Le « fiasco » d’un quinquennat contre les « mensonges » d’un programme.
Personne ne peut reprocher à Nicolas Sarkozy d’être candidat à sa réélection. Tous nos présidents se sont toujours représentés. De Gaule en 1965, Giscard en 1981, Mitterrand en 1988, Chirac en 2002. Tous ont voulu soit, pour de Gaulle et Giscard, poursuivre leur politique soit, dans les cas de cohabitation, pour Mitterrand et Chirac, corriger celle que leur avait imposée leur Premier ministre.
Sarkozy se retrouve donc dans la situation de Giscard en 1981. Ce n’est pas de très bon augure pour lui. D’autant plus que son bilan est bien pire que ne l’était celui de Giscard et qu’il est rejeté « physiquement » par l’opinion beaucoup plus violemment que ne l’était ce même Giscard en 1981.
Giscard avait évoqué le premier choc pétrolier pour expliquer ses échecs. Sarkozy va nous répéter indéfiniment que la crise actuelle frappe la planète toute entière, qu’elle est la pire qu’on ait jamais connue et que, grâce à lui, la France s’en est plutôt mieux -ou plutôt moins mal- sortie que beaucoup d’autres.
D’abord, ce n’est pas un argument. Les électeurs n’accordent jamais de circonstances atténuantes aux candidats. Ensuite, on peut se demander si le rejet actuel dont est victime le candidat-président ne vient pas moins de son bilan en effet épouvantable que de sa personnalité même. Depuis des mois, une majorité de Français ne le supporte plus et ne semble pas prête à lui pardonner ni son côté bling-bling (même s’il a tenté de l’atténuer), ni ses zigzags idéologiques. Aux yeux de beaucoup d’électeurs, y compris de droite, « ce type ne saura jamais faire président ».
A l’Elysée, on était persuadé que l’annonce officielle de la candidature provoquerait « un choc » dans l’opinion. Il semble bien que ce n’ait pas été le cas. D’après les tout premiers sondages, Sarkozy n’aurait gagné qu’un seul point en mettant fin à « l’énorme suspens ».
Il faut d’ailleurs dire cette intervention au journal télévisé de 20 heures a été décevante. Non seulement tout le monde s’attendait, bien sûr, à ce qu’il annonce sa candidature, il n’y a donc eu aucun « effet de surprise », mais surtout certains espéraient qu’il reconnaitrait et expliquerait les innombrables erreurs de son quinquennat, qu’il fixerait un cap fort pour l’avenir, avec des idées vraiment neuves, avec « une vision », et que l’ensemble serait animé d’« un souffle ».
Nous n’avons eu rien de tout cela. Il se représente, nous a-t-il dit, pour ne pas avoir l’air de nous abandonner au milieu de la tempête. Or, depuis des mois, les passagers qui en ont assez d’être ballotés d’un récif à l’autre, lui demandent de quitter le navire, certains semblant même avoir envie de le balancer par-dessus bord. Le coup du « Je fais le sacrifice de ma personne à la France » a déjà servi mais n’a pas laissé un bon souvenir.
Cela dit, on sait maintenant sur quels thèmes va se jouer cette campagne. Au-delà des slogans –« Une France forte » pour Sarkozy, « Le changement maintenant » pour Hollande- qui sont aussi faiblards l’un que l’autre, Hollande va attaquer sur le bilan du président sortant, Sarkozy va riposter sur le programme de son adversaire. Le ton est déjà donné. Pour Hollande le bilan de Sarkozy est « un fiasco », pour Sarkozy le programme de Hollande « qui ment jour et nuit » n’est qu’un tissu de fausses promesses.
L’ennui pour Sarkozy c’est que personne ne peut nier que son quinquennat ait été « un fiasco » alors qu’il est beaucoup plus difficile –jusqu’à preuve du contraire- d’affirmer que Hollande nous ment délibérément en nous promettant monts et merveilles. Entre un président qui nous a « plombés », même avec des circonstances atténuantes, et qui nous sort par les yeux et un candidat qui nous promet de nous raser gratis demain, le combat est évidemment inégal.
Mais Sarkozy est un bon animal de campagne. Il va se battre et se débattre comme un fauve blessé dans son amour propre et qui tient à rester le roi des animaux. Il va donc pendant ces deux mois à venir, nous sortir de son chapeau des gadgets alléchants. Les deux premiers –recourir aux référendums et transformer les allocations chômage en aides (forcées) à la formation- semblent déjà avoir fait flop. Il va falloir qu’il trouve autre chose.
Hollande, lui, ressemble de plus en plus à un vieil éléphant qui regarde le fauve blessé s’agiter et essayer de lui mordiller les pattes.
En fait, mais on le savait depuis longtemps, tout va se jouer, non pas sur l’adhésion et l’enthousiasme mais sur le rejet de l’un ou de l’autre. Quand les sondages donnaient 60% des voix à Hollande au deuxième tour, on savait que, sur ces 60%, 20% votaient Hollande par adhésion et 40% par rejet de Sarkozy. Ce sont ces 40% que Sarkozy doit « travailler ». Ce ne sera pas facile. Mais il peut toujours espérer qu’un certain nombre d’électeurs se mette, dans ces dernières semaines, à rejeter Holland en s’apercevant qu’il est socialiste et que son programme est tout de même terriblement utopique.
