Question morale, personne ne se faisait beaucoup d’illusions ni à propos de Jean-François Copé ni à propos de Patrick Buisson. Le premier a toujours fait figure de petit arriviste aux dents longues et pointues prêt à tout pour arriver et même à truquer des élections ; le second fait partie de ces personnages qui, pour se venger de la médiocrité de leurs complexes, ont basculé, dès leur puberté, dans un délire idéologique d’une autre époque. Au point que, reprenant le mot célèbre de Galtier-Boissière sur Abel Bonnard, certains à l’Elysée l’appelaient « gestapette » Dans un cas comme dans l’autre, cela relève de la psychanalyse pour ne pas dire de la psychiatrie et peut expliquer toutes les turpitudes
Cela dit, il est tout de même curieux qu’à trois jours d’intervalle et à moins d’un mois des élections municipales annoncées comme catastrophiques pour la gauche, la presse ait révélé que le patron de l’UMP avait monté une fabuleuse escroquerie pour piquer dans la caisse de son propre parti et que l’ancienne âme damnée de Sarkozy avait enregistré, en douce, toutes les conversations de son patron. Bien curieux « timing » !
D’après Le Point, Copé est un gangster en col blanc et, d’après Le Canard enchaîné, Buisson un maitre-chanteur en pantoufles. Certes, on savait que Copé aimait l’argent et que Buisson affectionnait les méthodes de voyous mais cela est nauséabond et fait ressortir toutes les puanteurs des affaires Karachi, Bettencourt et Clearstream qui avaient déjà pourri la Sarkozie. Fric et crapuleries.
Cela dit, ce ne sont pas les amis de Cahuzac qui, depuis Urba, la Mnef et quelques autres histoires du même tonneau se bousculaient dans les bureaux des juges d’instruction qui pourront s’ériger en moralistes donneurs de leçons.
En fait, tout cela permet surtout à la presse de parler d’autre chose que du bilan épouvantable de la gauche au pouvoir. Les « affaires » Copé et Buisson font oublier que Hollande n’a toujours pas inversé la courbe du chômage, que la dette se creuse chaque jour davantage, que les impôts continuent à augmenter, que rien ne va plus dans le pays, que nos soldats s’enlisent au Mali et en Centrafrique et qu’après s’être ridiculisé avec la Syrie, Hollande, trottinant derrière Angela Merkel, se ridiculise avec l’Ukraine en démontrant à quel point la France n’existe plus sur le plan international.
Mais il est évident qu’en trois jours ces révélations ont tué, sans doute à tout jamais, le président du premier parti d’opposition et donné un très sérieux coup d’arrêt au retour programmé de Sarkozy.
On dira qu’il n’y a rien de très nouveau dans les bas-fonds de notre politique. On se souvient de l’affaire Markovic lancée par Couve de Murville contre Pompidou, de l’affaire de la feuille d’impôts lancée par Giscard contre Chaban, de l’affaire des diamants lancée par Pasqua contre Giscard. A chaque fois, c’étaient si ce n’est des amis du moins des alliés de l’homme visé qui étaient à l’origine de l’opération. Quand l’affaire était montée de toutes pièces comme l’affaire Markovic elle n’avait pas eu de conséquence. Pompidou avait été élu en 1969. Mais quand elle avait dévoilé un minimum de vérité elle avait été dévastatrice. Chaban avait été éliminé en 1974, Giscard avait été battu en 1981.
Certains accusent donc Fillon et ses amis (qui détestent autant Copé que Buisson) d’être en ce moment à la manœuvre. D’autres soupçonnent Valls, premier flic de France et maitre des « services », d’être à l’origine de ces fuites qui surviennent au meilleur des moments.
Quoiqu’il en soit c’est toute la classe politique qui voit son image encore une fois dégradée. Les « affaires » n’ont jamais fait les affaires que de l’abstentionnisme ou des extrémismes.

Mots-clefs : ,