Cucul-la-praline
C’est, nous raconte-t-on, une photo « volée » et on ajoute même qu’une enquête est menée pour trouver le coupable. La photo circule, bien sûr, partout. On y voit Carla embrasser très amoureusement Nicolas. Le document a été pris dans les studios de TF1 quelques instants avant le journal télévisé au cours duquel Sarkozy nous a annoncé qu’il se représentait.
Personne ayant déjà suivi un chef de l’Etat dans un studio de télévision ne peut croire un seul instant qu’un paparazzi ait pu se faufiler au milieu des gardes du corps de l’Elysée et du service de sécurité de la chaîne de télévision. Peu d’endroits sont aussi « fliqués » que les studios de télévision, a fortiori quand s’y trouve un président de la République.
Cette photo n’a pas été « volée », elle a été commandée. Les électrices de l’UMP (de plus de 50 ans) la trouveront sûrement charmante. Elles seront, peut-être, rassurées, tout va bien dans le couple ; elles seront, sans doute, émues, malgré la crise, malgré les sondages, le président-candidat reste un grand amoureux devant l’éternel. Mais il est moins sûr que cette première image « people » de la campagne sarkoziste séduise la majorité des électeurs.
On sait que Nicolas Sarkozy a toujours aimé jouer les grands sentimentaux. On se souvient des innombrables clichés avec Cécilia où le ministre de l’Intérieur n’hésitait pas, déjà, à pourlécher son épouse d’alors. Personne n’a oublié non plus les photos parfaitement insupportables d’Eurodisney ou de Pétra.
Tout étant toujours savamment réfléchi, préparé, organisé en sarkozie, cette nouvelle photo « volée » permet d’imaginer que le candidat-président va essayer de « la jouer sympa », brave type, humain, romantique. Il se souvient peut-être que Chirac, en 1995, avait battu son grand homme Balladur simplement parce que les Français avaient fini par le trouver, justement, « sympa ».
Cela dit, sur ce thème-là, Sarkozy a un retard considérable à rattraper. On ne peut pas dire qu’en jouant les briseurs de grèves, les chasseurs de roms, les pourfendeurs de faux malades ou de faux chômeurs et les copains du CAC40, il se soit montré particulièrement sympa pendant son quinquennat ni que le préambule de sa campagne, avec l’interview du Figaro Magazine, l’ait montré sous un jour meilleur.
Il veut jouer « les durs », bien « à droite toute », bien « réac ». Face à la situation actuelle, pourquoi pas ? Mais alors il doit renoncer aux photos glamour. Sinon, il verse dans « le cucul-la-praline ».
Cette photo « volée » est parfaitement ridicule et démontre qu’après tout un quinquennat, Sarkozy ne sait toujours pas « faire président ». Faut-il pour autant lui refaire faire un stage de cinq ans ?
18 Fév 2012 20:44 1. Flyin'Dutch
Son seul argument face à Hollande, c’est de montrer que Carla Bruni est mieux que Valérie Trierweiller.
19 Fév 2012 8:15 2. Bernard Choque
Tout cela est bel et bon, M. Desjardins, bien sûr qu’on nous enfume (Guéant, Vanneste, Carla, e tutti quanti)…
Et si on parlait un peu ici de ce qui se joue ces tout prochains jours, et qui menace de réduire à néant le peu qui nous reste de controle démocratique, à savoir le vote mardi du M.E.S (mécanisme européen de stabilité), leque^l transfère tout simplement les pouvoirs budégtaires des pays membres à un consortium de gouverneurs sans recours ni appel possibles, soit la prise de pouvoir totale de la finance sur le politique.
« Le sujet n’intéresse pas les médias.[…] Ce sujet ignoré et pourtant capital ? Le MES, pour « Mécanisme européen de stabilité ».
