En observant Ségolène Royal et Valérie Trierweiler, certains en avaient conclu que François Hollande devait avoir un penchant pour le masochisme et qu’il aimait sans doute se faire maltraiter, fouetter et piétiner par des talons aiguilles.
Ce qui est beaucoup plus ennuyeux c’est que le président de la République semble affectionner ce même masochisme dans l’accomplissement de ses fonctions.
Il fallait le voir, hier soir, tout sourire, tout content, épanoui à la sortie du Sommet européen. Il venait de passer des longues heures à se faire désavouer, malmener, presque ridiculiser par David Cameron et Angela Merkel et il avait visiblement adoré ça. « Nous avons abouti à un bon compromis » répétait-il à satiété et contre toute évidence.
Car, les choses étaient très claires. Les 27 avaient à choisir entre « l’austérité » –c’est-à-dire une baisse du budget européen pour 2014-2020- ou « la croissance » –c’est-à-dire une augmentation de ce même budget. David Cameron et Angela Merkel exigeaient une baisse, Hollande demandait une hausse.
Le Britannique sait que les eurosceptiques sont de plus en plus nombreux dans son pays au point qu’il a décidé d’organiser un référendum sur le maintien, ou non, de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. L’Allemande sait que ses compatriotes en ont assez de payer pour les autres et notamment pour les plus mauvais élèves de l’Union. Le Français, lui, est toujours, comme d’habitude, hésitant.
Le « résultat des courses » est sans appel. Pour la première fois de son histoire, l’Union européenne baisse son budget. De 3%, ce qui n’est pas rien. Il sera de 908 milliards. Hollande demandait 913 milliards. Certes Cameron souhaitait qu’on passe sous la barre des 900 milliards. Mais il savait parfaitement que la chose était impossible et c’est bel et bien lui et Merkel qui l’ont emporté en imposant la rigueur.
Hollande peut dire qu’il a sauvé la Politique Agricole Commune dont les agriculteurs français sont les premiers bénéficiaires. Mais le budget réservé aux infrastructures passe de 39 à 29 milliards et les infrastructures sont, évidemment, l’un des moteurs essentiels à la croissance.
Ce sommet a démontré plusieurs choses. D’abord, et contrairement à ce qu’il voulait croire, « les victoires maliennes » n’ont en rien redoré le blason du président français. Ensuite, l’axe Paris-Berlin qui avait longtemps fait la loi en Europe est mort et enterré. Il a fait place à un axe Berlin-Londres, reléguant la France dans les pays du Sud, parmi les pays qu’à Berlin et à Londres on appelle avec mépris « les pays Club Med’ ». Enfin, Hollande n’a même pas été capable de coaliser autour de lui ces pays du Sud pour s’opposer aux gens du Nord.
Ce que François Hollande qualifie avec son beau sourire de « bon compromis » n’est rien d’autre qu’une défaite en rase campagne. On dira qu’il lui était difficile de l’avouer devant les caméras. Mais on a connu des chefs d’Etat qui, au lieu de se glorifier d’une déculottée, auraient refusé de signer cette capitulation.
Les chefs des principaux groupes du Parlement européen ont d’ailleurs déjà fait savoir qu’ils refuseraient ce budget. Tout le monde n’aime pas recevoir des claques.
Il va être intéressant de voir dans les prochains sondages si les Français sont plus attentifs à une victoire (facile) au Mali ou à une défaite (cuisante) à Bruxelles.

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