Churchill a toujours raison
Evoquant, hier, l’annexion de la Crimée par Poutine et l’attitude de l’Occident en face du nouveau Tsar, j’avais rappelé l’annexion des Sudètes par Hitler et la lâcheté de Daladier et Chamberlain à Munich. Certains amis de ce petit blog (auxquels je tiens particulièrement) me le reprochent sévèrement. Ils vont même jusqu’à défendre « l’esprit munichois » en affirmant : « Ceux qui sont allés parler à Munich avaient dans les yeux les charges à la baïonnette, les cadavres des copains au fond de la tranchée et le souvenir des jours sans fin dans la boue. Ils ne voulaient en aucun cas revoir cette horreur ».
On ne connaitrait pas la suite de l’histoire, on pourrait éventuellement défendre cet esprit munichois et s’écrier comme les pacifistes d’antan : « Tout plutôt que la guerre ». Malheureusement, c’est Churchill qui a eu raison en déclarant : « Ils ont préféré le déshonneur à la guerre, ils ont eu les deux ». Ils ne voulaient pas revoir Verdun, ils ont eu la défaite, l’occupation nazie, les camps de concentration, des souffrances et une horreur bien pires que ce qu’ils avaient connu un quart de siècle plus tôt.
Aujourd’hui encore, Churchill a toujours raison. Il ne faut jamais accepter le déshonneur pour éviter la guerre. Or, on doit bien constater que cet esprit munichois a envahi tous nos politicards et dans tous les domaines.
Pour vendre trois Airbus, on accepte l’inacceptable et on embrasse sur la bouche les petits potentats qui financent les terroristes qui veulent abattre notre civilisation. Esprit munichois ! Pour vendre deux TGV, on joue les autruches et on fait mine d’ignorer les massacres au Tibet, en Tchétchénie et ailleurs. Esprit munichois !
Pire encore, cet esprit munichois domine notre vie quotidienne. Pour ne pas déplaire à nos intellectuels élégants adeptes du politiquement correct, on nous affirme que les foules musulmanes qui cernent nos grandes villes nous « enrichissent » et que l’Islam n’est pas incompatible avec notre civilisation et la démocratie.
Personne n’a plus le courage de dire la vérité. Sous prétexte qu’il tient la dragée haute aux Américains, nos amis ne veulent pas voir que Poutine n’est qu’un dictateur qui gère la Russie avec les méthodes qu’il a apprises quand il était au KGB et l’aide de ses copains de toutes les maffias russes.
Comme Daladier avait capitulé à Munich par lâcheté, nos dirigeants d’aujourd’hui capitulent devant Poutine, devant les Chinois, devant l’Europe bruxelloise, devant la mondialisation, devant l’Islam menaçant.
Depuis de Gaulle plus un Français n’a su dire « non ». Il est bien dommage qu’à l’occasion de ces commémorations du 70 ème anniversaire du Débarquement, personne n’ait eu l’idée d’évoquer Churchill et de Gaulle qui, eux, ne choisirent jamais le déshonneur… et qui, finalement, l’emportèrent.
Notre vieil Occident se meurt parce qu’il ne fait que capituler. Quant à la France, il y a longtemps qu’elle a choisi Daladier et oublié de Gaulle.
Mots-clefs : esprit munichois
07 Juin 2014 13:29 1. bentolila
Non j’ai parlé à la reine Elisabeth 2 d’Angleterre de fleur….Enfin bon je crois moi président
07 Juin 2014 15:47 2. Patrick-Louis Vincent
Je ne partage pas du tout votre avis.
1 – Dire que Poutine est un dictateur, vous allez un peu vite. Certes, il n’a pas les mêmes conceptions démocratiques que les occidentaux. Il sait, que pour diriger un pays de la taille de la Russie, il faut un chef d’état fort. L’on ne dirige pas la Russie comme l’on dirige la Suisse. Aux yeux des Russes, dont le sentiment national est très fort (pas comme chez nous),il a redoré le blason de leur pays,après les abandons de pans entiers de l’économie russe aux EU.
2 – Poutine, contrairement à beaucoup de dirigeants européens (mais que dirigent-ils au juste) est un homme de conviction. Il s’érige, en bon orthodoxe (donc en bon chrétien) en barrage à l’avancée de l’islam. Certes, il emploie la manière forte, à la Russe, mais avec une certaine efficacité. Et au lieu de le condamner, l’on ferait mieux de le remercier.
