Fillon et Copé ont enfin signé un accord. Copé reconnait que son élection à la présidence de l’UMP était si ce n’est contestable du moins contestée et qu’il faut donc procéder à un nouveau scrutin. Fillon accepte que ces élections n’aient lieu qu’en septembre prochain ce qui va, évidemment, laisser de longs mois à son ennemi pour s’installer confortablement dans le siège de président, même s’il sera sous la haute surveillance des fillonistes.
Leur dégringolade respective dans tous les sondages, la perspective de plus en plus réelle d’un éclatement de l’UMP, avec la formation par Fillon d’un groupe parlementaire dissident, les pressions de Jean-Pierre Raffarin et l’idée de Bernard Accoyer d’organiser un référendum parmi les députés et les sénateurs UMP ont finalement poussé l’ancien Premier ministre et le président proclamé à signer cet armistice.
Mais, bien sûr, rien n’est réglé pour autant. Que vont faire les deux hommes pendant les neuf mois à venir ?
Copé va jouer les vrais présidents, se présenter en patron de l’opposition en fustigeant en permanence la politique des socialistes. Il aura l’embarras du choix et il faut reconnaitre qu’il a un vrai talent dans la diatribe.
Fillon, lui, sera dans une position plus incertaine. Dans l’attente. Avec, comme seule tribune, celle que lui donne, à l’Assemblée, son mandat de député de Paris.
Vont-ils faire, à tour de rôle, de la surenchère contre Jean-Marc Ayrault et ses complices ? C’est vraisemblable. Mais alors on écoutera davantage leur propre compétition que leurs attaques contre le gouvernement. Et il est à craindre qu’ils s’adressent, l’un et l’autre, davantage aux militants de l’UMP qu’à l’opinion publique en général.
Fillon va-t-il commettre à nouveau l’erreur qu’il a faite pendant la campagne pour la présidence de l’UMP, à savoir jouer –déjà- le deuxième tour de la présidentielle de 2017, en appelant à l’union de la droite et des centristes ? Ou va-t-il comprendre que pour être qualifié lors des primaires de la droite en 2016, il vaudrait mieux, d’abord, gagner la présidence de l’UMP, c’est-à-dire radicaliser son discours pour convaincre les militants de base du parti ?
Copé, lui, a compris que c’était cette radicalisation à outrance (petit pain au chocolat et racisme anti-blanc) qui lui avait permis de déjouer tous les pronostics qui le donnaient battu à plates coutures pour la présidence de l’UMP. Il va donc continuer sur ce registre.
Et il est évident qu’en multipliant leurs réformes « sociétales » et leurs erreurs économiques, les socialistes vont lui donner, tout au cours de ce printemps et de cet été qui s’annoncent particulièrement mouvementés, toutes les excuses, pour ne pas dire toutes les raisons de la radicalisation.
Aujourd’hui, les résultats des trois élections partielles qui viennent d’avoir lieu semblent démontrer que les électeurs reprochent plus à la gauche sa politique –ou pour être plus exact, son absence de politique- qu’ils ne reprochent à la droite le pitoyable spectacle qu’elle vient d’offrir.
Et d’ici au 15 septembre prochain, date prévue pour ces nouvelles élections à l’UMP, Hollande, Ayrault et les autres vont sans aucun doute faire, objectivement, le jeu de Copé.
Pour l’instant, Copé a l’image du tricheur qui a magouillé mais il a neuf mois pour apparaitre aux yeux des militants comme le meilleur des hérauts d’une droite décomplexée. C’est le pari qu’il fait. Et que fait sans doute Hollande lui aussi.
La trêve entre les deux frères-ennemis de l’UMP risque bien d’être plus sanglante encore que ne l’a été ce mois de combat.

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