Dimanche dernier, le président de la République jurait devant quelques millions de téléspectateurs qu’il y aurait une « pause fiscale » en 2014. Sans doute fatigué par le poids de sa charge, il oubliait que la TVA allait augmenter, que les cotisations retraites allaient augmenter et que le quotient familial allait diminuer, toutes choses qui vont, évidemment, accroitre très sensiblement la pression fiscale sur tous les Français aussi bien les riches que les classes moyennes ou que les défavorisés. Ce matin, c’est-à-dire trois jours seulement après les déclarations du chef de l’Etat, le Premier ministre déclare que cette fameuse « pause fiscale » interviendra en… 2015. Jean-Marc Ayrault n’a donc pas regardé l’interview de François Hollande dimanche sur TF1. Ce n’est pas bien, même si de moins en moins de Français restent devant leur petit écran quand le président de la République y fait son numéro. Ayrault qui nous prend décidemment pour des imbéciles, précise que si les impôts vont bel et bien encore augmenter en 2014 ce n’est pas du tout pour boucher les trous du budget mais pour créer des crèches, aider les familles monoparentales et améliorer le système des bourses pour les étudiants… On se souvient qu’il y a une dizaine de jours, le ministre de l’Economie et des Finances, Pierre Moscovici, nous disait que le gouvernement avait pris conscience du « ras-le-bol fiscal » des Français. Dans n’importe quel pays « normal », le ministre des Finances désavoué publiquement par le Premier ministre démissionnerait et le Premier ministre contredisant tout aussi publiquement le président de la République serait viré sèchement. En France, il ne va, bien sûr, rien se passer. Tout le monde sait que le gouvernement « se contrefout » de tous les « ras-le-bol » des Français, que le chef de l’Etat qui avait juré de « ré-enchanter le rêve français » et qui continue à nous affirmer qu’il va inverser la courbe du chômage avant la fin de l’année a un nez qui s’allonge comme celui de Pinocchio et chacun sait que la « pause fiscale » n’interviendra ni en 2014, ni en 2015, ni plus tard mais, peut-être et au mieux, lors des prochaines… calendes grecques. Nous sommes habitués, depuis des décennies, à ce que nos dirigeants nous racontent n’importe quoi. Mais cette énième cacophonie entre l’Elysée, Matignon et Bercy, entre le chef d’orchestre, le premier violon et le trompettiste devient insupportable. D’abord, parce qu’il est invraisemblable que nos pantins ne se soient pas mis d’accord sur un seul et même mensonge à nous faire avaler. 2014, 2015 ou plutôt 2017 quand Hollande aura sans doute quitté l’Elysée. Ensuite, cela prouve, une nouvelle fois, que cet équipage navigue à vue, à la petite semaine, à tâtons et que, tout en nous promettant monts et merveilles, le chef de l’Etat, le Premier ministre et le ministre des Finances savent parfaitement que leur pseudo politique de lutte contre le chômage, de réduction des déficits et de redressement productif n’a aucune chance de réussir. Ce ne sont ni leurs ronds de jambe, ni leurs effets de manche, ni leurs contrats bidons, ni leurs rustines qui vont relancer l’économie. Les recettes ne vont donc pas augmenter. Et comme ils ne savent ni ne veulent tailler dans les dépenses, ils vont continuer à traire la vache-à-lait sans même voir que la pauvre bête famélique ne tient plus sur ses pattes. Et les nez continueront à s’allonger autour de la table du Conseil des ministres.

Mots-clefs : , ,