L’Académie, Finkielkraut et le FN
Tout le monde se contrefout de ce qui se passe à l’Académie Française depuis que « la vieille dame du quai Conti » s’est rendue indigne en accueillant trop souvent en son sein, et pour faire le plein de sa quarantaine, des sous-fifres mondains, des traine-savates de cocktails et des troisièmes couteaux de copinage dont les noms et les œuvres nous sont totalement inconnus et ont bien peu de chance de jamais franchir les portes de l’immortalité.
Cela dit, « l’affaire Finkielkraut » qui vient d’éclater au grand jour sous la Coupole est tout de même passionnante à observer car diablement révélatrice de l’ambiance qui règne aujourd’hui, et depuis longtemps déjà, dans le Tout-Paris de la bienséance qui prétend nous imposer ses diktats et qui règne bel et bien sur le pays.
On ne sait pas pourquoi Alain Finkielkraut a soudain éprouvé l’envie irrésistible et surprenante d’entrer à l’Académie, mais ce qui est sûr c’est qu’il brigue le plus officiellement du monde le fauteuil numéro 21 de cette noble assemblée décatie, c’est-à-dire la succession de Félicien Marceau, qu’il a comme concurrents quatre inconnus et –c’est ici que tout devient intéressant- qu’une véritable cabale vient de se dresser contre sa candidature.
On peut penser ce qu’on veut de l’auteur de « La défaite de la pensée », de « La querelle de l’école » ou du « Nouveau désordre amoureux » et notamment qu’il est horripilant chaque fois qu’il passe à la télévision, qu’il a eu tort de défendre la Bosnie et la Croatie contre la Serbie et surtout qu’il en rajoute tout de même beaucoup dans son rôle de propagandiste d’Israël. Mais il est incontestable qu’il fait partie de nos rares et derniers intellectuels de service et, en tous les cas, qu’il est nettement moins insupportable que Bernard-Henri Lévy.
Et puis surtout et c’est en cela qu’il faut lui rendre hommage et lui pardonner toutes ses dérives et tous ses dérapages, Alain Finkielkraut est l’un des tout premiers (après Revel) de nos penseurs à succès à s’être élevés contre la pensée unique, le politiquement correct et l’esprit de mai 68.
Avec parfois beaucoup de talent et toujours un vrai courage, Finkielkraut s’est déchainé contre la pseudo modernité, l’idéologie du progressisme, le tiers-mondisme, le multiculturalisme, le droit-de-l’hommisme, le communautarisme et tous les –ismes à la mode et à la con qui, depuis des décennies, font crever à petit feu notre civilisation, notre culture, notre pays.
Finkielkraut est un défenseur acharné de la langue française, de l’école de la République, de notre culture, de nos traditions, autant dire de la France. Ce juif polonais naturalisé est sans doute l’un des seuls intellectuels français à oser prendre la défense des « Français de souche » (il a même le culot d’employer le terme) et à redouter les effets du métissage qu’il fustige. Disciple d’Emmanuel Levinas et admirateur de Milan Kundera, il se revendique de Charles Péguy que tout le monde a malheureusement oublié.
On se souvient peut-être qu’il avait scandalisé tous nos bobos médiatiques en s’écriant après le succès de l’équipe de football française : « On parle d’une équipe black-blanc-beurre, mais elle est black-black-black ». C’était assez drôle et surtout presque exact.
Mais de nos jours défendre la France, la langue française, la culture française, les traditions françaises et même les Français « de souche » (sans pour autant s’en prendre aux Français « de fraîche date », il est du nombre), c’est évidemment intolérable pour entrer à l’Académie, même si celle-ci se prétend encore… française, tout en comptant désormais dans ses rangs une Algérienne, un Chinois, un Anglais, un Haïtien et un Libanais.
Quelques vieilles barbes en bicorne ont déclaré : « Faire entrer Finkielkraut à l’Académie ce serait y faire entrer le Front National ». Pour certains académiciens, donc, défendre la France c’est être un extrémiste infréquentable à mettre au ban de la société. Ils ont oublié, si tant est qu’ils l’aient jamais su, que l’Académie avait été créée par Richelieu pour défendre notre langue.
