Du saupoudrage électoral
Nicolas Sarkozy a-t-il été convaincant, hier soir, au cours de l’émission « Des paroles et des actes » ? Les experts nous disaient qu’il jouait très gros. A moins de deux mois du premier tour de la présidentielle, on est déjà pratiquement entré dans la dernière ligne droite et le président-candidat a un retard considérable à rattraper sur son adversaire du PS.
Tout a commencé, bien sûr, par le Fouquet’s, cette marque au fer rouge qui restera comme le symbole de ce quinquennat du « président des riches ». Au lieu d’avouer qu’il avait fait une énorme « connerie » en allant festoyer, ce soir-là, avec ses copains milliardaires dans ce haut lieu des nouveaux riches et de rappeler que Pompidou, l’ami des Rothschild, arrivait à Matignon au volant de sa Porsch, que Giscard s’offrait des chasses de nababs, que Mitterrand fréquentait les plus grands palaces, en Egypte et ailleurs, et que Chirac s’était payé un château, Sarkozy a évoqué à demi-mots ses malheurs conjugaux de l’époque, ce qui n’était qu’à demi convaincant, et, pire encore, a cru devoir faire l’éloge de ces grands patrons qui l’entouraient au Fouquet’s et qui donnent de l’emploi aux chômeurs. Il semble donc n’avoir toujours pas compris ce qu’on lui reprochait et qu’on lui a reproché pendant tout son quinquennat.
Il a plus volontiers reconnu qu’il avait eu tort de traiter de « pauvre con » un type au salon de l’Agriculture et d’essayer d’imposer son fils Jean à la présidence de l’EPAD. Dont acte.
En fait, Sarkozy est tombé dans le piège que lui tentent ses adversaires. Il a surtout parlé de son bilan en tentant de le justifier. Or, quelles qu’aient pu être les circonstances, ce bilan est indéfendable. Fabius a eu raison de lui dire que son bilan était son « boulet ».
Sarkozy aurait dû, évidemment, parler beaucoup plus de son projet, de sa vision de la France pour demain, en nous racontant que, si ce premier quinquennat avait été raté à cause de la crise, le prochain serait celui de l’espoir, du sursaut, du redémarrage, de la renaissance, de la… rupture.
Manquant de souffle, il ne nous a promis que des bricoles, des rustines. Un peu pour chacun. Du saupoudrage électoral. Un nouvel impôt sur les grands groupes, pour faire plaisir à la gauche. Une dose de proportionnelle, pour séduire les centristes. Une restriction de l’immigration et des avantages accordés aux étrangers, pour calmer l’extrême-droite. Or, il ne fera jamais plaisir à la gauche, ne séduira plus jamais les centristes et ne calmera plus jamais les électeurs du Front National, tous étant d’ailleurs convaincus que ce ne sont là, encore, que des promesses de Gascon.
Pourquoi, au lieu d’attaquer bille-en-tête le programme de François Hollande qui le devance tout de même aujourd’hui, au premier tour, de 8 points et, au second tour, de 18 points, c’est dire s’il y a péril en la demeure, s’est-il contenté de reprendre à son compte les critiques formulées jadis contre son adversaire par les socialistes (« la fraise de bois » de Fabius lui-même).
Sarkozy a reproché à Hollande de ne pas savoir dire « non ». Il aurait mieux fait de l’accuser de vouloir embaucher des fonctionnaires, ouvrir toutes grandes les vannes des dépenses et donc augmenter dans des proportions insupportables les prélèvements obligatoires.
Sarkozy avait envoyé Juppé ferrailler avec Hollande. Celui-ci lui a donc rendu la pareille en envoyant Fabius lui porter la contradiction. Même si certains pouvaient regretter que le vrai duel final n’oppose pas Juppé à Fabius, les deux anciens condisciples de la rue d’Ulm qui sont tout de même d’un autre niveau que les protagonistes d’aujourd’hui, ce recours aux anciens combattants de jadis avait un côté un peu pitoyable.
Le face-à-face Sarkozy-Fabius fut encore moins bon que ne l’avait été le face-à-face Hollande-Juppé. Trop de haine d’un côté, trop de mépris de l’autre.
Ce matin les sarkolâtres (il en reste) ont retrouvé le sourire et sont convaincus que leur grand homme est bel et bien reparti à la conquête de l’opinion publique. Les hollandolâtres (il y en a de plus en plus) gardent leur sourire. Pour eux, le président sortant et candidat peut dire, raconter, promettre n’importe quoi, c’est trop tard. Il a perdu. On ne se fait pas pardonner un quinquennat en cinquante jours.
Mots-clefs : présidentielle, Sarkozy
07 Mar 2012 14:04 1. Patrick
Je l’ai trouvé bien terne hier soir le nabot de l’Elysée ! Comme s’il se doutait déjà que la partie était perdue, il était peu convaincant. Encore 2 mois à tenir, et il va pouvoir aller retrouver ses copains du CAC 40 pour faire du fric ! Tchao Pantin !
07 Mar 2012 14:28 2. jean
Juste un félicitation pour votre clairvoyance, comme vous nous l’aviez prédit l’an dernier:
Alors que les autorités peinent à stabiliser le pays, moins de cinq mois après la mort de Mouammar Kaddafi, des chefs de tribus et de milices de l’Est ont annoncé dans un communiqué leur choix du système fédéral. L’entité baptisée Cyrénaïque, région pétrolière qui s’étend de la frontière égyptienne à Syrte, s’est dotée d’un « Conseil intérimaire (…) établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr Al-Senoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants ». À Benghazi, d’où était partie la rébellion ayant conduit à la chute du « Guide », des milliers de personnes ont fêté l’évènement.
Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Libye : l’Est déclare son autonomie, une « conspiration » des pays arabes selon Abdeljalil | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique
07 Mar 2012 14:30 3. jean
Quand a Sarko, on s’en contrefout, vous devriez développer votre sens de la divination et nous dire ce qu’il va se passer en France cette fin d’année si Hollande passe…
07 Mar 2012 14:39 4. bentolila
Qui s’engrêce dans cette histoire…??? sainte sulpice
07 Mar 2012 15:13 5. Flyin'Dutch
On a pu voir que notre président était usé jusqu’à la corde et qu’il n’a même pas envie d’être reconduit. C’est tout le bonheur qu’on lui souhaite !
07 Mar 2012 16:20 6. Houzi
Et le BORLOO, privé du plat de lentilles VEOLIA, va annoncer bientôt son soutien pour le cuisinier.
BORLOO avec ses scoops à deux balles.
Il fait bien la paire avec l’autre tocard de MORIN.
Quel cirque !
Et nos journalistes de faire de la mousse de tout ce vent !