La première gaffe du quinquennat
C’est Vincent Peillon qui a commis la première gaffe du quinquennat. Tellement pressé d’être enfin ministre, il n’a même pas attendu que son prédécesseur, Luc Chatel, lui ait remis les pouvoirs de ministre de l’Education Nationale pour annoncer que la semaine des quatre jours de classe serait supprimée et remplacée par une semaine de quatre jours et demi.
Il est évident que cette question des rythmes scolaires dont on nous bassine depuis des décennies exige, plus encore que beaucoup d’autres, cette fameuse « concertation » que nous a promise François Hollande tout au cours de sa campagne.
Personne n’est d’accord. On nous dit que les enfants français travaillent trop et… qu’ils ont trop de vacances, qu’ils sont fatigués et que cela expliquerait leurs mauvais résultats quand on les compare à ceux des enfants des autres pays modernes.
Les pédopsychiatres demandent moins d’heures chaque jour, davantage de jours par semaine et moins de vacances dans l’année. Les enseignants sont partagés, les parents d’élèves aussi. Il y a ceux qui évoquent les week-ends prolongés en famille à la campagne. Mais combien y-a-t-il de parents d’élèves pouvant emmener leurs enfants dans leur résidence secondaire ? Ceux qui soulèvent le problème de la garde des enfants pour les familles dont le père et la mère travaillent, si on réduit la durée de la journée scolaire. Les élus locaux s’en mêlent. Les professionnels du tourisme s’alarment. On a oublié que les fameuses et interminables vacances d’été avaient été décidées par Jules Ferry afin que les enfants de paysans puissent continuer à participer aux récoltes. Combien y a-t-il aujourd’hui de fils ou de filles d’agriculteurs indispensables aux travaux de l’exploitation ?
Bref, la réflexion, la concertation et le débat s’imposaient. Jean-Marc Ayrault, modeste enseignant d’origine, a eu raison de faire savoir à l’agrégé de philosophie Vincent Peillon que son annonce était pour le moins prématurée.
Mais au-delà des formes, il y a le fond. Aux yeux d’une certaine gauche, la semaine des quatre jours et l’année aux innombrables vacances sont faites pour les « riches », pour ceux qui ont leur villa à Deauville ou dans les environs de Saint-Tropez alors que les enfants des pauvres ne peuvent que jouer au pied des tours de leurs quartiers pourris. Or ce n’est évidemment pas là le problème et il est bien dommage que, dans sa précipitation, celui qui prétend reconstruire l’école française (laquelle en a bien besoin) ait lancé un pavé idéologique dans la mare de la rue de Grenelle.
Mots-clefs : Peillon
18 Mai 2012 11:20 1. Flyin'Dutch
L’éducation nationale représente le plus gros budget. Avoir un ministre nommé « Peillon », ça ne me rend pas optimiste.
18 Mai 2012 11:44 2. Aristidelancien
Sur les nouveaux ministres : peut-on déjà porter un jugement sans attendre le gouvernement n° 2 qui suivra les législatives: en effet beaucoup se présentent à cette élection et parlent en candidats députés et non en nouveau ministre !
Il faut sans doute attendre le gouvernement Ayraut 2
18 Mai 2012 12:35 3. jean
@ Aristidelancien, Vous avez sans doute raison. Pour ma part je trouve choquant qu’un ministre fraîchement nommé, qui vient de signer une « chartre de bonne conduite » pense déja que dans un mois il laissera de coté son ministère s’il est élu député. En conclusion, le premier gouvernement et juste pour remercier les amis, quel changement!!!
18 Mai 2012 12:52 4. abenaton
Je (me) paye de mots (mais pas seulement!)
Tu payes (dans ta naïveté, électeur!)
Il paye (Hollande, dans son costume de Président trop grand)
Nous, Peillon,Ministricule, décidons !
Vous! Les riches et même moins, Payez !
Ils (contribuables) payent ma paie (-30%, une misère!)
18 Mai 2012 13:45 5. bentolila
A quand la semaine de 8 jours au programme ?
18 Mai 2012 17:20 6. Marianne
Il faut penser aussi à ces enfants de parents divorcés qui s’en vont 1 WE sur 2 chez leur père ;l’école du samedi va raccourcir la durée de séjour chez ce dernier.
