Jean-François Copé a donc gagné. De… 0,03%. 98 voix. Et François Fillon ne conteste pas sa victoire, même s’il évoque quelques tricheries.
Tous les experts nous avaient annoncé une large victoire de Fillon. Ils avaient oublié que Copé tenait le parti, d’une main de fer, depuis des années en tant que secrétaire général et qu’il avait placé ses hommes à la tête de l’appareil et de toutes les fédérations départementales. Que Copé, élève de Chirac et de Sarkozy, est un animal de campagne qui sait qu’il faut aller chercher chaque voix avec les dents. Et surtout que les militants de l’UMP, dans leur majorité, ne sont plus ni gaullistes ni chiraquiens mais sarkozistes et qu’ils n’avaient pas désapprouvé la « droitisation » de leur mouvement effectuée par Sarkozy.
François Hollande et ses amis, avec leur mariage pour tous et leur droit de vote aux étrangers (même s’ils semblent avoir renoncé à cette dernière idée) sans parler du matraquage fiscal, ont évidemment tout fait pour exacerber la rage des militants de base et de choc qui n’ont toujours pas digéré la défaite et qui veulent en découdre.
En dénonçant le racisme anti-blanc, en racontant son histoire de petit pain au chocolat et en promettant des manifestations de rue, Copé ne pouvait que séduire cet électorat qui regrette depuis des années que la droite dite « parlementaire » se refuse à tout rapprochement avec l’extrême-droite.
Copé a fait une excellente campagne en « clivant » au maximum, alors que Fillon, accumulant, en plus, les pépins de santé, se présentait en « rassembleur » comme s’il s’était déjà agi d’une élection présidentielle.
Mais la victoire de Copé est une victoire à la Pyrrhus. Le champ de bataille est un champ de ruines. Fillon a dénoncé « la fracture morale et politique » qui divise désormais l’UMP. Des mots terribles et qui excluent toute réconciliation.
En fait, au-delà des querelles d’égos et des haines entre les hommes, le duel Fillon-Copé a mis au grand jour l’équivoque pour ne pas dire l’imposture qu’entretenait l’UMP en voulant faire marcher d’un même pas des gaullistes, des démocrates-chrétiens, des radicaux, d’un côté, et, de l’autre, des adeptes d’une droite dure, « décomplexée », flirtant parfois avec la xénophobie.
On ne sait pas encore ce que va faire Fillon. Ayant raté le tremplin de la présidence de l’UMP, va-t-il essayer de s’emparer en 2014 de l’Hôtel de ville de Paris pour préparer la présidentielle de 2017 ? Fillon n’est pas un guerrier. On lui a toujours tout donné, de son fief de la Sarthe, hérité de Joël Le Theule et qu’il a fini par abandonner, à Matignon et à sa circonscription parisienne. N’ayant plus ni mentor ni bienfaiteur, il est un peu seul et c’est presque par hasard qu’après cinq années de figuration souvent bien médiocre à Matignon, il apparaissait comme un recours éventuel pour la droite.
Mais ce qui est important aujourd’hui c’est de savoir ce que vont devenir les fillonistes, les 49,97% de militants qui n’ont pas voulu de Copé. Vont-ils se résigner et accepter la main tendue du vainqueur ? Vont-ils s’éloigner, voire rejoindre la nouvelle UDI de Borloo ?
Une chose est sûre : ces premières « primaires » à droite vont redessiner le paysage politique français. En face d’une gauche déjà désunie nous avons maintenant une droite divisée.
Et pendant ce temps-là, une agence de notation a dégradé la note de la France. C’est sans doute autrement plus important, du moins dans l’immédiat.

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