L’Académie française a élu aujourd’hui Dany Laferrière, un écrivain canadien, haïtien d’origine, qui vit entre Montréal et Miami et qui va donc devoir désormais siéger sous la Coupole du quai Conti. Naturellement, tout le monde s’en fout, à commencer par les foules innombrables d’ignorants qui, tout comme l’hôte de ce blog, n’ont jamais lu une seule ligne de cet auteur qu’on nous présente, depuis cet après-midi, comme l’un des plus grands écrivains francophones de la planète.
Il va ainsi rejoindre sous cette fameuse Coupole l’Algérienne Assia Djebar, le Libanais Amin Maalouf, le Britannique Michael Edwards et le Chinois François Cheng. Certains diront que cela commence à faire beaucoup et que le pauvre Richelieu, fondateur de cette noble compagnie, va finir par se retourner dans sa tombe. Mais on les accusera de xénophobie.
Le problème n’est pas qu’à l’heure de la mondialisation et de l’immigration mal contrôlée, nos immortels, voulant faire jeunes et « dans le coup », aillent chercher au bout du monde des écrivains qu’on veut bien croire « de qualité » et qui peuvent, éventuellement, servir, d’une manière ou d’une autre, la promotion de la langue française, même parfois avec un peu d’accent.
Le problème est ailleurs et beaucoup plus grave. Cette Académie dite « française » n’a plus d’« indigènes » à se mettre sous la dent.
Les plus anciens d’entre nous se souviennent de l’époque où l’on voyait entrer sous la Coupole, en habit vert et bicorne sur la tête, Jules Romains, Paul Claudel, François Mauriac, André Maurois, Joseph Kessel, Henri de Montherlant, Jean Cocteau, Maurice Genevoix, Pierre Gaxotte, Marcel Pagnol, Eugène Ionesco, Jean Paulhan, Jean Guitton, Paul Morand, Henri Troyat et quelques autres.
Aujourd’hui, il faut se contenter de Michel Déon et de Jean d’Ormesson, voire même d’Hélène Carrère d’Encausse, Max Gallo, Erik Orsenna, Jean-Marie Rouart, Jean-Loup Dabadie, Giscard d’Estaing et Xavier Darcos. Le moins qu’on puisse dire est que le niveau a sérieusement baissé. C’est comme pour notre Ecole qui ne fabrique plus que des cancres et des illettrés. Alors, forcément, il a fallu boucher les trous avec des inconnus auxquels on a accordé l’immortalité dans une pochette-surprise : un ophtalmo, Yves Poulinquen, un historien d’art, Jean Clair, trois critiques littéraires, Danièle Sallenave, Dominique Bona, Frédéric Vitoux, etc.
Que l’Académie aille embaucher des volontaires au bout du monde n’est pas un drame. Ce qui est dramatique c’est qu’elle ne trouve plus personne en France. C’est l’histoire du plombier polonais ! A croire que Paris n’est plus « la capitale des arts et des lettres »…

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