L’idéal serait comme dans un pays voisin que je connais bien¨:
Ecole 4 jours /semaine :le lundi, mardi , jeudi, vendredi jusqu’à 15 h 30 ( 5h 1/2 de cours) pour les 2 premières années primaires.
Idem plus le mercredi matin jusqu’à la fin du primaire; puis ensuite tous les jours toute la journée, sauf le samedi.
Des vacances d’été plus courtes : 6 semaines
1 semaine en février
2 semaines à Paques , Noel et automne (Toussaint)
Peu de « ponts »….
Et cela dure depuis plus de 20ans..
Et l’étude PISA de 2009, classe ce pays dans les 10 premiers ( lecture, math, sciences)..
Tout le monde – parents et enseignants -sont satisfaits : le samedi il y a de nombreuses activités auxquelles parents et enfants participent.
Les plus pauvres qui n’ont pas de résidence secondaire… sont heureux de rester au lit le samedi matin , de participer- enfants et parents-aux nombreuses activités organisées par diverses associations, et je l’ai dit: les enfants de parents divorcés profitent plus de leur séjour chez leur père…
Donc, le samedi sans école ou
18 Mai 2012 21:09 7. NINI 86
Une laicité plus exigeante.On parle beaucoup, ces temps-ci de laicité.Enfant,puis étudiant,puis enseigant de l’école publique, mais de confession catholique, mes croyances ont toujours été respectées par la République.Nous participons à des manifestations de rue assez voyantes et momentanément encombrantes à l’occasion des fêtes religieuses .La cantine du lycée nous sevait toujours du poisson le vendredi(nous mangions aussi de la viande halal sans le savoir car à l’époque, tout le bétail était ainsi abattu).Au lycée Henri-IV, l’aumônerie organisait des débtas et conférences dans l’enceinte de l’établissement.Tout le monde trouvait cela normal, comme de voir dans la rue des religieuses en costumes variés et des prêtres en soutane, comme d’ailleurs beaucoup de femmes., entièrement voilées , touristes à Paris, curistes à Vichy ,issues de la bourgeoisie maghrébine ou égyptienne , probablement plus nombreuses que celle que l’on pourchasse aujoud’hui dansles banlieues.Beaucoup d’élèves venaient en cours en costumes de scouts ayants des réunions en fin d’après-midi.Cela non plus ne choquait personne.La République laîque m’a respecté ainsi que mes coreligionnaires .J’aimerais qu’elle respecte autant les gens d’autres croyances.
19 Mai 2012 8:24 8. dranreb
@ Nini 86
« nous mangions aussi de la viande halal sans le savoir car à l’époque, tout le bétail était ainsi abattu »
Ah bon ! En direction de la Mecque et avec les prières et la redevance aux imams qui vont avec?
Quand les bons sentiments confinent au délire…
21 Mai 2012 12:47 9. flux
Au delà du petit débat politicien (gaffe, pas gaffe ?), le débat de fond sur les rythmes scolaires est essentiel et, une fois n’est pas coutume, je suis en désaccord avec l’auteur du blog.
Le choix de la semaine de 4 jours 1/2 (vs. celle de 4 jours) comme l’idée de raccourcir les vacances scolaires, ce n’est pas une question d’idéologie « riche contre pauvres » comme vous l’indiquez. C’est surtout une question de chronobiologie.
Comme parent « favorisé », ça m’arrange assez que les enfants aient cours durant 4 jours : je peux me permettre de payer une nounou le mercredi, je fais la grasse mat’ le samedi matin et j’organise aisément les – longues – vacances qui parsèment l’année scolaire entre séjours linguistiques, accueil des grands parents ou vacances en famille au ski ou au bord de la mer. Pourtant, je suis farouchement opposé à la semaine de quatre jours. Parce que, chaque soir, je constate, après une journée de classe, l’état de fatigue de mes enfants, qui pourtant n’en ont pas encore fini avec leurs devoirs et n’ont pas eu le temps de profiter d’activités extra scolaires ou, simplement, du temps nécessaire au jeu et à la flânerie.
On passe son temps à vanter le modèle nordique (journées courtes, activités sportives ou culturelles l’après-midi, vacances raccourcies) mais, pourtant, parce que quelques petits intérêts particuliers d’adultes sont en jeu, on refuse toute évolution en ce sens. Quelle incohérence !
Donc, M. Peillon, Bravo !