Une actualité versatile
Jamais l’actualité n’a semblé aussi versatile et jamais les « unes » de la presse n’ont sauté avec une telle précipitation d’un sujet à un autre.
En quelques jours, nous sommes passés du mariage homosexuel qui divisait profondément la société française au Mali où on se demandait ce que pouvait bien aller faire la France, puis à la prise d’otages d’In Aménas qui démontrait que François Hollande, avec son offensive malienne, avait déclenché une nouvelle guerre avec les Islamistes, puis à la neige qui tombait abondement sur la France.
Ce matin, si on lit la presse ou regarde la télévision, ces gros flocons ont déjà fait oublier le mariage pour tous, le Mali, l’Algérie. Et, bien sûr, plus personne ne parle de la Syrie. Mieux encore, le chômage qui continue à augmenter, avec l’annonce de nouveaux « plans sociaux », n’est plus à l’ordre du jour.
On imagine sans peine la satisfaction que peuvent avoir, devant ce tourbillon d’informations sans cesse renouvelées, aussi bien François Hollande qui ne sait toujours pas quoi faire de ses promesses, du chômage, des déficits, de son opposition de gauche, de la PMA ou de sa taxe à 75% que Jean-Marc Ayrault avec son aéroport de Notre-Dame-des-Landes, que Manuel Valls avec la montée des chiffres de la délinquance ou la claque que viennent de lui imposer les sénateurs, que Montebourg avec maintenant Renault qui annonce à son tour des suppressions d’emplois, ou que Cahuzac avec son « affaire ».
Dans la Rome décadente, les empereurs donnaient « du pain et des jeux » à la populace. Faute de pouvoir nous donner du pain, François Hollande nous offre une bonne petite guerre pour nous distraire (de l’essentiel). L’opposition, déjà à terre, se croit obligée de l’approuver, au nom de « l’union sacrée » et de peur d’être traitée de « munichoise ».
Combien de temps les Français vont-ils accepter d’être dupes de cette tragi-comédie ?
On nous dit que François Hollande serait soudain devenu chef d’Etat en se déguisant en chef de guerre. Mais les guerres, il faut les gagner. En croyant s’attaquer sans grands risques à quelques petites bandes de rebelles qui faisaient la loi dans le désert malien, le président de la République ne s’est pas rendu compte qu’il jetait une allumette dans le baril de poudre du terrorisme islamiste.
Dès que la neige aura fondu, qu’on connaitra le bilan exact de l’opération d’In Aménas et qu’on se sera aperçu que les rebelles maliens ont disparu dans les dunes, Hollande se retrouvera nu comme un ver, avec juste son casque et ses brodequins, en face de Français qui, ayant rouvert les yeux, lui rappelleront, sans doute un peu sèchement, qu’ils ne l’avaient pas enrôlé pour aller guerroyer au coeur de l’Afrique et s’ensabler dans une guerre sans fin, mais pour livrer la bataille de l’emploi.
19 Jan 2013 14:41 1. bentolila
Non LULU remet ton casque, c’est la guerre comme en 1918. Et tu feras infirmière sur le front du chomage. Il ne faut pas oublier tes squatters maliens, cela ferait mauvais effet.
19 Jan 2013 15:56 2. dugas
Que dire de plus ? Malheureusement vous avez tout dit Mr Desjardins…
En tout cas ca fait plaisir de voir qu’il y a encore de vieux sages dans ce pays 🙂 (vieux étant dans mon esprit un signe de respect)
19 Jan 2013 16:45 3. ar!stide_lancien
Excellent !
Relire dans les Fables de La Fontaine: « le renard et les dindons » … tout y est déjà !
DUGAS: La vraie jeunesse est bien celle de l’esprit …
19 Jan 2013 16:58 4. Jean Louis
Très bien observé cher Thierry. Les philosophes des media (Dominique Wolton) ont la formule « une information chasse l’autre ». Disons la plus vendeur … Nos latitudes connaissent au moins deux mois d’hiver chaque année, un vrai scoop, pendant lesquels il peut y avoir de la neige ! Ce matin sur des télés la moitié du temps des journaux consacrée à Clamart et son boulanger qui ne voyait plus les personnes âgées du quartier.
