Il est tout de même incroyable que le Premier ministre ait besoin de la Cour des Comptes pour connaitre, à quelques milliards près, l’état de nos finances. A quoi servent les dizaines de milliers de fonctionnaires de Bercy et des autres ministères qui sont chargés de gérer le budget ? Sont-ils tous incapables de faire la moindre addition et la moindre soustraction ? L’Etat aurait-il l’habitude de… dépenser sans compter ? La rue Cambon serait-elle le seul endroit du pays où l’on sache calculer les dépenses et des recettes du pays ?
Cela dit, c’est un grand classique. Toute équipe arrivant au pouvoir nous fait toujours « le coup de la stupéfaction » en nous affirmant que, si elle savait parfaitement que ses prédécesseurs étaient des incompétents, elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde qu’ils lui auraient laissé une situation aussi catastrophique.
Cela ne tient pas une seule seconde. Sous le règne de Nicolas Sarkozy, le président de la Cour des Comptes était déjà le socialiste Didier Migaud et le président de la Commission des Finances de l’Assemblée n’était autre que Jérôme Cahuzac, socialiste lui aussi et aujourd’hui ministre du Budget. L’un et l’autre avaient donc accès à tous les comptes de la Nation et l’un et l’autre ont, évidemment, prévenu leurs camarades de la rue Solferino et de l’équipe de campagne du candidat François Hollande de l’état (déplorable) de nos finances.
François Hollande savait donc parfaitement, quand il les proférait devant l’acclamation de ses partisans, qu’il ne pourrait jamais tenir toutes ses belles promesses de campagne.
La publication, aujourd’hui, du rapport de la Cour des Comptes n’apprend strictement rien ni au président de la République ni au Premier ministre et leur surprise devant ces chiffres n’est qu’une comédie qui va leur permettre de nous expliquer pourquoi ils ne pourront pas tenir leurs promesses. Ils vont pouvoir s’écrier : Nous étions de bonne foi quand nous vous faisions miroiter des lendemains enchanteurs, que nous vous annoncions que nous allions ré-enchanter le rêve français, mais nous ne connaissions pas la réalité des choses, ils nous avaient caché la cruelle vérité, il nous manque dix milliards pour finir l’année.
Adieu veaux, vaches, cochons, couvées ! Hollande a d’ailleurs déjà perdu 7 points dans les sondages. L’état de grâce commence à s’estomper.
Il est très dommage que, parmi toutes les réformes qu’on évoque, personne n’ait pensé qu’il faudrait que la Cour des Comptes publie son fameux rapport avant le début de la campagne présidentielle. Cela limiterait sans doute les promesses inconsidérées.

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