Il parait que la chancelière allemande, Angela Merkel, a persuadé ses homologues, l’Italien Mario Monti, l’Espagnol Mariano Rajoy et le Britannique David Cameron, de ne pas recevoir François Hollande pendant toute la campagne présidentielle française et de faire savoir haut et fort qu’ils refusaient désormais de lui ouvrir leur porte.
On imagine, bien sûr, que Nicolas Sarkozy n’est pas totalement étranger à cette opération de boycott de son concurrent socialiste. Il a dû faire remarquer à l’Allemande que le candidat du PS avait annoncé qu’il renégocierait les accords européens et le président-candidat s’imagine sans doute qu’avec ce renfort inattendu des quatre ténors de droite européens il va pouvoir discréditer celui qui le devance désormais de plus de cinq points dans tous les sondages, en nous racontant, tout au cours du petit mois et demi qui lui reste, qu’Hollande est rejeté par l’Europe et serait donc incapable de représenter la France sur la scène internationale.
Il n’est pas sûr que les électeurs apprécient ce petit coup-bas.
Il est même vraisemblable que bien des Français vont être choqués par cette ingérence étrangère dans notre campagne présidentielle et se demander à quel titre « la boche », « le rital, « l’espingoin » et « le british »se permettent d’intervenir ainsi dans un débat qui ne les regarde en rien. Sarkozy qui refuse le droit de vote aux étrangers pour les élections municipales aurait dû comprendre que les Français ne souhaitent pas que Mme Merkel et MM. Monti, Rajoy et Cameron aient leur mot à dire dans le plus important de nos scrutins.
Mais il y a pire encore. De plus en plus de Français commencent à prendre en grippe cette Europe « made in Germany » et à se rebeller contre cette austérité prussienne que la chancelière veut imposer à tous, à la schlague. Ils savent ce qui se passe en Grèce et voient ce qui va arriver à l’Italie et à l’Espagne. Si chacun reconnait qu’il faut en revenir à un minimum de rigueur, un bon nombre de nos compatriotes sont convaincus que l’austérité « à la berlinoise » va tuer totalement tous les espoirs de reprise, de croissance et faire crever la plupart des pays européens. Cette manœuvre un peu mesquine va apporter de l’eau au moulin de tous les europhobes.
Depuis la fameuse soirée du Fouquet’s, Sarkozy est considéré comme « le président des riches », depuis son mémorable et funeste discours de Grenoble, il s’est repositionné à la limite (souvent franchie) de « l’homme de l’extrême-droite » et voilà que, ne sachant plus à quel saint se vouer, il apparait en « candidat de l’étranger ».
Alors qu’il aurait pu fustiger son adversaire en l’accusant de vouloir remettre en cause la parole de la France et de récuser des mesures que la situation impose, en appelant à l’aide ce quarteron d’étrangers, il fait de Hollande le défenseur des intérêts de la France et lui donne brusquement une crédibilité internationale qu’il n’avait pas, en en faisant celui qui saura dire « non » à la chancelière de fer.

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