70% des Français estiment que Marine Le Pen a parfaitement le droit de se présenter aux élections présidentielles et qu’il serait donc scandaleux qu’elle n’obtienne pas les 500 signatures nécessaires pour faire acte de candidature.
Ils ont évidemment raison. Elle obtient plus ou moins 20% d’intentions de vote dans tous les sondages, son père a été, en 2002, présent au second tour de la présidentielle et il n’y a aucun doute qu’elle représente un courant politique important dans le pays.
Certains affirment que le Front National est un danger pour la démocratie, pour la République et pour la France. Marine Le Pen est-elle vraiment plus dangereuse que Nathalie Arthaud, que Poutou ou même que Mélenchon qui veulent « tout foutre en l’air » et faire la Révolution ? Certains vont même jusqu’à évoquer l’élection (démocratique) d’Hitler. Ces excès les discréditent eux-mêmes car, si on a pu être choqué, voire scandalisé par certains dérapages xénophobes ou racistes du père, on imagine mal la fille, entourée de SA et de SS, ouvrir des camps de concentration. Il faut savoir raison garder.
Et ceux qui regrettent que le Front National n’ait pas été purement et simplement interdit devraient apprendre que, quand on refuse à des masses de mécontents l’accès aux urnes, on les retrouve généralement dans les rues. Avec des fourches et des pavés à la main.
Le Front National a été assez habile (Fabius lui-même l’a reconnu) pour poser les questions que tous les autres n’osaient pas évoquer, sur l’immigration et l’insécurité, bien sûr, mais aussi sur l’Europe, sur l’euro, sur la désindustrialisation, sur la perte de certaines « valeurs », sur la Patrie, etc. Du coup, il s’est attiré les sympathies de beaucoup de ceux qui n’en pouvaient plus du petit jeu d’alternance entre la droite et la gauche aussi incapables, l’une que l’autre, de résoudre nos problèmes de plus en plus difficiles. Ce sont nos dirigeants, de droite comme de gauche, qui sont les seuls responsables de la montée du Front National
Personne, pas même parmi ses partisans, ne croit une seule seconde que Marine Le Pen puisse jamais être élue présidente de la République, même en tentant de gommer les aspects les plus regrettables du programme et des propos de son père. Mais il est bon que les plus furieux des électeurs puissent s’exprimer et lancer ainsi un avertissement (de plus en plus coûteux) à la ribambelle de nos apparatchiks de tous poils confortablement installés sur la balançoire du pouvoir.
Il est évident qu’il faut mettre « un filtre » pour interdire aux farfelus, aux illuminés et aux fous furieux de se présenter aux élections présidentielles. Même si ce filtre n’a pas empêché MM. Marcel Barbu, Louis Ducatel, Guy Héraud, Pierre Roussel, Jacques Cheminade, Daniel Gluckstein et Gérard Schivardi d’être candidats.
Le principe des 500 parrainages d’élus n’est sans doute pas le bon. Qu’on le veuille ou non, parrainer un candidat ce n’est pas seulement faciliter le bon déroulement de la démocratie c’est aussi apporter son soutien à un candidat et s’engager à ses côtés. Marine Le Pen que certains élus hésitent à parrainer à cause du qu’en dira-t-on, souhaiterait que ces parrainages soient secrets. Ce n’est pas non plus une solution. Les parrainages n’ont pas à être honteux, la démocratie exige la transparence.
Pourquoi ne pas imaginer plutôt le parrainage de 50 ou 100.000 simples citoyens ? Cela éliminerait les plus farfelus. Cheminade qui se représente cette année et qui affirme avoir déjà les fameuses 500 signatures n’avait obtenu que 79.000 voix lors de sa dernière tentative en 1995.
Cela dit, à chaque élection, la famille Le Pen nous fait le même coup en s’étranglant : le système veut nous empêcher de nous présenter. C’est habile. Cela permet au Front National de se présenter en grand défenseur de la démocratie face de « la dictature de l’UMPS ». Mais jusqu’à présent le candidat du Front National a toujours eu ses 500 signatures.
Il serait d’ailleurs d’autant plus scandaleux que Marine Le Pen ne puisse pas concourir cette année que la grande question que chacun se pose est de savoir si Sarkozy sera rejeté par les électeurs au point que le second tour oppose Hollande à Marine Le Pen.