On se demande souvent à quoi peuvent bien servir ces innombrables réunions internationales, G.2, 3, 4, 5, et jusqu’à G.20, qui mobilisent, de plus en plus régulièrement, la presse internationale et qui se terminent, immanquablement, par un communiqué d’autosatisfaction et une grande photo de classe où nos dirigeants planétaires sont tout sourire et se gonflent la poitrine. En principe, ces « sommets » devraient permettre de régler à l’amiable les grands problèmes du vaste monde, notamment les problèmes économiques et environnementaux. Or, quand on voit l’état actuel de l’économie d’un grand nombre de pays et qu’on observe la fonte des pôles ou l’avancée des déserts, on se dit que ces « raouts » internationaux n’ont vraiment pas une grande utilité. A croire que quand les « vieux » pays en déconfiture demandent, même avec insistance, aux pays émergeants et triomphants de réduire leur production, d’augmenter le taux de leur devise et de se mettre aux éoliennes plutôt que de continuer à utiliser massivement le charbon polluant, la Chine, l’Inde et tous les futurs maitres de ce XXIème siècle leur rient au nez. On ne voit d’ailleurs pas pourquoi le fait de dîner ensemble inciterait les uns, pour les beaux yeux des autres, à renoncer à leur marche en avant victorieuse. En diplomatie, c’est comme dans la vie, chacun pour soi et que le meilleur gagne. Ce G.20 de Saint-Pétersbourg est particulièrement caricatural puisqu’il se consacre, en fait, au problème syrien. Cela fait plus de deux ans que la Russie, la Chine et l’Iran soutiennent totalement le régime de Bachar al Assad. Pour mille raisons. Moscou veut conserver ses ports en Méditerranée, Pékin fait des affaires avec Damas, Téhéran est l’allié de tous les chiites, même s’ils ne sont qu’alaouites. Et aucun des trois ne souhaite voir la Syrie devenir une république islamiste version al Qaïda. A l’origine, Washington, Paris et l’Occident en général soutenaient, au nom des Droits de l’homme et parce qu’ils avaient peur de rater un nouvel épisode du « Printemps arabe », les rebelles qui voulaient renverser Assad. A fil des mois, on s’est aperçu que ces rebelles qu’on croyait être des démocrates étaient de plus en plus noyautés par les Islamistes radicaux, comme l’affirmaient Assad et Poutine. Mais ni Obama ni Hollande n’ont voulu le reconnaitre. A croire que la défense des Droits de l’Homme n’était peut-être pas leur toute première préoccupation dans cette affaire syrienne. L’utilisation vraisemblable de gaz toxiques par l’armée syrienne n’a évidemment rien changé à la situation. Même si ces armes sont interdites par toutes les conventions internationales, même si leur utilisation ne peut que provoquer l’indignation, même si Obama avait, très bêtement, déclaré que ce serait là une « ligne rouge » à ne pas franchir. Gaz Sarin ou pas, Moscou, Pékin et Téhéran, préfèrent toujours Assad à des « barbus » sunnites installés à Damas et les menaces américano-françaises leur rappellent l’époque totalement révolue où les « Grandes puissances » pouvaient envoyer des canonnières pour châtier les petits potentats qui leur désobéissaient et imposer leur loi. Dans l’ancien palais des tsars, le président français était grotesque, en jouant les « commis voyageurs de la guerre », allant d’un chef d’Etat à l’autre. On lisait presque sur ses lèvres ce qu’il pouvait leur dire : « Allez, soyez sympa, venez avec moi faire une petite guerre. Je ne peux pas la faire tout seul. Et Obama risque de se dégonfler. Aidez-moi. Sinon, je vais être totalement ridicule vis-à-vis de mon opinion publique. C’est sans risque. Juste quelques petites bombinettes ». A voir sa mine décomposée, on imaginait sans peine les réponses qu’on lui faisait. Certes, tout le monde était d’accord pour reconnaitre que ce n’était « pas bien » de gazer sa population et qu’il fallait condamner Assad, au moins du bout des lèvres dans un communiqué prudent. Mais de-là à le « punir » et à partir en guerre, il n’en était, bien sûr, pas question. On peut d’ailleurs imaginer que certains chefs d’Etat lui ont alors demandé ce qu’il envisageait pour la suite des événements, pour « l’après-Assad ». Hollande a sans doute bredouillé quelque chose comme : « Mais dès que le tyran aura été renversé, les démocrates s’installeront au pouvoir, procéderont à des élections et les Syriens connaitront enfin le bonheur dans une région enfin pacifiée ». Ce qui, bien sûr, ne pouvait que provoquer un haussement d’épaule et un sourire méprisant de la part de ses interlocuteurs. La plupart des participants à ce G.20 ont sûrement pensé que ce Français était un fou et que c’était une chance que la France n’ait plus les moyens de ses ambitions quand elles étaient par trop délirantes. Cela dit, l’image de la France en a encore pris un sérieux coup. Avec ce sommet un peu ridicule, Hollande atteignait le sommet du ridicule.

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