Personne n’a relevé les propos de Manuel Valls, dimanche dernier, sur BFM/TV. C’est bien dommage. Le ministre de l’Intérieur qui, contrairement à la plupart de ses collègues du gouvernement, ne manie pas toujours la longue de bois et n’a d’ailleurs pas sa langue dans la poche a, en effet, déclaré textuellement : « Plusieurs dizaines de djihadistes français sont aujourd’hui en Syrie. Mais aussi une poignée d’entre eux en Somalie, au Yémen, au Sahel. Il faut mieux combattre un terrorisme qui est né dans notre pays, dans nos quartiers ».
En clair, « le premier flic de France » que certains voient déjà à Matignon et qui connait bien nos banlieues pour avoir été longtemps le maire d’Evry pense qu’après avoir guerroyé, en vain, pendant des années contre les terroristes islamistes d’Afghanistan et qu’avant d’aller pourchasser ces mêmes terroristes islamistes dans les déserts du Sahel, nous ferions sans doute beaucoup mieux de nous occuper, d’abord, des djihadistes de nos banlieues. Il a, évidemment, parfaitement raison.
Tout le monde connait le parcours de « nos » fous furieux d’Allah qui ont déclaré la guerre à l’Occident, en général, et à la France, en particulier. Issus de l’immigration (comme on dit pudiquement) ils ont passé leur enfance et leur adolescence dans des quartiers pourris, ont rapidement basculé dans la petite délinquance, puis dans le trafic de drogue, se sont retrouvés en prison où des « grands frères » les ont remis sur « le droit chemin » (sans pour autant qu’ils aient à oublier les chemins de traverse) en leur faisant comprendre que s’ils devenaient des mercenaires de Dieu combattant contre les Infidèles, Allah-le-miséricordieux en personne leur pardonnerait leurs larcins, leurs délits et leurs crimes. Libérés de prison, ils ont parachevé leur formation théologico-terroriste avec un imam radical, puis sont allés, parfois, faire leurs premières armes au Pakistan ou en Afghanistan avant de revenir faire la loi et parader dans nos banlieues.
Au passage, on notera que Valls qui a connaissance de tous les rapports de tous nos services secrets, révèle que « plusieurs dizaines de djihadistes français sont actuellement en Syrie ». Comme il y a peu de chances que ces djihadistes français combattent aux côtés des troupes d’Assad on en conclut que les rebelles syriens ne sont pas tous des démocrates, comme l’affirme François Hollande qui veut les aider.
Mais le problème est que ces dizaines et ces dizaines de djihadistes « français » (on est obligé de mettre des guillemets) vont, un jour ou l’autre, revenir « au pays » et retrouver dans leurs cités de misère leurs frères d’armes pour lancer l’offensive au cœur même de l’ennemi. Que feront alors les autorités ?
La grande force des Islamistes est qu’ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à des Musulmans « rigoureux ». Même barbe, même djellaba, même marque au front, mêmes femmes voilées et cloîtrées à la maison. En quelques années, on a vu ce genre de personnages pulluler dans nos banlieues, voire dans certains quartiers de nos villes. Or, si, on a cru pouvoir interdire le port du voile intégral, il serait difficile d’interdire le port de la barbe et de la djellaba. Cela ne servirait d’ailleurs à rien.
Certains nous disent que des Musulmans « rigoureux » peuvent parfaitement s’intégrer au sein de notre société, ce qui est naturellement absurde, et que d’ailleurs rien ne peut laisser croire que ces barbus en djellaba pourraient, un jour, basculer dans le terrorisme islamiste. C’est oublier que, pour ces lecteurs du Coran adeptes de la Charia, le djihad contre les Infidèles fait partie des obligations de tout bon Musulman, comme le ramadan ou le pèlerinage à La Mecque.
Personne ne conteste que, pour l’instant, les 6 ou 7 millions de Musulmans de France sont des gens parfaitement tranquilles et heureux de pouvoir bénéficier de tous les avantages de la civilisation occidentale. Personne ne conteste non plus que la misère de ces cités, le manque de formation, la perspective évidente du chômage sont, en grande partie, responsables de la « dérive » de ces jeunes qui, à force d’être exclus de tout, trouvent dans la haine de leur pays un exutoire à leur rancœur.
Il n’empêche qu’il va bien falloir, avant longtemps, se demander si nous ne nourrissons pas en notre sein le pire de nos ennemis et si l’Islam est vraiment aussi « soluble » dans notre société que l’affirment nos bons esprits.
Valls a raison de dire qu’il faut combattre « un terrorisme qui est né dans nos quartiers ». Mais comment le ministre de l’Intérieur va-t-il pouvoir faire la différence entre « les terroristes islamistes », « les Islamistes rigoureux » et « les bons Musulmans » ? Il faudra bien qu’un jour quelqu’un reconnaisse que ceux qu’on qualifie de « Musulmans modérés » respectueux de la laïcité et des lois de la République, ne sont, en fait, plus de « vrais » Musulmans. Et que les autres nous ont déclaré la guerre et passeront, un jour ou l’autre, à l’offensive.

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