Quand Sarko ment…
Hier soir, Nicolas Sarkozy s’est engagé à « réécrire de fond en comble » la loi Taubira et même –sous la pression de la foule- à l’« abroger » carrément. Il a sans doute fait plaisir aux militants de « La manif pour tous » qui étaient dans la salle mais il a sûrement perdu quelques voix au sein des électeurs de droite qui ne supportent plus les candidats qui leur mentent effrontément par pure démagogie.
Or, en promettant qu’il abrogerait la loi du mariage pour tous s’il était élu président de la République, Sarkozy mentait. Il sait parfaitement qu’il y a des textes sur lesquels personne ne peut revenir, de l’élection du président de la République au suffrage universel à la suppression de la peine de mort, en passant par la majorité à 18 ans ou l’interruption volontaire de grossesse. On peut les contester, les regretter, les condamner, ils sont gravés non seulement dans le marbre (un peu friable) de la loi mais aussi désormais dans l’histoire de notre société.
Les Français sont sans doute d’accord pour reconnaitre que, si les homosexuels ont parfaitement le droit de vivre ensemble, leur couple n’étant pas identique aux couples hétérosexuels, il aurait mieux valu leur accorder, comme l’avait prôné Ségolène Royal elle-même, une « union civile », sorte de pacs amélioré qu’ils auraient pu aller chercher à la mairie, l’un et l’autre en robe blanche, et même faire bénir par un défroqué lui-même éventuellement homosexuel.
Ce qui a le plus choqué beaucoup de Français dans cette affaire c’est l’utilisation usurpé du mot « mariage » qui signifie, qu’on le veuille ou non, « union de deux contraires », de l’eau et du vin, de l’huile et du vinaigre, de l’homme et de la femme et qui donc ne pouvait pas être utilisé à propos de deux hommes ou de deux femmes, à fortiori s’ils étaient ou si elles étaient tous les deux ou toutes les deux… homosexuels, ce qui étaient généralement le cas.
Toujours est-il qu’en 2017 ni Sarkozy, ni Juppé, ni Xavier Bertrand, ni même Marine Le Pen n’abrogera la loi Taubira. Elle est entrée dans les mœurs même si ces moeurs sont dépravées. D’ailleurs, selon tous les sondages, une large majorité de Français approuve ce mariage des homosexuels et il est évident que celui (ou celle) qui oserait y toucher provoquerait immédiatement des manifestations de rue importantes au point de faire chanceler les débuts de son règne.
La question n’est donc pas de savoir si Sarkozy ment ou pas mais de savoir pourquoi il ment.
Au début de sa campagne (pour la présidence de l’UMP mais aussi pour celle de la République) on pouvait penser que, tirant les leçons de son échec de 2012 quand son gourou et âme damnée Buisson l’avait « droitisé » à outrance, il allait se recentrer en tentant non plus de récupérer les voix de Marine Le Pen, sans doute perdues à tout jamais, mais de séduire l’électorat de Borloo, voire de Bayrou. En clair, reconstituer l’UMP originale, d’une droite et d’un centre, ce qui eut, bien sûr, été la meilleure des idées.
Certains diront que le naturel est alors revenu au galop. D’autres, sans doute plus avisés, remarqueront que Sarkozy, à sa grande surprise, a soudain découvert Le Maire sur sa route vers la présidence de l’UMP et surtout Juppé sur son avenue devant le conduire à l’Elysée. Et il a aussitôt compris que « le petit » Le Maire « insignifiant » et « le vieux » Juppé « gâteux » étaient bien meilleurs que lui pour séduire le centre, ces héritiers hésitants de Lecanuet, Poher, Giscard et Balladur.
Certes, il n’y a pas de centristes à l’UMP et Le Maire ne fera pas d’ombre à Sarkozy pour la présidence du parti. Mais pour ce qui est de la course à l’Elysée, si la primaire de la droite est bel et bien « ouverte » comme Sarkozy lui-même a fini par s’y est engager, Juppé pourrait créer la surprise avec un programme apaisé et apaisant et le renfort des voix du centre.
