Il parait que François Hollande a obtenu son certificat d’études. On a peine à le croire. Pour décrocher ce diplôme prestigieux, il faut, en effet, en principe, avoir un minimum de connaissances en français et en arithmétique. On doit, par exemple, savoir que quand quelque chose augmente cela veut dire qu’il y en a davantage, que quand quelque chose baisse cela veut dire qu’il y en a moins et que quand quelque chose se stabilise cela veut dire qu’il n’y en a ni plus ni moins. Il n’est pas non plus inutile de savoir qu’inverser une courbe qui monte signifie la faire baisser.
Or, nous venons d’apprendre que le chômage avait encore augmenté au mois de décembre dernier. 10.200 chômeurs de plus. Ce n’est pas rien. Et Hollande nous a déclaré, depuis Ankara il est vrai, qu’il avait réussi à… « stabiliser » le chômage ! Les 10.200 pauvres types qui viennent d’être jetés à la rue, à la veille des fêtes, apprécieront sûrement. Le président de la République les prend pour quantité négligeable.
Certes, quand on en est à plus de 3,300 millions de chômeurs en ne comptant que la seule catégorie A (4,900 millions toutes catégories confondues et 5,900 millions en comptant l’Outre-mer) et qu’on a fait augmenter le nombre de ces chômeurs de cette catégorie A de 177.800 (de 278.700 toutes catégories) au cours de la seule année 2013, c’est-à-dire qu’on a battu tous les records historiques, on n’en est pas à 10.200 de plus ou de moins. Mais Hollande a tout de même un sacré culot !
Ce matin, la presse-aux-ordres (pardon pour cette tautologie) se permet une petite critique. Elle ne s’indigne pas, bien sûr, que le chef de l’Etat nous prenne pour des imbéciles en nous parlant de « stabilisation », non, elle se contente de reprocher à demi-mots à François Hollande de nous avoir raconter pendant des mois qu’il allait « inverser » cette fameuse courbe du chômage qui ne fait que grimper. Pourquoi, se demandent nos commentateurs, s’est-il ainsi engagé sur une promesse aussi difficile à tenir ?
Le problème n’est pas là, nous sommes habitués aux balivernes de nos dirigeants. La question est : pourquoi diable, alors que les choses s’arrangent nettement chez tous nos voisins, alors que la croissance semble redémarrer à travers la planète, alors qu’il a tous les pouvoirs, la France continue-t-elle à s’enfoncer dans la crise, dans le marasme, dans le chômage ?
Le pauvre Michel Sapin qui devient de plus en plus pitoyable chaque mois, au moment de la publication des chiffres de Pôle-emploi, nous déclare, tout fier de lui, que cela va beaucoup mieux pour les jeunes puisqu’il y a eu 2.300 jeunes chômeurs de moins en décembre dernier et 25.000 de moins au cours des huit derniers mois.
Sapin a tort de se vanter de cette (petite) baisse du chômage des jeunes. Tout le monde sait, en effet, que les moins de 25 ans bénéficient de toutes les « magouilles » gouvernementales pour truquer les chiffres, les emplois d’avenir, les contrats de génération, les emplois aidés, autant d’emplois précaires qui ne créent aucune richesse, ne donnent aucune formation aux jeunes en question et coutent une fortune à l’Etat en plombant davantage encore les finances publiques.
D’après les chiffres du ministère du Travail, 100.000 emplois d’avenir et 20.000 contrats de génération auraient été signés en 2013 ce qui signifie que cette baisse du chômage des jeunes est totalement artificielle.
Certes, grâce à tous ces tours de passe-passe, « la hausse a baissé », comme disait déjà Sarkozy, puisque au cours de l’année 2013 nous avions eu, au premier trimestre, 33.000 chômeurs de plus par mois, au deuxième trimestre, 18.000 de plus, au troisième trimestre, 5.500 et au quatrième trimestre « seulement » 2.500 de plus. Mais, tant que Hollande n’aura pas vraiment compris que seules les entreprises sont capables de créer de vrais emplois, il sera inutile de tricher sur les chiffres et de jouer sur les mots.
Il nous raconte maintenant –bien tardivement- qu’il l’a enfin compris et que son « pacte de responsabilité » qu’il propose aux entreprises en est la preuve. En observant les débuts de discussions que mène Jean-Marc Ayrault sur cette usine à gaz qui ne tient pas debout, on ne peut qu’être pessimiste. On nous dit aussi que Hollande va appeler à ses côtés Peter Hartz, le père des réformes de Gerhard Schröder qui ont sorti l’Allemagne de la crise dans les années 90. On tombe à la renverse ! N’y a-t-il pas un seul économiste français capable de rappeler quelques vérités premières au chef de l’Etat ? C’est vraiment n’importe quoi !
Cela dit, l’opposition ou ce qui en tient lieu n’est pas plus brillante. Jean-François Copé exige la démission de Michel Sapin. C’est grotesque. Il sait parfaitement que Sapin ne démissionnera pas. Le patron de l’UMP se croit dans une cour de récréation. Et d’ailleurs si on démissionnait tous les ministres ayant échoué, il y a bien longtemps qu’il n’y aurait plus eu de gouvernement.
Les uns nous mentent effrontément, les autres se ridiculisent. Nous ne sommes pas sortis du trou !

Mots-clefs : ,