On ne peut qu’applaudir Jean d’Ormesson qui a annoncé qu’il ne mettrait plus jamais les pieds à l’Académie « si Finky » n’y était pas élu. Mais certains murmurent qu’on ne reproche pas seulement à Finkielkraut de défendre la France et qu’on lui reproche aussi d’être… juif. Ce qui commencerait à faire beaucoup ! Il va falloir penser à fermer l’Académie…
Mots-clefs : Académie française, Finkielkraut
06 Avr 2014 20:39 1. Ben NODJI
Finky? Je ne suis pas toujours d’accord avec lui, mais j’aime bien ce garçon. Il est tout de même très pertinent. Je partage avec lui la démarche intellectuelle qui consiste à défier le politiquement correct pour nommer les choses, pour nommer le mal, là où il est et son origine, c’est une démarche qui me séduit.
06 Avr 2014 21:12 2. Jean le Cauchois
merci à Ben NODGI de résumer en deux lignes son opinion , ce qui me permet de dire que je la partage totalement , sans pour autant être un militant , ou même un sympathisant du FN …AF a , selon moi , toutes les qualités , les caractéristiques , pour entrer à l’AF ( tiens tiens ) , et je suis heureux de la position exprimée par Jean d’O …
07 Avr 2014 7:57 3. CHICHE CAPON
Ouahou!
En forme! Vous avez l’épithète mordante ce matin, que c’en est un vrai régal.
Du reste, c’est juste et ça soulage. Frédéric Dard aurait eu bien raison, ces temps-ci , de parler de l’Agagadémie Française: nous y sommes en plein.
Seigneur! Comment peut-on être aussi bête?
07 Avr 2014 9:24 4. De la candidature d’Alain Finkielkraut, ou de celle de Robert Spitzhacke, laquelle sera la plus intéressante ? | Robert SPITZHACKE candidat à l'Académie française (10 avril 2014)
[…] http://www.thierry-desjardins.fr/2014/04/lacademie-finkielkraut-et-le-fn/ […]
07 Avr 2014 9:51 5. infraniouzes
Chassez le naturel…. On pourchasse un intellectuel de droite ? Réaction ? Silence radio dans les grands médias. On fait un croc en jambe à un intellectuel de gauche ? Fureur dans les médias, on crie à l’assassin, on lance des pétitions, on organise des manifestations. La France vit en plein fascisme mais à force de hurler « c’est l’autre le fasciste » le bon peuple ne s’y retrouve plus. Pire; il n’ose pas relever la contradiction et dénoncer le mensonge. il panurgise pour avoir la paix. Sait-il que les moutons finissent toujours dans le précipice vers lequel les loups féroces l’ont dirigé ?
07 Avr 2014 11:44 6. AS_rose
Monsieur Desjardins, je suis d’accord, encore une fois, avec votre analyse et votre présentation des choses.
Un question cependant: le Front National, c’est donc, à votre avis, un parti d’extrémistes infréquentables à mettre au ban de la société? Ou ne faites-vous là que relayer la rengaine que nous assènent nos médias et politiques bien pensants depuis des décennies déjà?
07 Avr 2014 13:53 7. tierneygene
Bien qu’il n’y ait aucun rapport direct avec FINKELKRAUT, je ne peux m’empêcher de vous livrer cette réflexion sur une nouvelle preuve de la connivence des hommes politiques et de la presse au sens large du terme, connivence ou complaisance qui, à mon humble avis, discrédite, si besoin était, aussi bien les uns que les autres.
Connaissez-vous Sylvie MALIGORNE?
A cette question ingénue, j’imagine que la plupart d’entre vous répondront NON (à l’exception de Thierry DESJARDINS qui serait impardonnable de ne pas la connaître).
Et bien c’est un tort, car pour le pot de départ à la retraite de cette brave dame, accessoirement JOURNALISTE, Responsable du Service Politique de l’AFP, tout le gratin politique français ou presque était présent :
– Le Président de la République « himself » (c’est d’ailleurs à elle qu’il avait téléphoné pour annoncer la fin de sa liaison avec Valérie TRIERWEILER),
– Le nouveau Premier Ministre Manuel VALLS,
– Le Président du Sénat,
– Le Président du Conseil Constitutionnel, Jean Louis DEBRE
Plusieurs personnalités de tous les bords politiques…
De là à en déduire que la connivence est très importante entre les hommes politiques et les journalistes, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas compte tenu de ma répugnance à enfoncer des portes ouvertes.
Etant allé sur le site de l’AFP, j’ai trouvé à la rubrique « VALEURS ET ENGAGEMENTS » la déclaration solennelle suivante :
« L’AFP est l’un des grands médias mondiaux grâce à son réseau, à la compétence de ses journalistes et de ses techniciens mais aussi parce qu’elle a depuis longtemps fait siennes des valeurs fondamentales.
