L’indignation hypocrite
Toutes les capitales occidentales condamnent le massacre perpétré par les militaires égyptiens contre les islamistes. D’Obama à Hollande, tout le monde y va de sa petite larme de crocodile. La voix de Hollande n’a strictement aucune importance, celle d’Obama est plus importante. Les Etats-Unis donnent 1,3 milliard de dollars à l’Egypte chaque année, sans parler de la coopération militaire entre les deux pays. Mais cette indignation collective est totalement hypocrite. Après avoir, au nom de la démocratie, abandonné le Chah, Ben Ali, Kadhafi, Moubarak et Assad, l’Occident finit par ouvrir les yeux et par se demander si ces dictateurs n’étaient pas autrement plus « acceptables » que ces ayatollahs, ces cheiks, ces mollahs et ces « fous de Dieu », totalement incompétents pour diriger un pays et qui veulent imposer la Charia à leurs peuples tout en déclarant plus ou moins la guerre (sainte) à tous les infidèles de la planète. Entre des dictatures classiques et occidentalisées et des tyrannies armées du Coran et adeptes du djihad, les grandes puissances commencent à préférer les premières. Car, et c’est tout le malheur de ces pays, la démocratie n’a pas sa place, ici, entre les casernes et les mosquées. La Maison-Blanche est dans une situation délicate. Personne ne peut croire que les militaires égyptiens auraient osé renverser et incarcérer le président Morsi, élu démocratiquement, sans un feu vert des Américains. Washington ne pouvait pas tolérer le triomphe des Frères musulmans qui démontrait clairement que ce fameux « Printemps arabe » qui devait ouvrir le monde arabe à la démocratie avait, en fait, offert le pouvoir aux intégristes, ennemis de l’Occident. Obama fronce les sourcils, annonce l’annulation de manœuvres américano-égyptiennes (mais l’armée égyptienne a d’autres choses à faire en ce moment) et ne fait rien d’autre ce qui permet au général al Sissi de continuer à faire tirer à balles réelles contre les partisans de Morsi. Il est vrai qu’il sait, en tous les cas, pouvoir compter sur l’aide de l’Arabie saoudite, du Koweit et des émirats du Golfe (12 milliards de dollars, soit dix fois plus que l’aide américaine) alors que les Frères musulmans ne reçoivent que l’aide du Qatar. Nous allons donc assister, sans doute pour longtemps encore, à l’affrontement sanglant entre les chars des uns et le fanatisme des autres. L’Egypte risque bien de connaitre le martyre que vit la Syrie depuis des mois. Pire encore, tout comme en Syrie l’insurrection dite « démocratique » s’est rapidement transformée en guerre de religion entre sunnites et chiites (ou alaouites), en Egypte, les attaques menées par les pro-Morsi contre les Coptes laissent redouter que tout ne dégénère, là aussi, en guerre de religion sous le regard des militaires de la junte. Les déclarations de nos dirigeants ne trompent personne. Si chacun s’attendrit évidemment sur les victimes de la répression, il est certain que plus personne ne peut, ni à Washington, ni ailleurs, soutenir les islamistes, tout vainqueur du « Printemps arabe » qu’ils aient pu être. Malraux l’avait dit, ce XXIème siècle sera religieux, c’est-à-dire qu’il sera celui de la confrontation entre la démocratie (les démocraties) et un Islam renaissant et conquérant. Nous n’avons même pas à choisir notre camp puisque « les autres » nous ont déclaré la guerre. Nous sommes forcément du côté du général al Sissi, tout en regrettant, pour faire bonne mesure, qu’il ait les mains couvertes de sang. Oui, notre indignation est hypocrite. Et on se demande ce que François Hollande a bien pu dire à l’ambassadeur d’Egypte qu’il avait convoqué à l’Elysée…
16 Août 2013 17:13 1. Flyin'Dutch
Certes, mais que peuvent-ils faire à part commenter ? Ça fait des années que nous autres Occidentaux regardons le Proche-Orient s’enfoncer dans le chaos sans avancer aucune solution si ce n’est abandonner l’Islam au profit de la démocratie et des Droits de l’Homme concoctés par les Maîtres du Monde francs-maçons qui règnent chez nous depuis plus de deux siècles. Et accessoirement reconnaître l’État d’Israël, lui donner toute la Palestine occupée et gérer les Palestiniens expulsés… s’ils avaient une once de courage, c’est ce qu’ils feraient.