3 – Poutine a une grande maîtrise de ses nerfs. Il n’utilise la force militaire qu’en cas de nécessité absolue. Ainsi, en faisant judicieusement usage des S 300 et S 400 en Syrie quand les EU s’apprêtaient à attaquer la Syrie, il a fait comprendre aux EU qu’ils ne devaient pas jouer à ce jeu-là, car leur force de frappe anti-missiles est plus performante que les Tomawaks américains. Il a ainsi, repoussé l’éventualité d’une nouvelle guerre mondiale.
4 – Hitler avait des ambitieux belliqueuses affichées, face auxquelles nous avons cédé. Poutine a une autre conception de l’armée qu’il considère comme une arme de défense du territoire russe et non comme un moyen de conquête (ça, c’est la conception américaine dont l’on a vu les résultats en Irak, en Afghanistan, au Soudan et en Lybie). Les troupes russes sont sagement restées à la frontière ukrainienne et elle n’ont aucune vocation à y entrer si les EU ne s’obstinent pas à faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN et pointer leurs missiles vers Moscou. En revanche, face aux sanctions de l’occident, Poutine réplique sur le même registre. C’est ainsi qu’il a signé avec les Chinois un important contrat de vente de gaz, qu’un traité de libre-échange existe dorénavant entre la Russie, la Biélorussie, et le Kazakhstan que l’Arménie viendra bientôt rejoindre, qu’une agence de notation russo-chinoise va voir le jour, que des échanges commerciaux entre la Chine et la Russie se feront en rouble et en yuan et non plus en dollar, que des accords d’exploitation du gaz aux Iles Kouriles ont été signés avec le Japon, que des ventes de matériels à l’Iran vont augmenter, payées par troc ou en rouble, qu’une carte de crédit, entièrement russe va voir le jour, etc…Poutine n’a pas perdu de temps et ceux qui commencent à s’en rendre compte sont les industriels américains et européens.
5 – Poutine défend les intérêts de la Russie. Il ne veut pas d’un monde unipolaire qui ne serait qu’une dictature planétaire des banquiers anglo-saxons aux seul profit des EU. Il ne veut pas d’une hégémonie du dollar qui a pour conséquence d’engraisser les Américains au détriment du reste de la planète. Il veut un monde multipolaire (il le dit régulièrement dans ses discours) comprenant différents empires, avec chacun leur monnaie, qui échangeraient entre eux.
6 – L’UE européenne a grandement tord de repousser la Russie derrière ses frontières comme le souhaite les EU, rejetant les nombreuses demandes de Poutine pour un libre-échange entre la Russie et l’UE, via l’Allemagne. Ce n’est pas son intérêt, car c’est pousser la Russie a un rapprochement de plus en plus coopératif avec la Chine. En revanche, cela fait le jeu des EU qui veulent la guerre pour essayer d’enrayer leur déconfiture.
7 – Une guerre avec la Russie, outre qu’elle serait catastrophique sur le plan humain, ruinerait les économies européennes, déjà en bien piteux états. Il faudrait nous endetter davantage pour financer une économie de guerre, ce qui ne profiterait qu’aux banquiers de la City et de Wall Street.
Le tord que nous avons, ce n’est pas de céder à Poutine, selon un syndrome munichois, mais de ne pas négocier avec Poutine qui, pourtant, n’attend que cela. Notre tord est de nous laisser vassaliser par l’empire américain qui ne viendra pas à notre secours si nos finances s’effondrent, et qui cherche à nous entraîner dans un suicide collectif.
Non Thierry, il n’y a pas de Münich devant la Russie, mais un Münich devant les EU.
07 Juin 2014 16:27 3. Jean Louis
Je complète volontiers mon propos, cher Thierry, en restant cependant sur ma position.
