D’après le sondage IFOP-Le Journal du dimanche d’aujourd’hui, Jean-Marc Ayrault est l’homme politique le plus populaire de France. Avec 65% d’opinions favorables, il bat tous les records de tous ses prédécesseurs à Matignon depuis les débuts de la Vème République. Trois semaines après leur nomination comme Premier ministre, Juppé n’avait obtenu que 63% d’opinions favorables, Fillon 62%, Raffarin 60.
C’est une bonne nouvelle pour chacun d’entre nous. Il suffit d’être un inconnu pour être populaire.
Personne ne connait Jean-Marc Ayrault. On sait tout au plus qu’il a été professeur d’allemand, qu’il est depuis longtemps un bon maire de Nantes et qu’il a été, pendant des années, un habile président du groupe socialiste à l’Assemblée. Mais il a l’air sérieux, lisse, fade à souhait.
On disait de François Fillon qu’il avait tout du gendre idéal. Ayrault a tout du parfait lointain cousin de province. Autant dire que, pas plus que son prédécesseur, il ne fait pas rêver. On peut se dire qu’il ne fera pas de vague, même au milieu des tempêtes dans lesquelles il se trouve.
Naturellement, en arrivant, les nouveaux bénéficient toujours d’un état de grâce. C’est ce qu’on pourrait appeler le bénéfice du doute, si ce n’est de l’espoir. On veut croire que François Hollande qui, d’après ce même sondage, obtient 61% d’opinions favorables et Ayrault, avec ses 65%, ne se font pas trop d’illusions et qu’ils savent, l’un et l’autre, que cela ne va pas durer et que, dès que les choses sérieuses vont commencer –très bientôt, avec le chômage, les plans de licenciement qui explosent un peu partout, la dette, l’euro, l’Europe, la Grèce, l’Espagne et le Portugal- ils verront leurs cotes de popularité dégringoler. Comme tous leurs prédécesseurs.
Mais c’est, évidemment, la première fois que nos deux têtes de l’exécutif sont ainsi plébiscitées pour une image tout de même surprenante. L’un et l’autre plaisent aujourd’hui parce qu’ils la jouent, la sur-jouent ostensiblement « normale ». C’est à qui sera le plus simple, le plus modeste, le plus effacé.
On comprend qu’après le règne de Nicolas Sarkozy, la nouvelle équipe veuille faire de l’anti bling-bling à tout-va, qu’elle prenne (devant les caméras) le train ou le métro, comme la nouvelle ministre du logement, Cécile Duflot, que les voitures officielles s’arrêtent désormais aux feux rouges et que l’opinion, fatiguée, désorientée, affolée, y soit, dans un premier temps, sensible. Mais ce genre de démagogie n’a qu’un temps.
Quand on préside aux destinées de la France, on ne peut pas éternellement raser les murs et se présenter en gentil nounours.
Hollande a été élu parce qu’il était l’incarnation de l’anti-Sarkozisme, Ayrault triomphe parce qu’il est un inconnu. Mais il va bien falloir maintenant que le président de la République nous fasse savoir ce que c’est que le…. Hollandisme et que le Premier ministre sorte de l’anonymat.
On les attend au coin du bois, il serait temps qu’ils en sortent.

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