« On n’est pas couché » était à dormir debout
Manuel Valls est ce qu’on appelle « un bon », c’est-à-dire qu’il n’est pas vraiment de gauche et surtout qu’il sait répondre aux journalistes en noyant le poisson. Hier soir, lors de l’émission de Laurent Ruquier sur la 2, il en a fait une excellente démonstration.
Depuis qu’ils ne savent pas comment se dépêtrer de l’affaire Cahuzac, les ténors socialistes, au lieu de reconnaitre, tout penauds, que ce scandale a tué la gauche dite « morale », nous affirment qu’il a, au contraire, permis, avec eux au pouvoir, à la justice et à la police de faire leur travail. C’est tout juste s’ils ne nous racontent pas que cette affaire Cahuzac a démontré qu’avec Hollande à l’Elysée la France était redevenue une République irréprochable, un Etat de droit à la moralité exemplaire.
C’est l’argument qu’a longuement développé le ministre de l’Intérieur. A croire qu’« avant », sous l’odieuse dictature de la droite, toutes les affaires, tous les scandales avaient toujours été étouffés par le régime oppresseur et que les Français n’avaient jamais entendu parler des emplois fictifs, des cassettes Méry, des affaires de Karachi ou d’Eric Woerth.
La chance de Valls était, bien sûr, qu’en face de lui les deux journalistes de service qui voulaient jouer aux procureurs ne connaissaient pas le dossier. On finit pas regretter Zemmour et Naulleau.
D’abord, moralisatrice ou pas, la gauche n’aurait jamais pu étouffer l’affaire Cahuzac qui, lancée par Médiapart, s’étalait à la « une » de toute la presse.
Ensuite et surtout, il est délirant d’affirmer que la justice et la police ont fait leur travail dans cette affaire.
Certes, la justice a ouvert une enquête et la police a analysé la fameuse bande enregistrée dans laquelle on entend un homme (reconnu comme étant Cahuzac) déclarer qu’il a un compte secret dans une banque suisse. Mais la justice et la police n’ont commencé à travailler qu’« après » les révélations de la presse. Sans Médiapart, nos magistrats et nos policiers auraient continué à somnoler et Jérôme Cahuzac pourrait encore pérorer en fustigeant « les salopards qui planquent leur fric à l’étranger ».
Or, dans un Etat de droit, surtout s’il est d’une moralité irréprochable, ce n’est pas à la presse, fut-elle d’investigation, de découvrir les escrocs, les délinquants, les criminels mais, précisément, à la justice et à la police.
Que « le premier flic de France » nous dise les yeux dans les yeux que, respectueux du droit, il ne pouvait pas demander à ses services, plus ou moins secrets, d’enquêter sur la fortune (bien rapide et connue de tous) de son « ami Jérôme » est aberrant. Par définition, la police se doit d’enquêter sur de « présumés innocents » pour voir, justement, s’ils ne sont pas éventuellement coupables. Elle ne doit pas se contenter de lire les journaux pour y découvrir le nom et l’adresse des délinquants.
De deux choses l’une : ou le ministre de l’Intérieur ignorait tout des « dérives » de son collègue du Budget et alors lui et ses services sont des incapables, ou il savait et alors il nous ment effrontément. Dans ce cas-là, il ne serait pas le premier ministre de ce gouvernement à nous mentir.
La gauche au pouvoir ne manque vraiment pas de culot quand elle se sert de l’affaire Cahuzac pour nous affirmer qu’elle est morale. Pour parodier Audiard, on pourrait dire « La gauche nous prend pour des cons c’est même à cela qu’on la reconnait ».
14 Avr 2013 15:44 1. bentolila
J’irais jusqu’au bout de mes rêves, même si la tentation s’achève….
15 Avr 2013 10:22 2. sdz
D’accord avec vous… D’autant plus que ce qui peut s’apparenter à une opération de déstabilisation d’un ministre entraîne forcément une réponse du ministère de l’Intérieur. Dans le cas contraire, en s’abstenant d’agir, Valls commettrait une faute professionnelle.
15 Avr 2013 13:06 3. bentolila
Aujourd’hui journée du patrimoine des ministres. On va enfin savoir si Ayrault a hérité de la commode de sa grand mère! Si on taxait la connerie il n’y aurait plus de déficit budgétaire.