
Choqué ? Moi je reste sans voix. Et dire que l’on s’en prend à MAM pour un « pauvre » voyage en jet… »
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Les bras m’en tombent !!!!!!
08 Fév 2011 16:28 6. Marie
François Fillon a utilisé pendant ses vacances de fin d’année en Egypte un avion « de la flotte gouvernementale égyptienne » pour se rendre d’Assouan à Abou-Simbel, a annoncé Matignon, dans un communiqué confirmant des informations du Canard Enchaîné à paraître demain.
08 Fév 2011 22:07 7. diego
Vivelnord
il me semble que vous avez l’indignation séléctive. N’étiez vous pas indigné par toutes les affaires de corruption sous l’ère Miterrand? N’étiez vous pas indigné lorsque Miterrand faisait payer les frais et l’entretien de sa famille adultérine à la France et au contribuable français.Il me semble que c’était beaucoup plus grave que de profiter d’un avion privé d’un homme d’affaire tunisien.Il n’y a pas eu détournement d’argent.
08 Fév 2011 23:17 8. Vivelnord
@ diego
Je ne vois pas ce qui, d’après mes propos, vous permet d’écrire que j’ai l’indignation sélective mais j’attends de vous lire à ce sujet pour vous répondre.