17 Août 2013 0:47 2. Sophie
bof, analyse très superficielle, digne de ma concierge ou de Fabius. Ce ne sont pas les morts égyptiens qu’ils pleurent tout ces grands du monde, ce sont leurs erreurs, leurs échecs et leur perte d’influence, au profit sans doute de Poutine. Quant à votre analyse des printemps arabes dans lesquels les islamistes n’ont joué aucun rôle (étant alors en prison ou en exil pour les + malins d’entre eux), je préfère encore ne pas commenter, c’est votre blog, vous avez le droit de dire n’importe quoi, je suis tolérante.
17 Août 2013 10:37 3. Alain
Oú M. Desjardins voit-il des démocraties? En France? Aux USA où l’espionnage est une méthode de gouverner le monde? Dans nos pays où l’argent et les médias font plus une élection que les électeurs ? Quant à l’islam qui guerroie contre les fameuses démocraties, il faudra m’expliquer qui vraiment afflament les pays des Musulmans depuis au moins la deuxième guerre mondiale et pourquoi?
17 Août 2013 13:55 4. Patrick-Louis Vincent
Je crois que les EU ne sont toujours pas sortis de la guerre froide. La Russie de Poutine n’est que la continuation, sur le plan géopolitique, de l’Union Soviétique.
Les dirigeants états-uniens sont machiavéliques. Pour eux, les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Quant il s’est agit de bouter l’Union Soviétique hors d’Afghanistan, les EU se sont alliés aux islamistes Talibans tout en développant, avec l’aide de leur agent Ben Laden, le réseau Al Qaïda.
Quand les EU ont décidé de remplacer les dirigeants de Tunisie, d’Egypte et de Lybie, tous alliés de la Russie et anciens alliés de l’Union Soviétique, ils se sont appuyés sur la seule organisation qui pourrait leur succéder, les Frères Musulmans. Et pour faire le sale boulot, les EU sont allés chercher les combattants d’Al Qaïda. Tout le monde se souvient, qu’après la chute de Kadhafi, que les EU ont envoyé Abdelhakim Beljadj, ancien chef militaire d’Al Qaïda et espion à la CIA, prendre le gouvernement de la ville de Tripoli.
Poutine a mis du temps pour se rendre compte que toutes ces révolutions, dîtes « Printemps arabes », n’étaient guère spontanées, mais orchestrées par les EU pour affaiblir la Russie en lui retirant ses alliés naturels. Quant le tour de la Syrie est arrivée, les Russes ont dit « stop », car la perte de la Syrie constituait, pour la Russie, la perte de l’accès à la Méditerranée. Toutes ces « révolutions » ou « printemps arabes », suivies de guerres civiles, larvées comme en Egypte et en Tunisie, ou ouvertes comme en Lybie, n’ont été que des opérations manipulées de l’extérieur.
Bien sûr le peuple a aussi participé à ces coups d’état. Pour s’assurer de leur concours, ce ne fut pas très difficile. Les peuples ne grondent que lorsqu’ils ont faim.Il a donc fallu les affamer. Les spéculateurs des banques américaines s’en sont chargé, en faisant monter le prix des denrées alimentaires, à un niveau qui devenait insoutenable pour les populations. Il a été facile alors, pour la propagande états-uniennes, relayée par les Frères Musulmans, de faire croire aux populations que les responsables de cette montée des prix agricoles étaient le fait des dictateurs au pouvoir. Les peuples les ont donc renversés et les Frères Musulmans, seule organisation politique structurée, ont pu prendre le pouvoir de manière entièrement démocratique.
