La gauche ne sait visiblement plus quoi inventer pour tenter d’expliquer la politique de François Hollande et les résultats catastrophiques de cette première année du quinquennat. Heureusement, elle vient, enfin, de trouver un « coupable » et s’est mise à le vilipender avec une violence surprenante.
Il est évident que si la France continue sa dégringolade vertigineuse dans l’abîme c’est non seulement en raison de la crise mondiale et des erreurs du passé mais aussi, surtout et avant tout, en raison de l’absence de toute réflexion politique et économique des socialistes qui sont au pouvoir depuis maintenant plus de onze mois.
Onze mois, c’était amplement suffisant pour permettre à un président nouvellement élu et possédant la majorité à l’Assemblée Nationale et au Sénat de lancer toutes les réformes structurelles indispensables pour remettre le pays « à l’endroit » et donc avoir une chance de le remettre à flots.
En onze mois et avec son Parlement de « godillots », François Hollande pouvait parfaitement réformer de fond en comble notre fiscalité, le code du Travail, notre mille-feuille administratif, notre système de protection sociale, le statut des fonctionnaires et la vie syndicale, c’est-à-dire mettre à bas des pans entiers de cette maudite « exception française » qui nous fait crever depuis des décennies tout en faisant rigoler tous nos concurrents.
Or, plutôt que de prendre le taureau enragé par les cornes, Hollande a préféré lancer des « pactes » bidons (« de croissance » ou « de compétitivité ») et des « chocs » en fer blanc (encore « de compétitivité » mais aussi « de simplification » » ou « de moralisation ») et sortir quelques rustines de sa petite boite à outils pour bricoleur débutant, comme « les emplois d’avenir », « les contrats de génération » ou « la Banque publique d’investissement ».
Il a surtout préféré faire perdre trois mois au pouvoir législatif (et à l’opinion publique) avec son mariage pour les homosexuels. Ce débat a commencé le 29 janvier dernier pour se terminer le 23 avril. Pendant ces trois mois, chaque jour, nous avions 1.000 chômeurs de plus et nos élus « du peuple » débattaient non pas du sexe des anges mais de celui des parents !
Alors, bien sûr, au moment où on s’apprête à dresser le bilan de cette première année d’hollandisme pendant laquelle nos dirigeants ont marché sur la tête quand ils n’ont pas pataugé dans la boue, les petits copains du pouvoir ont besoin de trouver, au plus vite, un bouc émissaire, un responsable de tous nos maux.
Montebourg et Hamon (qui n’en ratent jamais une) et maintenant Bartolone (qui s’y met lui aussi) ont trouvé le coupable. C’est Merkel, la chancelière de fer, la Bismarck en jupette, la fridoline, la boche, la teutonne.
A les entendre, la seule (petite) erreur qu’aurait faite Hollande jusqu’à présent aurait été de l’écouter trop attentivement. Il faut donc maintenant qu’il rapatrie au plus tôt nos troupes du Mali et les mette sur le pied de guerre dans les derniers fortins de ce qui reste de la Ligne Maginot.
Certes, on peut reprocher à Angela Merkel de défendre les intérêts allemands, d’avoir une économie florissante, une balance du commerce extérieur scandaleusement bénéficiaire, une rigueur prussienne, mais de-là à souhaiter, comme vient de le faire le président de l’Assemblée Nationale, que la France ait une « confrontation » (sic !) avec l’Allemagne il y a un énorme pas que le petit, tout petit Bartolone n’aurait pas dû franchir, même s’il souhaite faire un peu parler de lui pour avoir une chance d’entrer un jour à Matignon.
On peut parfaitement démontrer que la rigueur à outrance tue tout espoir de croissance et donc nous condamne à mort ; on peut annoncer aux technocrates de Bruxelles que nous n’avons plus l’intention, ni la possibilité de respecter leurs exigences des 3% de déficit ; on peut même discuter d’une sortie éventuelle de l’euro et de l’Europe et imaginer que, si nous récupérions notre indépendance budgétaire, nous pourrions dévaluer le franc retrouvé et redonner ainsi un peu d’air à notre économie.
Mais s’en prendre à la chancelière qui mène sa barque comme elle le peut et autrement mieux que le capitaine de pédalo est évidemment ridicule.
D’ailleurs, Bartolone semble ignorer que notre économie se « confronte » déjà tous les jours avec l’économie allemande et que les résultats ne sont guère brillants.
Au lieu de reprocher à l’Allemande de donner des ordres à tout le monde, il serait plus judicieux de reprocher à Hollande de lui obéir et d’être totalement incapable d’imaginer une autre politique.
Il faudrait que les Français cessent d’accuser le monde entier de leurs malheurs (après les Américains, les Chinois, ce sont maintenant les Allemands) et commencent à se regarder dans la glace tout en balayant devant leur porte.
Mais il est vrai que, dans le registre de la démagogie, il est toujours payant de s’en prendre… aux Boches.

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