Avec une stupéfiante hypocrisie, depuis hier, le Tout-Paris de la politique et des médias s’indigne et monte sur ses grands chevaux sous prétexte que le magazine people Closer a osé révéler l’homosexualité de Florian Philippot, le numéro 2 du Front National.

Chacun y va, avec des trémolos dans la voix, de son grand numéro sur « Le respect dû à la vie privée », « Les limites de la liberté de la presse », « Ces journaux de caniveau de plus en plus abjectes », etc. Mais tous les cris d’orfraies de ces vierges effarouchées permettent évidemment de faire connaitre les préférences sexuelles de Florian Philippot à tous ceux qui n’auraient pas lu Closer.

Cela dit, le problème –si tant est qu’il y ait problème- n’est pas là. Aujourd’hui, une évidence s’impose. Les personnages « publics » n’ont plus droit à la moindre vie « privée ». L’Internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables qui servent d’appareils photo permettent à tout le monde de savoir tout et n’importe quoi sur les stars et même les sous-stars de la politique, du show business, du sport, voire de la téléréalité. C’est ce qu’on appelle « la transparence ». Et avant de s’en prendre au « voyeurisme » des gens d’en bas, il faudrait surtout dénoncer l’« exhibitionnisme » des gens d’en haut.

Désormais, le président de la République ne peut plus, contrairement à ses prédécesseurs, nous cacher ses maitresses et Pompidou ou Mitterrand ne pourraient plus dissimuler aux Français leur grave maladie.

Le « problème » avec cette affaire Closer-Philippot (qui permet d’oublier la dégradation de la France par une agence de notations) est de savoir si ce qu’on appelle pudiquement « l’orientation sexuelle » d’un homme politique peut avoir des conséquences sur ses orientations politiques.

On s’était étonné de la discrétion dont le Front National avait fait preuve lors du débat sur le mariage homosexuel. On comprend maintenant pourquoi ni Marine Le Pen, ni Florian Philippot n’étaient montés au créneau pour dénoncer cette loi Taubira qui remettait en cause l’un des fondements de notre société. Alors pourtant que le Front National se fait fort de défendre certaines « valeurs » traditionnelles comme le travail, la famille et la patrie. Mais il est évident qu’un homosexuel ne pouvait qu’être favorable à un texte qui banalisait l’homosexualité jusqu’à la confondre avec l’hétérosexualité.

Pour le reste, un homo aura-t-il une attitude particulière dans les débats économiques ou de politique étrangère ? A priori, non. Si ce n’est que l’homosexualité est encore une « faiblesse » qui permet parfois à des adversaires de « tenir » un ténor homosexuel et que, d’autre part, les homosexuels forment désormais une communauté qui, comme les anciens polytechniciens, les énarques, les Corses ou les Francs-maçons, sont tenus à une certaine solidarité dont ils bénéficient d’ailleurs souvent.

Il est plus que vraisemblable que c’est un « ami » de Philippot au sein du FN qui a « balancé » cette information à Closer. On sait qu’il y a actuellement à la direction du parti d’extrême-droite, tout comme à l’UMP ou au PS, une guerre à mort entre les dauphins possibles. Les nostalgiques de Jean-Marie Le Pen ne pardonnent pas à Marine Le Pen d’avoir, avec Philippot et quelques autres, « dédiaboliser » le parti en « tuant le père ».

Une telle « révélation » peut-elle nuire à Philippot, « l’énarque du FN » ? Depuis André Labarrère, maire de Pau pendant 35 ans, et jusqu’à Bertrand Delanoë, maire de Paris, en passant par quelques maires de très grandes villes du pays, aucun homosexuel affiché n’a jamais eu à souffrir de cette « particularité ». Mais la chose est-elle aussi anodine au Front National ?

« Un pédé au FN, ça fait tache » lâche un vieux militant. Au FN comme ailleurs tous les coups sont permis.