C’était la 3ème fois que François Hollande s’adressait aux Français au cours de la traditionnelle interview du 14 juillet. Il aura encore deux fois l’occasion de le faire, le 14 juillet 2015 et le 14 juillet 2016. A moins, bien sûr, que, d’ici là, les sans-culottes ne s’emparent de l’Elysée ou que les petits cochons ne le dévorent.
Que nous a-t-il dit, ce matin ? Que nous allions « bientôt » voir les premiers résultats de la politique qu’il mène, que les entreprises allaient « bientôt » voir leurs charges baisser, que trois millions de contribuables allaient « bientôt » voir leurs impôts diminuer et même, pour certains, ne plus avoir du tout d’impôts à payer, qu’il allait « bientôt » lancer une grande réforme de notre système de santé, qu’il allait « bientôt » présenter de nouvelles réformes sociétales. Qu’il allait « bientôt »… et que nous allions « bientôt »…
Ce n’était pas un président de la République faisant le bilan de la première moitié de son mandat et annonçant de nouvelles décisions pour la seconde. C’était Madame Irma, lisant dans sa boule de cristal, et qui, comme toutes les madames Irma du monde avec leur chouette sur l’épaule, nous annonçait que nous allions être heureux, gagner le gros lot et rencontrer l’amour.
Il est vrai qu’il ne pouvait parler que pour ne rien dire. Cela fait deux ans et demi qu’il est au pouvoir et le chômage continue à augmenter chaque mois, dépassant tous les records historiques, et la dette s’accroît, devenant insupportable, et plus rien ne va nulle-part, ni à l’école ni dans les hôpitaux, et la désespérance a gagné les classes moyennes, les retraités, les jeunes, les fonctionnaires, les agriculteurs, les commerçants, les chômeurs, tout le pays.
Et ce président de la République, cloué au pilori par tous les chiffres et rejeté par les Français comme jamais aucun de ses prédécesseurs en l’a été, a le culot de nous dire, les yeux dans les yeux, que nous sommes sur la bonne voie, que tout va s’arranger, que nous allons connaitre, avant longtemps, des jours heureux, que tout va très bien, Madame la Marquise…
Est-il tombé sur la tête ou nous prend-il pour un troupeau d’imbéciles ? N’a-t-il toujours pas compris que tous ses « trucs à la noix », ses emplois d’avenir, ses contrats de génération, ses pactes de responsabilité, de solidarité, de simplification et de n’importe n’étaient que du vent, du pipeau, de l’arnaque. Les Français, eux, l’ont compris depuis belle lurette.
A mi-mandat, un chef d’Etat ne peut plus se contenter de présenter un programme de candidat promettant monts et merveilles. On le juge déjà sur pièce. Or, après 26 mois de règne, le bilan de Hollande est désespérément vide. Mis à part, bien sûr, son fameux « mariage pour tous » qui ne concerne tout de même qu’une toute petite frange de notre société et deux expéditions néocoloniales qui ont, en fait, totalement foiré puisqu’on est obligé de relancer une nouvelle opération, l’opération Barkhane, il n’a strictement rien fait d’autre que de la gesticulation, du vent, des promesses, des effets de manche.
On avait d’ailleurs l’impression, ce matin, qu’il commençait à en prendre conscience. Il nous a pratiquement annoncé qu’il n’avait pas l’intention de se représenter en 2017. C’est la seule bonne nouvelle du jour. Il veut tenir jusqu’en 2017, être jugé à ce moment-là, mais se désintéresse de l’après 2017 et des primaires de la gauche.
On peut presque se demander si, quand il nous a affirmé, avec une mauvaise foi sidérante, qu’il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette entre sa politique et celle qu’aimerait mener son Premier ministre, il ne nous annonçait pas, à demi-mots, qu’il avait l’intention de « refiler le bébé » à Manuel Valls, pour pouvoir aller vivre heureux un nouvel épisode de ses amours tumultueuses.

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