« They had to choose between war and dishonor. They chose dishonor; they will have war. »
Comme beaucoup des formules lumineuses de Sir Winston, celle-ci émane d’un redoutable polémiste, fin lettré, conscient d’être un grand seigneur, sachant clouer au parquet de la Chambre, ses adversaires politiques comme l’était Chamberlain. Comme il n’était pas devin, il ignorait en Novembre 1938, la mise en place de la destruction industrielle d’êtres humains, décidée par les nazis à la réunion de Wannsee en Janvier 1942. Parmi ses armes, il maniait le cynisme avec brio, suffisamment pour enfumer un Reynaud falot et médiocre politique. Encore une fois je ne considère pas comme une faute d’avoir cherché à toute force à sauver la paix, de la part de ceux qui avait connu la Grande Guerre, dans un pays rural, où chaque famille avait son lot de tués ou de gueules cassées. Le pacifisme était celui des acteurs de «la der des der». Pas de place pour la lâcheté. Je ne reconnais pas le terme «esprit de Munich», mot valise, où l’on pourrait fourrer la liste que vous nous déroulez. Je partage votre dégoût pour notre situation actuelle, mais je ne fais pas votre lecture de la faillite de notre diplomatie, consistant à se lover dans la bannière étoilée. Piètre solution hélas depuis bien longtemps … Le courage est d’aider les Russes contre une stratégie yankee incongrue en Europe, non d’insulter Poutine comme le fait une presse devenue véhicule de propagande d’intérêts qui ne sont pas les nôtres. Le bourrage de crâne auquel on assiste est en tout point comparable à la « découverte d’armes de destruction massive de Saddam Hussein ». On pouvait avoir la faiblesse de penser que cette intoxication planétaire avait servi de leçon.
Churchill voulait « sa » guerre. Poussant les Français à la déclarer. L’apport britannique fut de 10 divisions quand nous en avions 86, l’armée de Sa Majesté déplora 3.500 tués, quand nous en eûmes 100.000 en six semaines (le taux de perte de Verdun), et 48.000 prisonniers, quand nous en eûmes 1,8 millions ! Et toujours avec son inimitable cynisme Churchill asséna «Nous avons subi une défaite sans avoir la guerre».
Associer De Gaulle à cette volonté d’acier est vraiment très loin de la Vérité Historique. Totalement inconnu, le Français eut son utilité pour Sir Winston qui s’en servit, mais n’eut pas la position que construisit l’hagiographie après son retour au pouvoir de 1958. On ne peut pas appréhender cette période de 1939 – 1940 sans lire le mémorial de Roosevelt ou les mémoires de Churchill. De Gaulle n’y est quasiment jamais cité, sauf comme un gêneur inutile … Comme le montrait le fameux sondage Ifop de Février 1958, il n’était alors connu que de 3% de la population, et était sorti de l’Histoire. Plus tard dans le climat de la guerre froide, il s’agissait de choisir un des deux camps. Ce qui était aisé pour la France, et ne pouvait pas se discuter.
Il n’y a au total aucune transposition loisible avec les relations internationales d’aujourd’hui. Sinon une donnée immuable, l’intérêt de chaque peuple, son atavisme ancré dans une histoire millénaire. Et où le roi dollar n’a pas sa place …
S’il y a une lâcheté bien visible, c’est celle d’être couchés devant toutes les directives du Département d’État. Et la liste est longue depuis Chirac. Une vraie nausée.
07 Juin 2014 17:12 4. drazig
« Sous prétexte qu’il tient la dragée haute aux Américains…. »
Méfions-nous de la dictature Américaine, celle qui veut la disparition des peuples réduits à des individus universels sans frontières et ainsi plus malléables pour le marché mondialisé et une dictée unilatérale du Bien et du Mal. C’est celle-là même qui nous empêche de dire non et nous force peu ou prou à l’esprit « Munichois ».
Les habitants de Bagdad ou ceux du Kosovo en savent quelque chose eux qui ont dit non. En attendant le tour de la Syrie et de l’Iran qui osent dire non et pour qui Poutine constitue un rempart.
En Europe-même, les peuples commencent à s’interroger et semblent réagir (voir les dernières élections).
Poutine me parait la seule alternative à cette main-mise américaine. Il rend la Russie fière de son histoire, veut maintenir ses frontières, premiers signes de l’identité d’un peuple
Ceci dit, il n’est pas question de comparer avec la dictature nazie; Dieu soit loué, avec les Anglais, les Américains sont venus nous libérer il y a 70 ans. Mais convenez qu’en 70 ans, il se passe des choses.
07 Juin 2014 17:19 5. Patrick-Louis Vincent
Thierry, pouvez-vous débloquer mon commentaire en modération depuis 15h47. Merci
08 Juin 2014 0:05 6. matlep
personne n’a vu taubira faire du karaoké ?
beaucoup de membre du gouvernement étaient présent a la commémoration mais pas taubira (ou bien j’ai mal vu ) si c’est le cas elle ne devait pas être concernée , la France ce n’est pas son pays ….