La vérité, l’impartialité et le pluralisme sont ainsi les règles d’or de l’Agence France-Presse.(vérité, impartialité et pluralisme en caractères gras dans le texte original)
Ces valeurs sont la garantie d’une information rigoureuse, vérifiée et dégagée de toute influence politique ou commerciale. »
Nous voila rassurés, nous vivons bien dans la patrie des DROITS DE L’HOMME et la devise de la République : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE est en d’excellentes mains.
ttp://www.lexpress.fr/actualite/politique/hollande-valls-et-melenchon-au-pot-de-depart-d-une-journaliste_1505993.html
ttp://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2014/04/04/25006-20140404ARTFIG00042-l-improbable-rencontre-entre-hollande-et-melenchon.php
ttp://www.lepoint.fr/politique/quand-melenchon-partage-un-petit-four-avec-hollande-07-04-2014-1809841_20.php
ttp://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140404.OBS2691/quand-hollande-et-valls-fetent-le-depart-d-une-journaliste-de-l-afp.html
Ajouter un h SVP
07 Avr 2014 14:44 8. Jean Louis
Merci Thierry pour cette très belle et pertinente description de ce qu’est devenu l’Institut de France. Notre pays mérite mieux mais c’est ainsi. Je regrette que dans cette histoire les lâches qui ont monté cette cabale, ne se dévoilent pas. Les académiciens ont une épée ? Elle est en trop … Le FN à toutes les sauces ? Que cela plaise ou non c’est le bulletin de vote du peuple qui compte. Ramené à un niveau national, et non aux statistiques faisandées du Ministère de l’Intérieur sur 600 listes, le poids de ce parti est de 8 millions d’électeurs environ. N’en déplaise aux quelques intellos de pacotille du Quai Conti.
Une parenthèse. Mais nous sommes là pour papoter , surtout avec le gag du jour. Faisant suite à votre billet « Il a osé » , on apprend aujourd’hui que la dindonne du Poitou ne trouve personne pour aller travailler avec elle. Est ce surprenant ?
ttp://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/coulisses/2014/04/07/25006-20140407ARTFIG00107-segolene-royal-a-la-peine-pour-recruter-un-secretaire-d-etat.php (ajouter h)
Les conneries à jet continu ont commencé, droguée des media: elle a balancé hier soir sur l’émission RTL LCI du dimanche que le gaz de schiste ne tient pas toutes ses promesses aux USA ! Bien entendu elle n’en sait strictement rien, et c’est faux.
07 Avr 2014 15:55 9. Patrick-Louis Vincent
L’académie Française ne joue plus son tôle de défenseur de la langue française (pas seulement des mots, mais aussi de la syntaxe et de la conjugaison)depuis des lustres. Alors, si Alain Finkelkraut veut s’y frotter, j’applaudis.
C’est vrai qu’il peut lui arriver de péter un plomb à la télé, généralement dans des débats où le journaliste coupe sans cesse la parole aux intervenants, ce qui agace prodigieusement Finkelkraut. En revanche, je l’écoute presque tous les samedis matin sur France Culture où il anime une émission de débat, d’un excellent niveau, sur des sujets de société. Il ne coupe jamais la parole à ses invités, et, quand il intervient, c’est approfondir le sujet et pousser ses invités à aller plus loin dans leur raisonnement.
Hormis ses prises de position affectives envers le pays du peuple élu, que je n’approuve pas mais que je comprends compte tenu de son passé familial, Finkelkraut m’apparaît comme l’un des défenseurs passionnés de la langue française, et personne mieux que lui ne saurait défendre aussi bien notre langue.
S’il existe une pétition, je la signerai.
07 Avr 2014 20:34 10. bentolila
Remaniement : Ils ont changé le bocal mais pas les cornichons…
10 Avr 2014 19:22 11. lecteur régulier
Vous écrivez:
« On parle d’une équipe black-blanc-beurre, mais elle est black-black-black ». C’était assez drôle et surtout presque exact.
Je me permets de rectifier: les titulaires de la finale 1998 (c’est à l’occasion de cette compétition que les médias ont parlé de l’équipe BBB) sont:
Barthez, Thuram, Desailly, Leboeuf, Lizarazu, Deschamp, Petit, Karembeu, Zidane, Djorkaeff et Guivarch
Soit 6 « Blancs », 2 « Black », 1 « Kanak », 1 « Arménien » (dont le père a joué en équipe de France)et 1 Beur (Zidane d’origine Kabyle).
On est donc assez loin du « black-black-black ».
Cordialement