Dans votre liste, je n’oublie pas notre camarade « Denis Allex » (gardons ce nom) envoyé dans une mission qui n’aurait pas présenté de risques particuliers si elle avait été bien montée (formation et instruction des forces de sécurité somalienne), au lieu d’un bricolage indigne d’un grand Service, comme je l’ai déjà écrit ici. J’espère que sa famille se portera partie civile, car servir dans les Services Spéciaux n’autorise pas le commandement à mettre en péril la vie de ses personnels dans des actions inconsidérées (un assaut sur sa prison).
Pour le reste cela fait bien longtemps que nous subissons ce merchandising étouffant. La campagne présidentielle a été polluée par la vapeur de la douche de Strauss Kahn, et la suite de même nature, est longue … Le multi media et les réseaux facilitent hélas cet enfumage chronique. Vous nous parlez d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Voir ce que devient la presse écrite. Fini les temps que vous avez connus des Max Clos, Lucien Bodard et Jean Dutour.
Comme vous le dites, notre nouveau chef de guerre a installé la défiance au lieu de la confiance dans un pays qui enregistre chaque jour 1.000 nouveaux chômeurs. Des jeunes. Dans ces drames , un morceau digne des chansonniers, mme Parisot veut changer les statuts pour rester deux ans de plus. Maintenant surnommée par les chefs d’entreprise « Laurent Gbagbo » ! Ce qui en dit long sur le Medef …
Une formule entendue chez Zemour et qui me parait juste. Plutôt que des terroristes, des «maquisards de l’islam». Je partage.
20 Jan 2013 10:39 5. ar!stide_lancien
Cette chronique est déjà confirmée par les faits.
Aujourd’hui dimanche 19 janvier, il neige sur la France et on en parle avec abondance … déjà l’affaire du Mali , éclipsée par le succès algérien à In Amena, s’achemine vers l’enlisement et les parlotes internationales. François Hollande, n’ayant ni la détermination ni les moyens militaires qu’avait Bouteflika pour agir seul en chef d’Etat cruel et implacable au Sahara, risque de se trouver rapidement dans une situation inconfortable et de voir son prestige » d’authentique chef de guerre » (comme le couronnent les médias …) précocement terni !
Le bénéfice politique présidentiel de l’intervention – décidée en contradiction avec l’engagement de ne pas intervenir affirmé en novembre dernier – sera sans doute très illusoire et ne détournera pas l’attention de l’opinion publique des vrais problèmes d’emploi , de pouvoir d’achat et de sécurité.
20 Jan 2013 12:10 6. Cyrielle
Selon les derniers sondages, les cotes de popularité de F. Hollande et de son 1er Ministre montent. Il est évident que ce revirement n’est pas dû à leur action interne et aux effets bénéfiques de tous les dossiers en attente d’être finalisés que vous évoquez.
N’étant pas une adepte de ces va-t-en-guerre dans laquelle nous avons sûrement moins à gagner qu’à perdre (et notamment la vie de nos ressortissants comme celle de nos soldats), je n’ai pas le regard braqué en permanence sur le Mali.
Cela m’a permis de relever le pessimiste pour 2013 de P. Lamy – D.G. de l’OMC qui a estimé « que la France devait « accélérer » le rythme des réformes pour améliorer sa compétitivité. »
M’enfin….Comme si la la France n’avait que ça à faire, s’occuper de compétititvité.
Finalement, quand tout va mal en France, il suffit de déclencher une petite guerre au coeur de l’Afrique pour souder la nation autour de ce drapeau français qui est plus souvent vilipendé qu’honoré.
Quand je lis que notre chef de guerre « n’accable pas l’Algérie » pour son intervention dans le cadre de la prise d’otages d’In Aménas, je suis confondue par tant de condescendance. Il ne manquerait plus qu’il fasse des reproches à l’Algérie alors que c’est quand même son coup de pied dans la ruche malienne qui a déclenché l’agression terroriste sur le complexe gazier.
Quant à votre conclusion, elle me semble tout à fait pertinente, une fois que le soufflé aura retombé, les français risquent de trouver le bilan de cette opération bien lourd pour un piètre résultat ; Ils reviendront alors à la dure réalité de tout ce qu’il reste à faire en interne.