Depuis quarante ans, l’un des drames de la droite française a souvent été, dès qu’elle était au pouvoir, de vouloir séduire la gauche. On se souvient de Giscard qui rêvait de réunir sous son panache blanc « 2 Français sur 3 » et personne n’a oublié Sarkozy qui, à peine élu, a tenté de jouer « l’ouverture » en débauchant puis en embauchant des personnages comme Kouchner, Bockel, Besson ou Fadela Amara.
Or, s’il y a une loi formelle en démocratie c’est bien celle-ci : faire la politique de son adversaire ne permet jamais de récupérer une seule voix du camp d’en face mais en fait perdre immanquablement dans le sien où ceux qui ont voté pour vous estiment –à juste titre- que vous les trahissez. Giscard et Sarkozy ont d’ailleurs payé cher leurs acrobaties impudiques.
Aujourd’hui, c’est un homme de gauche, il est vrai aux abois, François Hollande, qui se lance dans une politique de droite que certains qualifient déjà de « néo-libérale ». Il voulait massacrer la finance (et avec elle les patrons), il se met à faire la danse des voiles et du ventre devant les chefs d’entreprise et les investisseurs. Il voulait faire exploser notre société et notamment la famille. Il jure maintenant ses Grands Dieux qu’il n’a jamais eu l’intention d’instaurer la PMA ou la GPA ou de faire la promotion de la Théorie du genre. Là, il retourne sa veste, ici, il baisse son pantalon. C’est n’importe quoi et cela devient même indécent…
Naturellement, à droite, personne ne le croit un seul instant, ni les patrons ni les défenseurs de la famille. Son pseudo virage au social-libéralisme sent l’entourloupe à plein nez et son « pacte de responsabilité » n’est qu’une usine à gaz qui va exploser avant longtemps. Quant au retrait précipité du grand projet sur la famille, il n’est de toute évidence qu’une manoeuvre électoraliste, Ayrault ayant d’ailleurs déjà annoncé que ce texte allait revenir en pièces détachées devant le parlement avant longtemps.
Naturellement, à gauche, on l’accuse d’avoir cédé piteusement devant le Medef et d’avoir capitulé lamentablement devant des manifestants qu’on compare (un peu vite) aux ligues de 1934.
Hollande a donc perdu sur les deux fronts et sur tous les tableaux.
Mais avait-il le choix ? Non. Contrairement à Giscard ou à Sarkozy que rien n’obligeait à jouer « les gauchos de salon », Hollande était acculé si ce n’est au désespoir du moins à la trahison de son idéologie, de ses promesses, de son électorat.
Sur le plan économique, après un an et demi de socialisme et l’échec patent de toutes ses tentatives pour inverser la courbe du chômage, il ne pouvait que faire volte-face et reconnaitre –enfin- que seules les entreprises pouvaient créer des emplois. On ne crée pas des emplois sans croissance et ce ne sont pas les emplois « aidés » qui crée la croissance. Sur le plan « sociétal » l’ampleur des manifestations de rue ne pouvait que l’obliger à freiner des quatre fers. On ne change pas une société contre « la volonté du peuple »… même avec la force des baïonnettes.
Sous la IVème République, un président du Conseil, désavoué ainsi par les faits et par la rue, aurait évidemment été renversé depuis belle lurette. Mais nos institutions d’aujourd’hui font qu’un président qui rate tout ce qu’il entreprend, qui se désavoue jusqu’au ridicule à coup de reculades et de volte-face, qui déshonore sa fonction avec sa vie de patachon et qui, selon le sondage Sofres/ Figaro-magazine du jour, n’a plus la confiance que de… 19% des Français peut (en principe) dormir sur ses deux oreilles jusqu’à la fin de son quinquennat.
On en vient à regretter la IVème ! Certes, en 1958, Michel Debré et ceux qui écrivirent le texte de la Constitution de la Vème République pensaient à de Gaulle et n’auraient jamais pu imaginer qu’on finirait par se retrouver avec un Hollande. Mais on en est là.
« Putain, encore trois ans et demi ! » se disent- bien des Français. La situation du pays va se dégrader inexorablement de plus en plus, les fermetures d’entreprise et les licenciements vont continuer, tous les déficits et les prélèvements en tous genres vont encore augmenter, la précarité va encore s’aggraver et Hollande qui, à force de changer de pied ne sait plus sur quel pied danser, va être totalement tétanisé et parfaitement incapable de mener la moindre politique qu’elle soit ultra-libérale, néo-libérale, libérale, social-libérale, social-démocrate, ou socialiste.
79% des Français ne lui font « pas confiance » (51% « absolument pas confiance ») et il continue à dégringoler dans l’opinion. Qu’il change de politique, ou de maitresse, qu’il fasse volte-face ou qu’il capitule, rien n’y fait. Il est fini, vitrifié, carbonisé, même aux yeux d’une grande partie de l’électorat de gauche. Mais il lui reste trois ans et demi… « de bon ».
La situation est totalement bloquée, on ne sait plus où est la légitimité. Mais la Constitution de la Vème République n’avait pas prévu une telle situation de blocage. Il est vrai qu’il était difficile d’imaginer que la France se retrouverait avec de tels dirigeants…

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