Tous nos présidents de la République, de de Gaulle à Sarkozy, ont été, un jour ou l’autre, sifflés par la foule qui voulait ainsi faire entendre son mécontentement. C’était généralement dans les derniers mois de leur mandat. On se souvient qu’à la fin de son quinquennat Nicolas Sarkozy faisait vider de leurs habitants certaines rues des villes qu’il visitait pour ne plus avoir à entendre que les applaudissements, forcément nourris, de militants UMP triés sur le volet et rameutés de toute la région. Mais, après avoir déjà battu tous les records d’impopularité dans tous les sondages, il semble bien que François Hollande, seize mois seulement après son entrée à l’Elysée, provoque infiniment plus d’hostilité de la part du « peuple » que tous ses prédécesseurs. Il s’est encore fait copieusement huer, hier, au Salon de l’élevage, dans le Puy-de-Dôme. On dira que les éleveurs traversent une crise particulièrement difficile en ce moment. Mais Hollande s’est aussi fait siffler à Florange (on devine pourquoi) ainsi qu’au cours de tous ses derniers déplacements en province. C’est devenu une habitude et on entend désormais les cris de « Hollande, démission ! ». On parlait jadis d’applaudimètre, il va falloir, pour lui, inventer un « sifflomètre » afin d’étudier la montée de ces réactions populaires. Hollande pensait pouvoir regagner quelques points de sympathie en allant montrer sa « bonne bouille » sur le terrain et en promettant partout et à tout le monde de nouvelles subventions. C’est raté. Son apparition déchaîne désormais l’hostilité. Et il est vraisemblable qu’il va devoir limiter ses déplacements à travers la France à leur plus stricte nécessité. Nos institutions sont solides et même si les foules deviennent de plus en plus hostiles à son égard, qu’il continue à dégringoler dans toutes les études d’opinion et qu’il prend claque sur claque lors de toutes les prochaines élections intermédiaires, il restera sur son trône chancelant jusqu’en mai 2017. Mais un chef d’Etat qui n’osera plus sortir de son bunker élyséen, qui sera à moins de 20% dans les sondages et dont les amis seront laminés à chaque scrutin aura-t-il encore une véritable légitimité et surtout pourra-t-il encore mener la moindre politique ? La question risque de se poser dans les mois à venir. A moins d’un « miracle » -un redémarrage significatif de notre économie, avec une inversion réelle de la courbe du chômage- on ne voit pas ce qui pourrait sauver François Hollande de ce naufrage programmé. Un remaniement ministériel ? Le petit jeu classique des chaises musicales n’amuse plus personne. Faire passer Moscovici au Quai d’Orsay et Fabius à Bercy ne changerait rien à rien. Virer quelques figurants inconnus non plus. Virer un ou deux « ténors » pour avoir l’air de savoir trancher dans le vif est impossible. Virer Cécile Duflot serait donner un coup de barre à droite que la gauche et les écolos ne supporteraient pas. Virer Manuel Valls, le seul ministre populaire du gouvernement, serait suicidaire. A force d’avoir laissé si longtemps les « trublions » se manifester bruyamment, Hollande les a rendus intouchables. Changer de Premier ministre ? Il semble que la lune de miel entre Hollande et Ayrault soit terminée. Hier, lors du Conseil des ministres, le président a reproché sans ménagement à son Premier ministre de ne pas savoir tenir son équipe. Mais le remplacer par qui, sans paraitre capituler en rase campagne ? Valls qui en rêve trop visiblement ? Martine Aubry qui s’ennuie à Lille et attend toujours sa revanche ? Bartolone qui, sur son perchoir, ne pense qu’à ça mais qui est inconnu des Français ? Dans les trois cas, ce serait pour Hollande entamer une véritable cohabitation avec plus fort que lui. Nommer un fidèle, genre Sapin ou Le Foll, serait dérisoire. Reste alors l’idée folle de la dissolution. Elle se traduirait, bien, sûr, par une Berezina pour le PS. Mais vu l’état actuel de l’UMP, rien ne dit que le parti du couple infernal Copé-Fillon aurait à lui seul une majorité. Personne ne peut d’ailleurs penser que Hollande ait le courage de retourner devant les Français. On célèbre aujourd’hui les 55 ans de la Constitution de la Vème République. Mais ceux qui l’ont écrite n’avaient pas imaginé qu’un jour le pouvoir puisse être rejeté à ce point par le peuple.

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