Valls, le cow-boy qui tire plus vite que son ombre
Si notre vie politique était un western –ce qui est un peu le cas- Manuel Valls en serait la vedette et serait sans doute interprété par Clint Eastwood. Avec son grand chapeau, comme Zorro, et solitaire sur son cheval, il déambulerait de bourgade en bourgade, dégainerait toutes les douze minutes et flinguerait tout ce qui bougerait. On ne verrait jamais d’Indiens car ils auraient tous disparu à la suite d’innombrables querelles tribales, on apercevrait de temps en temps le gouverneur de l’Etat somnolant sur son rocking-chair et son adjoint jouant au bilboquet mais la caméra reviendrait en permanence sur Clint Eastwood en très gros plan et qui, sans qu’on comprenne toujours pourquoi, s’amuserait ainsi à faire des cartons sur des chanteuses de saloon et des voleurs de bétail. Il ne fait aucun doute que Valls est devenu « le cow-boy qui tire plus vite que son ombre » et donc, à la fois, le héros préféré du grand public et la terreur du Far-West. Comme le tout le monde (ou presque) il rêve à l’Elysée et, chaque fois qu’il noue sa cravate devant sa glace, il se persuade qu’il a toutes les qualités et toutes les chances d’y entrer un beau jour. Il est convaincu que François Hollande terminera son quinquennat sur les genoux et en guenilles et il a compris que pour être le candidat choisi lors de la primaire de la gauche, il fallait caracoler dans les sondages d’opinion qui font désormais la loi. Or, pour plaire à la foule, quand on fait partie du peuple de gauche, il suffit de séduire les gens de droite, ce qu’il fait à merveille. Ses modèles ne sont ni Jaurès ni Blum mais Ségolène Royal que le PS avait dû adouber parce qu’elle triomphait dans tous les sondages et Sarkozy qui, tout ministre de Chirac qu’il était, avait, en 2007, joué « la rupture » pour faire croire qu’il n’avait aucun rapport avec une politique dont les Français ne voulaient plus. Valls caresse l’opinion dans le sens du poil et pratique la rupture plusieurs fois par semaine. En s’attaquant bille en tête à Christiane Taubira qui représente le laxisme gauchisant dans toute son horreur et à Cécile Duflot qui incarne l’écologie dans toutes ses incohérences, Valls marque évidemment des points sans avoir l’air de trahir les siens puisque la Garde des Sceaux est radicale et la ministre du Logement l’idole vieillissante d’Europe-Ecologie-les-Verts. En provoquant ces conflits, Valls souligne l’incapacité de François Hollande à trancher, à « tenir » son gouvernement, à fixer un cap et à s’y tenir. En occupant en permanence le devant de la scène, à propos de tout et de n’importe quoi, les cambriolages, les Roms, Marseille, l’Islam, la Corse, l’immigration, les banlieues, Valls montre l’inexistence de Jean-Marc Ayrault et fait, chaque jour davantage, figure de vice-premier ministre. Il est évident qu’Hollande aurait maintenant tout intérêt à nommer Valls à Matignon pour qu’il s’y casse et les dents et les reins. Mitterrand avait éliminé Rocard en en faisant son Premier ministre. En piétinant à plaisir toute l’idéologie « ringarde » de la gauche, à propos de la réforme pénale ou de l’immigration, Valls apparait soudain comme l’espoir d’un nouveau socialisme qui remplacerait les « bons sentiments » par une lucidité un brin cynique. A 51 ans, il donne un sacré coup de vieux à la génération Hollande-Ayrault. En séduisant la droite, en intéressant l’extrême-droite et en charmant un bon nombre de socialistes confrontés aux réalités du terrain, il se pose en redoutable prétendant. Et à ceux qui lui reprochent d’être devenu, en se « sarkossisant » à outrance, un candidat de droite, il peut toujours faire remarquer que la place était vide. Face à lui, ni Fillon, ni Copé ne ferait sans doute le poids puisqu’il est devenu le… meilleur opposant à la gauche au pouvoir. Bref, le ministre de l’Intérieur va être intéressant à observer pendant ces prochains mois.
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27 Sep 2013 13:27 1. bentolila
Le GIEC présente ce vendredi de nouvelles preuves de l’ampleur du réchauffement climatique. Nouvel exemple en date à l’ONU cette semaine où après des réunions bien chaudes, un dégel des relations diplomatiques avec l’Iran au sujet du nucléaire semble s’amorcer…
27 Sep 2013 14:12 2. Flyin'Dutch
C’est le seul candidat possible en 2017 ! …pour l’UMP.
29 Sep 2013 23:48 3. Mayaud
Entendu dans un commissariat de police la semaine dernière: « ce n’est pas avec la black que l’on va avoir moins de travail… Semble t il peut convaincante madame Taubira pour ce gendarme.
Amicalement, Christophe