Il s’agit du successeur du FESF, le « Fonds européen de stabilité financière ». Obscur ? A l’évidence. Pour faire simple, le MES est un dispositif de soutien aux Etats européens en difficulté. Sauf que le texte du MES contient implicitement les germes d’une règle d’or généralisée à l’échelle de l’Union européenne. Car pour pouvoir à terme bénéficier des aides du Mécanisme européen de stabilité, les Etats doivent s’engager à accepter la discipline budgétaire très rigoriste contenu dans le nouveau traité européen appelé traité TSCG ou traité Merkel-Sarkozy. Un traité que François Hollande dit vouloir renégocier, s’il est élu à l’Elysée, pour y introduire « un volet de croissance et d’emploi ». Sauf que le PS va devoir se prononcer sur le MES dès ce mardi, le texte passant ce jour-là devant l’Assemblée nationale avant de rejoindre le Sénat.[…] Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche ont saisi très tôt le paradoxe qui consiste à voter en faveur du MES et vouloir renégocier par la suite le traité, les deux dispositifs étant étroitement imbriqués. […]le patron du Front de gauche a d’ailleurs vivement interpelé son adversaire du PS : « Quand François Hollande dit “moi, je veux renégocier le traité”, dont acte, je peux l’entendre. Mais alors qu’il commence par voter “non” le 21 février. Parce qu’on a jamais vu qu’on renégocie quelque chose qu’on a approuvé » ! (extrait de « Marianne2 »)
Aux dernières nouvelles, la majorité du PS a décidé de… s’abstenir (ça ne vous rappelle rien?)
Autant dire que ce sujet, dont personne ou presque ne parle, est crucial pour le choix du bulletin que nous glisserons dans l’urne, aux présidentielles, mais aussi aux législatives.
Désolé d’avoir été long, mais le sujet n’est pas simple.
En tout cas, merci M. Desjardins, votre blog est une des rares tribunes qui nous restent, où on peut s’exprimer sans avoir à montrer patte blanche ou payer un abonnement.
19 Fév 2012 9:05 3. Houzi
Comme toujours, il était entré et ressorti des studios de TF1 la main dans la main avec Carla… Les deux vieux roublards veulent ressembler à des collégiens enamourés.
Du même tonneau, on se souvient de la fausse larme de Cecilia que Nicolito avait fait semblant d’essuyer d’un pouce délicat.
… ça nous change de de Gaulle et Yvonne !
19 Fév 2012 9:38 4. Aristidelancien
Espérons que le débat électoralse jouera sur s’autres sujet et que quelques débats de fond sur les projets concrets des candidats viendront clairer la lanterne des Français réputés nuls en économie de marché et trop sensibles aux aides de l’économie sociale qui coûtent si cher aux contribuables et déséquilibrent nos entreprises …
Hélas, c’est sans doute un voeux pieux !
19 Fév 2012 9:51 5. MireilleLoretta
Détrompez-vous cher Aristide, le story-telling a déjà commencé. Il faut lire les blogs comme celui-ci pour garder un peu la tête froide.
L’offensive Carla est aussi présente dans les magazines TV, apparemment les spin doctors lui ont conseillé de jouer la cruche (et la moche si l’on regarde la photo de 20 minutes), ça doit être, en effet, ce qu’attend la ménagère UMP ; je suppose que c’est la ritournelle « j’ai changé » adaptée pour l’épouse.
19 Fév 2012 14:44 6. jean
@ Bernard, je suis entièrement d’accord avec vous.
Aujourd’hui, l’Europe est en crise, et j’ai beaucoup de mal a comprendre pourquoi c’est le seul pays qui est a peu près épargné qui donne les ordres, moi qui croyait bêtement que dans une démocratie la majorité s’imposait et non le plus fort.
Ce qu’il manque en Europe c’est un lider des pays en crise, ce sont ces pays qui doivent décider comment ils vont faire pour s’en sortir ensemble.
La solution qu’ils nous imposent ne peut que mal finir, demain, l’Europe pourrait sombrer dans la chaos…
19 Fév 2012 18:30 7. Patrick-Louis Vincent
J’ai déjà parlé du MES sur ce blog ; c’est un véritable coup d’état anti-démocratique. Ceux qui le composeront ne seront pas élus, et ne pourront pas être limogés, ni même poursuivis en justice. Ces gens-là seront au dessus des lois et des institutions. Le MES préfigure une dictature de l’oligarchie de la finance.
Après la Grèce, dont j’ai parlé dans le billet précédent, voilà un autre sujet qui ne sera pas abordé par les candidats.
Mais que fout donc MLP ? c’est à elle d’en parler, si elle est vraiment un candidat anti-système. Mais l’est-elle vraiment ?
19 Fév 2012 19:04 8. jean
@ PLV, J’ai un scoop, MLP est descendu au niveau de Hollande et Sarko…
A mon idée, mais je peux me tromper, le seul candidat « anti-systeme » est Asselineau, mais comme personne ne lui demande son avis, et encore moins les médias…