Jean-François Copé qui ne sait plus quoi faire dans sa course contre la montre et plus encore contre François Fillon et qui commence à s’essouffler dans sa poursuite des électeurs du Front National vient de rouvrir le dossier (explosif) de la nationalité. Il prépare une proposition de loi qui n’accorderait plus automatiquement la nationalité française aux enfants d’immigrés clandestins nés sur le sol français. On sait qu’actuellement ces enfants deviennent français à 18 ans s’ils ont résidé en France au moins cinq ans. Cette proposition de loi n’a, bien sûr, aucune chance d’être adoptée par la majorité actuelle et on peut se demander s’il était vraiment indispensable –et même responsable- de rallumer cet incendie en plein débat sur les Roms, l’immigration à Lampedusa, l’affaire de la petite Léonarda et la montée de Marine Le Pen dans tous les sondages.. Le problème de la nationalité, en clair le choix entre « le droit du sol » et « le droit du sang », est important –moins que celui du chômage- mais exige, évidemment, un minimum de sérénité et de réflexion, loin des querelles des petits chefaillons qui s’étripent à la veille des municipales et en pensant déjà à la présidentielle. Pendant des décennies, voire des siècles, nous avons considéré comme français les enfants de Français nés en France, c’était le droit du sol, comme d’ailleurs les enfants de Français nés à l’étranger, c’était le droit du sang. Il n’y avait aucun problème. On était français « de famille », généralement blanc et souvent chrétien. Tout a, bien sûr, changé depuis quelque temps avec l’arrivée massive d’immigrés fuyant la misère de leur pays d’origine et attirés par tous les avantages que peut offrir notre système paradisiaque d’assistanat généralisé. Or, dès l’instant où notre « sol » est foulé par n’importe qui, on peut se demander, sans être raciste, xénophobe, arabophobe ou même islamophobe, s’il est vraiment suffisant d’avoir vu le jour dans une maternité française pour être français. On connait la fameuse phrase : « Il y a des pigeons qui sont nés dans une écurie, ça n’en fait pas des chevaux pour autant ». Il est dommage qu’elle ait été prononcée par Jean-Marie Le Pen ce qui l’a discréditée. Tous les débats organisés sur la nationalité française ont toujours tourné en eau de boudin quand ils ne se sont pas terminés par des échauffourées. Personne, aucun de nos dirigeants politiques, aucun de nos penseurs patentés n’a, jusqu’à présent, été capable de donner une définition précise de ce que c’est qu’« être français au XXIème siècle ». En fait, personne n’a osé. Seuls « les braves gens » c’est-à-dire l’écrasante majorité de nos concitoyens qui n’ont jamais droit à la parole savent qu‘être français c’est d’abord aimer (de préférence passionnément) la France, c’est être fier de son histoire, de sa langue, de sa culture, c’est aimer Louis XIV, la Révolution, Napoléon, Victor Hugo, Clemenceau, c’est avoir un petit frisson en entendant La Marseillaise, c’est se sentir bien et « chez soi » au milieu de nos paysages, c’est, éventuellement, être prêt à… mourir pour la France. Tout cela n’a, évidemment, rien à voir avec le droit du sol. Comment demander au petit toubou, au petit zoulou ou au petit papou, né accidentellement dans une maternité du 9.3., d’être fier de ses « aïeux les Gaulois » à Versailles ou à Chartres, bouleversé devant la dalle du Soldat inconnu. Il n’est a priori qu’un touriste de passage, qu’un étranger forcément en transit. Ce qui, bien sûr, ne l’empêchera pas, l’âge venu, s’apercevant qu’il n’a pas d’autre pays et même que la France est le plus beau pays du monde, de demander sa naturalisation française qu’on lui accordera pour peu qu’il se soit intégré si ce n’est assimilé. « Etre français » n’est pas un « droit » ni du sol, ni du sang, qui s’obtiendrait avec un bout de papier. C’est plutôt un devoir. En vérité, le problème est ailleurs. Ce ne sont pas les immigrés, ni officiels ni clandestins, qui le posent, mais bel et bien les Français dits « de souche » et qui sont les premiers à décrier la France avec leur mode de la repentance, à la déserter devant la crise et l’incapacité de ses dirigeants, voire à souhaiter sa disparition avec une fédération européenne. Tant que les Français baveront sur leur pays, s’expatrieront pour faire fortune ailleurs et rêveront d’un « machin » à 28 ou à 29 (les discussions pour l’admission de la Turquie en Europe ont repris à Bruxelles sans qu’on nous le dise) on pourra donner la nationalité française dans une pochette-surprise à n’importe qui. Elle n’aura guère de valeur… On ne voit d’ailleurs pas pourquoi un enfant d’immigrés clandestins aurait moins le droit d’être français qu’un enfant d’immigrés officiels. Quant à ceux qui nous affirment aujourd’hui que le droit du sol fait partie des « fondements de la République », ils racontent évidemment n’importe quoi et ont une bien curieuse conception de la République.

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