Autrefois, les enfants particulièrement insupportables trouvaient un martinet devant la cheminée, le jour de Noël. Les choses ont évolué. Les Neuf Pères fouettards du Conseil constitutionnel se sont contentés de donner une énorme claque au président de la République et à ses sbires. Ils ont retoqué sa grande idée, le cœur de sa politique, le symbole de son quinquennat, la taxation à 75% pour ceux dont le revenu dépasse le million d’euros.
Il y en a un qui a dû pousser un énorme éclat de rire, comme il en a le secret, c’est Gérard Depardieu. Mais on peut sans peine imaginer que le champagne va couler à flots pour la Saint Sylvestre dans les hôtels particuliers, les châteaux et les chalets de Belgique, de Suisse et de Grande-Bretagne où vivent les communautés françaises d’exilés fiscaux.
Officiellement, les « Sages » ont rejeté le texte pour des raisons purement constitutionnelles. Il créait « une rupture d’égalité au regard de la faculté contributive ». En clair, il était très mal fagoté. Si, dans un couple, chacun des deux gagnait 999.999 €, aucun des deux n’était taxé à 75% alors que si l’un des deux gagnait 1.000.001 €, il l’était.
Il est stupéfiant que personne dans l’entourage du chef de l’Etat, du Premier ministre ou de la ribambelle de nos ministres n’ait fait remarquer qu’avec une telle rédaction, la grande idée du président ne pouvait qu’être retoquée par le Conseil constitutionnel. Nous avons affaire à des amateurs.
Cela dit, il est évident que les « Sages » (qui ont tous été nommés par la droite) ont sauté sur ce point de détail pour annuler ces fameux 75% et rappeler à François Hollande que la chasse aux riches permettait peut-être de se faire élire mais qu’elle n’était sûrement pas le meilleur moyen de sauver la France, d’encourager les investissements et de relancer la croissance.
On nous dit aujourd’hui que ces 75% étaient « symboliques ». 1.500 personnes seulement étaient concernées et elles auraient dû payer chacune en moyenne 140.000 € par an. Autant dire qu’il ne s’agissait que d’une goutte d’eau dans l’océan de nos déficits. Mais les symboles sont importants.
Tout le monde est d’accord pour reconnaitre qu’il est normal de « faire payer les riches », selon le vieux slogan de la gauche. Mais l’opinion publique commence à se demander s’il faut vraiment les matraquer, les étrangler et surtout les pousser à fuir le pays.
L’affaire Depardieu a sans doute été l’étincelle. Au début, on lui a donné tort. Il avait le mauvais rôle, comme Arnault, Afflelou et tous les autres riches à milliards qui avaient fui pour garder leur tas d’or. Et puis, au fil de la polémique, de plus en plus de Français ont commencé à se demander si ce n’était pas ce système confiscatoire, ce régime socialisant, cet Etat impotent qui avait tort et Astérix-le-milliardaire en guerre contre les légions d’idéologues marxisants est à son tour devenu un symbole. Un type qui a commencé à travailler à 14 ans, qui fait vivre 80 personnes, qui a une grande gueule et un talent fou ne peut pas être un salaud absolu.
Le plus étonnant dans cette affaire c’est qu’au lieu de remettre leur démagogie dans leur poche, les socialistes nous annoncent froidement qu’ils ont bien l’intention de s’asseoir sur la décision du Conseil Constitutionnel.
Jean-Marc Ayrault nous affirme qu’il va remettre ces 75% dans le budget de l’année prochaine. Non seulement il ne se rend pas compte de ce qu’il fait mais il ne se rend même pas compte de ce qu’il dit.

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