08 Juin 2014 1:16 7. laurentdup
Je suis un peu fainéant et ma plume est assez proche du texto grossier d’où mon attente enfin assouvie des propos de Patrick-Louis Vincent. je ne suis pas déçus. La russolâtrie et la Russophobie m’insupportent au plus haut point.
Pour ceux qui n’ont encore eu vent de ceci:
ttp://www.les-crises.fr/interview-poutine-scandale-des-coupes/
ajoutez le h
08 Juin 2014 7:35 8. Jean Louis
Merci beaucoup à @plv pour avoir suivi très précisément le contexte économique qui prévaut en Russie. Si l’on veut bien laisser de côté les nibards desséchés de la Caroline Fourest et de son équipe de folles, nous y verrions plus clair. Par exemple en évitant de regarder Poutine, ses ministres et son administration comme des demi fous, demeurés inconséquents. On ne sache pas que seraient prônées en Russie les théories raciales de 1930 dans un pays voisin, quoiqu’en dise l’arrogante Clinton. Je reviens à une ligne diplomatique, déjà rappelée ici, que l’on doit à Lord Palmerston, à l’heure où l’on cite Churchill « L’Angleterre n’a pas d’ennemis éternels, l’Angleterre n’a pas d’amis éternels, l’Angleterre n’a que des intérêts éternels … ». Grande sagesse.
Poutine a assisté impuissant aux ravages de l’éthylisme eltsinien, et savait dès son arrivée en 2000 comment son pays était considéré à Washington. Il a décidé d’y mettre un terme. Il n’a rien caché de ce qu’il pensait, cf son discours de Munich en 2007.
On ne peut tout de même pas attendre que Scooter 1er et l’ex première cocue de France consentante, replace la diplomatie de notre pays au niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter.
08 Juin 2014 9:27 9. Patrick-Louis Vincent
@laurentdup,
Il faut vraiment remercier Olivier Berruyer pour son colossal travail qui nourrit son site les-crises.fr.
A ma connaissance, le Cercle des Volontaires a aussi retranscrit l’intégralité de l’entrevue avec Poutine.
J’espère que Thierry a pu apprécier les propos très mesurés et équilibrés, plutôt gaulliens, de l’homme qu’il qualifie de dictateur.
08 Juin 2014 9:32 10. Patrick-Louis Vincent
Je voudrais mentionner deux petites phrases que j’ai trouvées sur le site Enquête et Débat.
Vladimir Poutine : « Il faut écouter la parole et la volonté du peuple souverain »
Herman Von Rompuy : « si le peuple ne veut pas de l’extension de l’UE, nous la ferons quand même »
Merci de me dire lequel des deux tient des propos de dictateur.
08 Juin 2014 9:39 11. Patrick-Louis Vincent
La transcription de la totalité de l’entrevue de Vladimir Poutine, sans la censure de Europe 1, a été également relayée par le site d’allainjules.com, repris par le site Enquête et Débat. Il y en a sans doute d’autres.
Je le dis parce que cela montre qu’Internet est devenu incontournable pour avoir une information honnête.
08 Juin 2014 10:08 12. Hélène Richard-Favre
Patrick-Louis Vincent,
Merci de remettre quelques pendules à l’heure. Non pas helvète car même en Suisse, elle se règle selon les standards de tant de medias occidentaux.
Il y a longtemps que je me mobilise contre cette médiatisation qui fait de Vladimir Poutine une cible privilégiée! Jean-Louis le sait, qui me suit sur mon blog.
Petit aperçu avec cette émission de radio à laquelle j’avais été invitée:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/02/03/vladimir-poutine-en-ligne-directe-252579.html
Pour le reste, la russophobie ne date pas d’hier.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/12/13/temp-26579d7bfb064c6cee2ef66c419cbaba-250885.html
Bien à vous
08 Juin 2014 13:05 13. Jean Louis
Le comportement du kabach d’Europe 1 me rappelle par beaucoup de points, un autre entretien entre la Ferrari, pécore de TF1 et Ahmadinejad. La donzelle s’était pointé enturbannée jusqu’aux cils, dans un attirail du plus haut ridicule, alors que la femme iranienne ne porte qu’un tchador modeste et discret. Et une longue part de l’entretien fut les questions insistantes sur le programme nucléaire militaire (c’était à la mode, ça l’est moins …). Les réponses très calmes du perse particulièrement affutées, rappelant simplement que l’arme nucléaire n’est jamais utilisée en premier. Un seul exemple dans l’histoire de l’Humanité, les Américains contre le Japon.