Sarkozy n’a donc guère le choix. Face à Juppé, plus difficile pour lui à combattre que Marine Le Pen (du moins le pense-t-il) il ne peut que se « droitiser » une nouvelle fois à outrance et on peut redouter qu’après avoir commencé sa campagne sur le thème du « rassemblement » et de « l’union », il ne dérape très rapidement vers le « sus au pédé » et « sus au bougnoule » ce qui pourrait être la chance de Juppé mais aussi celle de Hollande…
On disait que Sarkozy avait raté son début de campagne. On s’aperçoit qu’en faisant campagne pour l’UMP –et donc à droite toute- il perd des points pour la présidence. C’est la fameuse histoire des deux lièvres à la fois…
16 Nov 2014 16:12 1. infraniouzes
Sarko va nous refaire le coup » de la racaille » dont il devait débarrasser le 9-3 en réponse à une riveraine qui lui demandait alors « est-ce que vous allez nous débarrasser de ces racailles ? ». On connaît la suite. La baudruche s’est dégonflée…
Mais le plus grave c’est qu’au train où vont les choses il y aura 3 ou 4 candidats de droite à la Présidentielle. Résultat des courses au premier tour: Le Pen 1ère – Hollande 2ème. Les autres… allez vous rhabiller.
PS: J’espère que TD nous fera un billet sur l’affaire Zaz qui vaut sont pesant de cacahuètes…
16 Nov 2014 17:57 2. Maxime
Sarkozy n’est plus crédible sur ses promesses de campagne, nous l’avons vu à l’œuvre. Pour le reste je vous trouve pessimiste et en contradiction avec des réalités inavouables. En France il n’y a pas de peine de mort pour les assassins, mais nous avons l’avortement des innocents, et nous aurons bientôt l’euthanasie et le suicide assisté. Dans le même ordre d’idée, en France nous n’avons pas d’eugénisme, mais nous avons le dépistage prénatal et l’avortement qui va avec, ainsi que le suicide assisté à venir, qui sera un moyen commode pour se débarrasser des pauvres et des inadaptés. En France le racisme est condamné, mais les chaînes musicales diffusent en boucle des clips musicaux où les noirs ne savent que brailler, entourés de filles vulgaires et au volant de voitures clinquantes.
Il est nécessaire de rappeler sans jamais baisser les bras, toute l’hypocrisie de notre époque.
16 Nov 2014 18:10 3. Jean Louis
Difficile de vous suivre cher Thierry. Aucunes comparaisons possibles.
La loi Veil sur l’IVG était une nécessité médicale, qui aurait rempli sa fonction si des hystériques féministes ne l’avaient pas transformé en moyen de contraception courant. Dérive que madame Veil refuse fermement ; une tache sur son travail. La peine de mort est un autre débat. Vous avez certainement dans vos amis – connaissances des gens qui ont été jurés d’assises pour juger des crimes horribles. Ceux que je connais m’ont tous dit que leur opposition à la peine de mort tient à la possibilité d’erreur judiciaire. Le droit ne se divise pas en fonction du cas à juger ; elle existe ou pas. Ce phare de l’Humanité que sont les Etats-Unis s’arroge facilement le droit de tuer. Il faut voir les reportages documentés sur les erreurs judiciaires, de condamnés ayant échappé à l’exécution parce que les moyens d’enquête ont été perfectionnés.
Les inepties de la réécriture du Code Civil où le vocabulaire est transformé pour satisfaire une poignée d’infirmes du bas ventre, peuvent évidemment s’annuler sur un vote de l’AN. Défilé dans la rue ? De qui ? Les mêmes gueulards contre un barrage dont l’agriculture a besoin ? Revenons sur terre. Les politicards qui se dégonflent devant ce retour au bon sens, se dégonfleront tout autant devant d’autres sujets plus sérieux. Vous n’attendez tout de même pas que Le Maire s’attaque au Code du Travail ou à une fiscalité démente ?
Le cas de Sarkozy est à part. il n’est pas crédible parce que c’est un menteur. C’est monsieur de la Palisse qui me l’a dit. Orwellien.