Quel que soit le vainqueur, on sait déjà qu’il l’aura emporté par défaut. Ce n’est pas réjouissant.
Mots-clefs : Hollande, présidentielle, Sarkozy
17 Fév 2012 19:55 1. UBU 53
Comment, ne serait ce qu’une fraction de milliseconde, croire les déclarations du Candidat (non candidat mais candidat quand même)affirmant que son souci majeur est de donner la parole aux citoyens alors qu’il continue à faire passer ses ukases à l’assemblée nationale godillot comme aujourd’hui.
17 Fév 2012 21:50 2. chombart
Sarkozy a joué dans MATRIX, c’est sur, car il sait déjà qu’Hollande va faire des erreurs. C’est vraiment n’importe quoi ce « président » ; s’il avait été visionnaire, on ne serait pas dans une telle merde !
Quand il impute sa propre nullité à la crise, il devrait parler des crises, car, si je ne m’abuse, il y en a eu 2 majeures durant son quinquennat. Et quelles solutions a-t’il proposé dans les 2 cas : le refinancement des banques !
Le remède n’a pas marché pour la première crise, c’est pas grave, on va le remettre pour solutionner la deuxième ! Du grand génie ce Sarko ! On ne change pas une équipe qui perd, du Domenech dans le texte !
Par contre, pour changer le système qui contribue à la faillite, plus personne ! Normal, il faudrait taper sur ceux qui lui ont permis d’être élu.
A Einstein disait : « aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré ». Allez Nico, médite, sur un malentendu, ça peut marcher !
18 Fév 2012 9:04 3. jean
@Chombart, En même temps, pas besoin d’être devin pour dire que Hollande va se planter, juste une question de bon sens (même si Sarko n’en a pas en rab’)… Que peut-on attendre d’un candidat qui bafouille, vous le voyez faire un discours a l’ONU, bafouiller dans un anglais approximatif a Cameron ou Obama… Soyons sérieux 5 minutes…
Moi, j’aimerai bien connaître le curriculum de nos candidats, plus s’attarder sur leur formation et leurs connaissances que sur leur programme… Dans le monde d’aujourd’hui avoir un président qui parle et comprend correctement plusieurs langues serait un plus par exemple, pouvoir s’exprimer avec Obama ou Merkel sans traducteur lui donnerai plus de crédibilité…
18 Fév 2012 9:05 4. jean
Quand a Sarko, je propose qu’on l’oubli, il fini dans 2 mois, c’est très bien ainsi… Passons a autre chose…
18 Fév 2012 10:48 5. drazig
En 2007, nous avions à choisir entre Sarko et Sego; en 2012, il nous faudra choisir entre Sarko et l’ex de Sego. Tant d’aventure me donne des frissons!
18 Fév 2012 11:01 6. reims
beaucoup des qualités que vous recherchez semble t-il en vain chez les candidats dits « majeurs »….vous les avez chez Dominique de Villepin
-3 langues couramment parlées (espagnol, anglais , français)
-un CV qui parle , n’en déplaise à beaucoup d’Umpistes et autres
-une expérience du plus haut niveau de l’Etat
-et puis une personnalité qui saute aux yeux pour peu qu’on fasse preuve d’honnêteté.
Les Français vont bien finir par faire la différence (on dirait que ça vient voir : ( estimations2012.fr)
18 Fév 2012 11:54 7. jean
@Reims Merci de parler de candidats « surmédiatisés », et non de candidats « majeurs » =)
18 Fév 2012 13:40 8. drazig
@Reims et jean
C’est justement cette « expérience » qui me gêne chez Villepin!
18 Fév 2012 13:47 9. orbes
@Jean
»
François Hollande suit des études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly, à Paris. Il effectue ensuite une licence en droit à la faculté de Paris. 1974 : il entre à HEC, et ensuite à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. 1980 : il est diplômé de l’ENA, l’école nationale d’administration, dans la promotion Voltaire (la même que Ségolène Royal).
Pa rc o ur s po li t iqu e
1974 : étudiant en Sciences Politiques, il préside l’Unef-renouveau, l’union nationale des étudiants de France, proche du parti communiste. 1979 : François Hollande rejoint les rangs du Parti Socialiste et devient conseiller de Mitterrand pour ce qui concerne les questions économiques. 1988 : Il devient député de la première circonscription de Corrèze. 1995 : Il est nommé porte-parole et chargé de presse du parti PS par Lionel Jospin. 1997 : Il est nommé premier secrétaire du Parti Socialiste. 1999 : François Hollande devient député européen. 2001 : Il est élu maire de la ville de Tulle. 2007 : Il renonce à se présenter aux élections présidentielles et s’efface en faveur de Ségolène Royal, qui échouera face à Sarkozy. 2008 : Il devient président du conseil général de la Corrèze. 9 octobre 2011 : François Hollande est qualifié pour le second tour des primaires socialistes avec Martine Aubry. Favori des sondages, il est soutenu par tous les candidats éliminés au premier tour, notamment Ségolène Royal.
18 Fév 2012 14:18 10. jean
@Orbes Merci mais j’avais déjà consulté Wikipédia =) D’ailleurs dans la promotion Voltaire on retrouve si je ne m’abuse Villepin.
Je disais juste qu’en général, le parcours des candidats n’est pas assez pris en compte, on parle juste d’un programme qui en général n’est pas appliqué…