Chaque jour, ce gouvernement nous fait son petit couac et nous prouve qu’il n’est encore qu’une équipe d’amateurs qui n’ont pas la moindre idée de ce qu’est la direction d’un pays.
Cette fois, c’est le Premier ministre en personne qui déclare aux lecteurs du Parisien que les 35 heures ne sont pas un tabou et qu’on pourrait parfaitement en débattre.
Sur le fond, pourquoi pas ? D’abord, parce qu’on devrait, en effet, pouvoir débattre de tout, ensuite, parce que ce gouvernement a déjà porté un coup dur à ces fameuses 35 heures en re-fiscalisant les heures supplémentaires, enfin, parce que, lorsque l’on parle de la compétitivité de la France, il ne serait sans doute pas absurde de se demander si en travaillant plus (comme disait l’autre) nous ne serions pas un peu plus compétitifs.
On pourrait d’ailleurs aussi débattre de l’âge de la retraite pour savoir si le retarder jusqu’à 65 ans, par exemple, ne serait pas une bonne idée, débattre du statut des fonctionnaires et poser la question de la garantie de l’emploi à vie, etc., etc. Il y a beaucoup de sujets dont on pourrait, en effet, débattre utilement.
Mais Jean-Marc Ayrault a oublié une chose. François Hollande n’a pas été élu pour mettre en œuvre le programme que Nicolas Sarkozy lui-même n’avait pas osé imposer au pays. Sarkozy avait critiqué très violement les 35 heures, les avait un peu « détricotées » mais n’avait pas été jusqu’à les supprimer, pensant, sans doute à juste titre et contrairement à Ayrault, qu’il s’agissait là d’un sujet tabou.
Cette fois, c’est un ministre, Michel Sapin, qui « recadre » le Premier ministre. Le ministre du Travail est formel : pas question de revenir sur les 35 heures. On peut éventuellement en débattre, concède-t-il pour ne pas ridiculiser son chef, mais le débat sera totalement inutile. Autant dire que, d’après Sapin, le Premier ministre a dit n’importe quoi. C’est ennuyeux.
On peut naturellement penser que le Premier ministre était ivre mort devant les lecteurs du Parisien même si on ne lui connaissait pas, jusqu’à présent, le moindre penchant pour l’alcool. Mais on peut aussi se demander si, effrayé par les réactions des grands patrons, des PME, des « pigeons » et de l’ensemble des responsables de l’économie, il n’a pas cru malin de lancer un ballon d’essai pour tenter de les calmer.
Evoquer, même du bout des lèvres, une possible remise en cause des 35 heures de Martine Aubry, c’est, évidemment, pour un socialiste de la haute trahison et l’aveu que, devant les difficultés que connait le pays, LA grande réforme des socialistes ne peut plus être gravée dans le marbre.
Il y a peu de chances que les patrons soient sensibles à ce petit sourire en coin et un peu figé que leur fait le Premier ministre. Les 35 heures (auxquelles ils se sont plus ou moins habitués) ne sont pas le sujet du jour. Ce qu’ils veulent c’est une baisse substantielle des charges qui les plombent totalement. Or, Ayrault vient encore de les augmenter.
Ce qui est sûr c’est que la droite va pouvoir ironiser sur ce nouveau couac invraisemblable et surtout que la gauche du PS, les Ecolo et la gauche de la gauche vont se déchainer contre ce Premier ministre qui, à force de répéter qu’il n’y a pas de sujet tabou, s’en prend précisément aux tabous de la gauche.
Si Ayrault a voulu lancer un ballon d’essai il a tapé dans une baudruche qui va lui éclater au visage.

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