La France, une proie facile que l’on peut coloniser
L’agonie d’Alstom à laquelle nous assistons est, bien sûr, dramatique mais, ce qui est pire encore, elle est révélatrice de la France d’aujourd’hui.
Alstom était une très grande entreprise française et l’une de nos fiertés puisque elle construisait le TGV. Cependant elle battait de l’aile depuis déjà quelques années. Mauvaise gestion, sûrement, perte de compétitivité due au système français, sans doute. Sarkozy l’avait sauvée. Mais Alstom a replongé.
On le savait depuis des mois. Il a cependant fallu qu’on apprenne, la semaine dernière, que les Américains de la Général Electric allaient s’en emparer pour que le gouvernement s’affole brusquement, que Hollande convoque en urgence, un dimanche soir, les ministres concernés et qu’Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie et chargé depuis deux ans du Redressement productif, se remette à ouvrir sa « grande gueule », à faire des moulinets avec ses petits bras, à parler de « patriotisme économique » et à sortir de ses poches trouées des plans plus farfelus les uns que les autres.
Il voulait sauver Arcelor des griffes de Mittal. Cette fois, il veut sauver Alstom des griffes de la Général Electric. Pour Arcelor, il avait annoncé une nationalisation ; pour Alstom, il sort Siemens. Il parait que M. Mittal en personne rigole encore des menaces montebourgeoises de nationalisation. Et personne, aujourd’hui, n’a fait remarquer à ce ministre au nationalisme économique exacerbé que Siemens n’était pas… une entreprise française mais allemande.
Que ce soit la Général Electric ou Siemens qui l’emporte, Alstom ne sera plus une entreprise française et ce seront des Américains ou des Allemands qui décideront de tout, de la stratégie, des délocalisations, des licenciements.
En fait, le problème est ailleurs. Il est de savoir pourquoi tant de nos entreprises ont disparu ou, au mieux, ont été rachetées par des capitaux étrangers. On peut citer le textile, l’habillement, la métallurgie, l’aluminium, les chantiers navals, l’industrie alimentaire, etc. Des pans entiers de notre économie.
Sans parler d’Arcelor-Mittal ou de l’entrée des Chinois dans le capital de PSA-Peugeot-Citroën, 674 entreprises, plus ou moins importantes, ont été rachetées par des étrangers au cours des deux dernières années. Les Américains ont racheté Yoplait, Ducros, Rossignol, les Japonais ont racheté Priceminister, Princesse Tam-Tam, les Danois ont racheté Kronembourg, Unilever a racheté Amora-Maille, etc., etc.
Ces centaines d’entreprises étaient-elles toutes particulièrement mal gérées par leurs patrons français ou y a-t-il un problème pour les entreprises en France qui les rendrait incapables d’affronter la mondialisation et la concurrence étrangère ?
François Hollande reçoit, aujourd’hui, successivement le patron de la Général Electrique et celui de Siemens pour savoir lequel de deux sera le moins catastrophique pour notre indépendance énergétique et l’emploi. Mais cela fait deux ans qu’il aurait dû prendre des mesures pour sauver non seulement Alstom (qui est une entreprise privée) mais toutes les entreprises françaises asphyxiées par des charges excessives et une règlementation abusive qui leur interdissent de pouvoir jouer dans la cour des grands en investissant et en innovant.
Le rôle du gouvernement n’est pas de choisir entre deux acheteurs étrangers, il est de faire en sorte que les entreprises françaises puissent survivre en restant françaises.
Certains ont le culot de nous dire que cette invasion des capitaux étrangers prouve que la France reste « attractive ». Elle démontre en fait que notre pays est devenu une proie facile que les étrangers peuvent coloniser pour mieux la dépouiller de ses dernières richesses.
Mots-clefs : Alstom
04 Mai 2014 17:30 1. Jean Louis
merci @laurentdup
ça vaut le détour ; seule question, qui peut arrêter l’imperium ? Ban KI-MOON ?
05 Mai 2014 8:46 2. drazig
Vous avez noté que le P.G.-G. de Général Electric France est la fille du Professeur Jérôme Lejeune d’illustre mémoire. Qu’Alsthom passe en de telles mains et soit enlevé à la caste sans doute énarcho-maçonno-socialiste pour passer en de telles mains a plutôt tendance à me réjouir.
05 Mai 2014 8:47 3. drazig
Je dis bien P.D.-G.
05 Mai 2014 11:50 4. Jean le Cauchois
@ drazig Je sais depuis longtemps que Clara Gaymard est le PDG de General Electric France (et ausssi vice-présidente de GE International )…Elle est aussi diplomée de Sciences Po et de l’ENA ( et a beaucoup d’enfants avec Hervé Gaymard )…A Belfort , GE Energy France emploie un peu moins de 2000 personnes , et affiche un chiffre d’affaires 2012 de près de 1,5 milliards d’EUR …Comme vous , je pense que le passage de l’activité » turbines » d’Alstom-Belfort chez General Electric n’est pas une mauvaise chose pour la France …Je suis au moins aussi » Français nationaliste industriel » que monsieur Montebourg , mais , en plus , j’ai fait , jeune ingénieur , représentant ma société cliente , un stage de 2 semaines à Schenectady , puis un stage de 2 mois à Phoenix chez GE , ce qui m’a permis de dècouvrir l’esprit très humaniste de cette entreprise , dans les relations du personnel , ce qui a participé à ma formation humaine …Il est vrai que c’était en 1968 , et que les dirigeants socialistes actuels avaient des activités personnelles pas forcément tournées vers la modernisation de l’industrie française , tant sur le plan technique que sur le plan humain…
06 Mai 2014 16:57 5. Raynote
@ Christophe Mayaud
Désolée, mais pour les élections européennes, j’ai les mêmes idées que celles exprimées par Maxime dont son post n° 40.
Sa conclusion, particulièrement, est concise et résume tout à fait ma pensée:
« Bref, une véritable bande de parasites qu’il y a urgence à mettre au chômage… ce sera le sens de mon vote le 25 mai. »