Le « clivage » dans les broutilles
Après le mariage des homosexuels, l’euthanasie et le vote des étrangers, voici que l’ouverture des magasins le dimanche apparait au cœur de la campagne présidentielle. Mais de qui se moque-t-on ? Sans aucun doute des électeurs.
La France est au bord de la catastrophe, les Français sont désespérés et quelques lobbies parviennent à placer leurs idées fixes dans notre grand débat politique quinquennal qui doit décider de l’avenir du pays. On va sans doute bientôt évoquer le droit de fumer dans les lieux publics et le port obligatoire de la ceinture en voiture !
On dira que, pour les homosexuels, les familles d’agonisant, les immigrés, les petits commerçants, les fumeurs et les automobilistes, ce sont là des questions importantes. Mais il faut bien reconnaitre qu’elles sont parfaitement dérisoires quand il s’agit de faire face à une dette de 1.700 milliards, au drame de 4,7 millions de chômeurs et de 8 millions de Français qui survivent sous la ligne de pauvreté, à un déficit abyssal de notre balance du commerce extérieur, à un délitement de tous nos services publics que ce soit l’école ou les hôpitaux. Et sans parler d’une crise de conscience sans pareille qui fait que les Français ne savent plus ni qui ils sont ni où ils vont.
Va-t-on reconstruire la France, redonner cœur aux Français en autorisant l’ouverture des magasins le dimanche ?
Il parait que tous ces thèmes sont « clivants » puisque c’est le nouveau mot à la mode pour cette campagne. A gauche, on serait pour le mariage des homosexuels, l’euthanasie, le vote des étrangers, à droite, on serait contre et on serait pour l’ouverture des magasins le jour du Seigneur. Mais si la droite et la gauche n’ont rien d’autre à nous présenter pour se différencier, il ne faudra pas s’étonner que l’absentéisme et les votes extrémistes battent tous les records passés.
Les problèmes d’aujourd’hui sont nombreux : où mettre « le curseur » entre une austérité inévitable et une croissance indispensable, jusqu’où peut-on réduire la solidarité (peut-être en la limitant à ceux qui en ont réellement besoin ?), comment créer une véritable dynamique d’innovation pour réveiller notre économie, faut-il continuer à foncer tête baissée vers une Europe fédérale ou freiner des quatre fers pour retourner à l’Europe de Nations qu’on nous avait promise.
C’est en écoutant les réponses à ces (vraies) questions que les électeurs choisiront.
Ce ne sera ni en organisant des noces pour les homosexuels, ni en achevant les incurables, ni en faisant voter les étrangers, ni en ouvrant les magasins de dimanche qu’on sauvera la France. Il serait temps qu’on se mette à parler des choses sérieuses puisqu’il y va tout de même de la survie du pays.
Mots-clefs : présidentielle
18 Fév 2012 17:56 1. laurentdup
Vous avez entièrement raison Monsieur DESJARDINS, finit les broutilles, revenons en à la survie du pays…bref à mon pouvoir d’achat. J’ai un pile « comme-ça » de pv pour stationnements dépassés, je pense qu’une petite amnistie générale devrait relancer l’industrie.
Trêve de plaisanterie, le travail du dimanche n’est pas selon moi une demande des petits commerçants mais bien celle de la grande distribution (inclus certaines grosses franchises)Son application cliverait encore un peu plus du monde « réel » les salariés de ces entreprises.Je ne vois pas pourquoi NS se jette dans cette aventure si ce n’est pour faire plaisir à ses « grands » camarades.
19 Fév 2012 1:56 2. laurentdup
Je fais des fautes d’orthographe et surtout de conjugaison, je ne vais pas toutes les évacuées, mais je vais faire plus attention….c’est ma contribution à la relance de la consommation…de mes posts!
19 Fév 2012 8:57 3. Houzi
Saine mise au point !
Le PS est le grand responsable de ce vaudeville où les électeurs sont cocus. Le PS qui ne propose pas de véritable alternative au système capitaliste que la Droite dans son rôle naturel défend.
Pour sauvegarder les apparences d’un débat démocratique, les spins doctors des deux bords, en sont à rechercher désespérément des sujets societaux « clivants ». Il faut bien donner l’impression au citoyen de base que c’est lui qui décide et qu’il a le choix !
Le débat démocratique n’est plus ce qu’il devrait être, un peu comme un sport devenu une vaste rigolade, je veux parler du catch.
19 Fév 2012 18:22 4. Patrick-Louis Vincent
« faut-il continuer à foncer tête baissée vers une Europe fédérale ou freiner des quatre fers pour retourner à l’Europe de Nations qu’on nous avait promise. »
C’est effectivement le seul débat qui devrait avoir lieu sur les ondes. Il se passe quelque chose d’extraordinaire en Grèce. Voilà un pays qui n’a plus de gouvernement élu démocratiquement, qui est mis sous tutelle de la troïka. Les Grecs voient leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil, le smic ramené à 500€, leur taux de chômage monter à 21% et 50% pour les moins de 25 ans, les retraites baisser de 30%, etc…
La Grèce est le grand laboratoire de l’Europe technocratique. Si toutes ces mesures passent sans que le peuple ne renverse le gouvernement, cela voudra dire, pour les technocrates banquiers de la Troïka, qu’ils peuvent construire l’Europe fédérale contre les peuples. Si, au contraire, le peuple grec réagit et fait la révolution, cela signifie, pour les élites de Bruxelles, que l’Europe fédérale ne se fera pas sans l’assentiment des peuples.
Ce qui se passe en Grèce est donc de la première importance pour tous les peuples de la Méditerranée. Or, l’on ne parle que de pécadilles sans intérêt et surtout qui n’auront aucun impact sur notre avenir. C’est pourquoi l’avenir de la démocratie en Europe qui est en jeu.