Il y a des anniversaires plus ou moins heureux. Ces jours-ci, tout le monde célèbre, chacun à sa façon, le premier anniversaire de l’entrée de François Hollande à l’Elysée.
Le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas très joyeux, que la fête n’est pas au rendez-vous et bien rares, même parmi les plus farouches partisans du président, sont ceux qui dressent un bilan flatteur de ces douze premiers mois.
Certes, il est juste de reconnaitre que la crise (que les socialistes voulaient ignorer quand Sarkozy était au pouvoir et osait l’évoquer) n’a fait que s’aggraver et que ce n’est pas en un an qu’on pourrait sortir le pays de la situation catastrophique dans laquelle il se trouve.
Mais tous les spécialistes savent parfaitement que c’est au début de son mandat qu’un président peut imposer les grandes réformes qu’il a en tête, quand il bénéficie encore de l’aura que lui a donnée sa victoire et que sa majorité, toute heureuse d’avoir été élue, n’a pas encore d’états d’âme.
C’était dans les tout premiers mois que Hollande aurait dû et pu lancer une grande réforme de notre fiscalité, de notre code du travail, de notre mille-feuille administratif, de notre système de protection sociale. Remettre la France à l’endroit et éradiquer tous les aspects les plus nuisibles de « l’exception française ». Il avait promis le changement pour « maintenant », ce changement s’imposait d’ailleurs et il pouvait tout se permettre avec une majorité de godillots au parlement, dans les régions, dans les départements, dans la plupart des grandes villes et, mieux encore, avec une opposition totalement pétrifiée par la défaite.
Il a totalement raté son départ et les sprinters comme les coureurs de fond savent que cela ne se rattrape pas.
Au lieu de procéder au changement promis qui aurait d’ailleurs dû être une véritable révolution, il a tenté de gérer le pays à la petite semaine, avec des rustines crevées, des petits sourires niais, des reculades et quelques gadgets.
Il a augmenté les impôts, baissé certaines allocations (pour les plus « favorisés ») et les déficits se creusent encore car il a oublié de réduire les dépenses ; il a essayé de nouveaux « trucs » pour l’emploi (les contrats d’avenir et les contrats génération) et le chômage s’aggrave toujours car ses « trucs » n’étaient que du pipeau ; il a nommé un ministre du Redressement productif et les usines continuent à fermer les unes après les autres, à commencer par les plus symboliques, Florange, Aulnay-sous-Bois, Pétroplus car on ne réindustrialise pas un pays en faisant fuir les investisseurs et oppressant les consommateurs.
Il nous annonçait monts et merveilles pour la fin de l’année 2013 à propos du chômage, du déficit, de la dette, du redémarrage de la croissance. Il voit que le chômage bat tous les records historiques et est bien obligé de reconnaitre aujourd’hui que les déficits ne seront pas réduits à 3% du PIB, que la dette va encore augmenter et que la France est en récession et le restera encore pendant des mois.
Bruxelles vient d’ailleurs de lui rappeler ces cruelles vérités en prévoyant, pour la France, en 2014, un déficit de 4,2% et une dette de 96,2% du PIB avec une récession de 0,1% cette année.
Avec un culot stupéfiant, le gouvernement se réjouit que Bruxelles ait accordé un délai de deux ans à Paris pour respecter la règle du déficit à 3% et nos ténors aphones du PS nous affirment qu’en se montrant ainsi compréhensive la commission européenne applaudit les efforts entrepris. En fait, Bruxelles n’avait pas le choix et ne pouvait que constater les échecs de la politique menée par François Hollande.
Mais le pire, bien sûr, dans ce bilan désastreux, reste la cote de popularité du président. Tout le monde le sait, en politique et plus encore en économie, tout n’est qu’une question de « confiance ». Les investisseurs, les entrepreneurs, les consommateurs, c’est-à-dire ceux qui pourraient faire redémarrer la machine, ont besoin d’avoir confiance pour placer leur argent, pour créer des emplois, pour acheter des produits. Confiance dans leurs dirigeants, confiance dans la politique qu’ils mènent, confiance dans l’avenir.
Or, après douze mois pendant lesquels Hollande a fait « ses preuves », c’est-à-dire a démontré son incapacité à décider, à fixer un cap, à définir ce qu’était sa social-démocratie et même à tenir son gouvernement qui part à hue et à dia, la confiance que lui faisaient certains (une majorité de Français il y a un an) s’est totalement évanouie.
Plus personne, ni dans l’opinion publique, ni dans le monde politique, ni dans les milieux économiques, ni en France, ni à l’étranger, ne peut croire une seule seconde que ce vieil apparatchik mollasson a la moindre capacité de faire les réformes qui s’imposent pour redresser le pays, en clair, le sauver d’une mort qui semble de plus en plus programmée.
« Un peu de patience, attendez les résultats qui vont arriver » nous répètent inlassablement les derniers courtisans. C’est le fameux « Demain, on rasera gratis ». Il est, éventuellement, utilisable en campagne électorale. Il est insupportable quand les bateleurs de foire sont au pouvoir depuis un an.
En mai 2012, les Français, faute de mieux, ont choisi un mauvais cheval. Ils s’aperçoivent aujourd’hui qu’il est un tocard.

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