Le problème, avec les islamistes, c’est que le pouvoir n’est pas un but en soi, comme cela peut être le cas pour certains de nos hommes politiques, mais un moyen pour imposer, à l’ensemble de la population, la charia, c’est-à-dire la loi islamique pour tous, qu’ils soient musulmans ou pas, qu’ils soient croyants ou non. C’est ce qu’a voulu faire Morsi en Egypte, très maladroitement et trop vite (mais c’est aussi ce que veut faire Ennahda en Tunisie).
En d’autres temps (voir Iran de Khomeiny), cela aurait marché. Mais aujourd’hui, alors qu’une grande partie de la population aspire à la démocratie et à la laïcité, avec la facilité des communications par les réseaux sociaux, cela ne prend pas. Les populations, qui ont porté au pouvoir, de manière démocratique, mais aussi par défaut, des partis islamistes, sont retournées dans la rue pour s’opposer à l’islamisation forcée de leurs pays. Avant la chute de Morsi, l’Egypte était un pays complètement bloqué, politiquement mais surtout économiquement. C’est la raison pour laquelle l’armée a pris les choses en main.
Maintenant, en Egypte, il y a trois forces : les islamistes (Frères Musulmans et Salafistes), une grosse partie de la population, laïque, héritière de Nasser, déterminée mais non structurée, et l’armée. Si l’armée se retire, c’est la guerre civile assurée. Il est donc indispensable qu’elle continue à tenir la corde, en faisant le moins de dégâts collatéraux possibles. Mais l’armée, c’est l’armée ; pas des enfants de coeur.
La coalition américano-européo-sioniste voit d’un très mauvais oeil ce qui se passe en Egypte. C’est toute la stratégie états-unienne d’affaiblissement de la Russie tout en maintenant l’état de paix entre le plus grand des pays arabes et Israël qui est mise à mal. L’allié des occidentaux, les Frères Musulmans, a perdu le pouvoir, renversé par l’armée. Mais l’Occident ne peut pas ouvertement sacrifier l’armée qui est le garant de la paix avec Israël et le gardien du Canal de Suez, par où passent des millions de barils de pétrole. D’où les agitations, purement verbales, et sans conséquences, de Hollande et de Cameron,ainsi que celle d’Ashton et de tous les pays musulmans sunnites du monde entier (ce qui fait du monde).
La balle est maintenant clairement dans le camp des EU et de son représentant, le président Obama. Nous verrons ce qu’il décidera. Mais après l’enlisement en Syrie, ce coup d’état en Egypte est son 2ème revers. Le pire serait la guerre civile qui bloquerait, plus ou moins, la circulation du pétrole dans le Canal de Suez et ferait exploser le prix du pétrole. Il s’agit donc pour lui de ne pas souffler sur les braises, laisser l’armée tenter un retour à l’ordre tout en lui demandant d’organiser de nouvelles élections dans 6 mois, pour sauver la face démocratique. Pas sûr que ça marche !
17 Août 2013 14:06 5. Patrick-Louis Vincent
Une petite idée des conséquences économiques pour l’Egypte :
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20130816-repercussions-economiques-crise-egypte-hsbc-electrolux-shell-tourisme-russie
17 Août 2013 14:46 6. bentolila
Moi françois Normal premier j’ai reçut sous les conseils de Laurent l’ambassadeur de l’Egypte, et j’ai dit c’est pas bien…..
18 Août 2013 23:01 7. Mayaud
Quelle tristesse de voir que monsieur toutlemonde se fait balader de tyran en tyran sans vrai changement !
Amicalement, Christophe
19 Août 2013 22:08 8. sophie
@3. Alain
« Oú M. Desjardins voit-il des démocraties? En France? Aux USA où l’espionnage est une méthode de gouverner le monde? Dans nos pays où l’argent et les médias font plus une élection que les électeurs »
+1^1000
Vous savez, les démocraties modèles où des « non » à des referendum deviennent des « oui »!
Pour les printemps arabes, la démocratie a bien été « aidée » aussi : l’argent du Qatar pour acheter les votes des innombrables nécessiteux, les medias du Qatar(al jazeera)pour farcir les cerveaux crédules ont joué un rôle très important dans l’élection des Frères Musulmans après le printemps arabe