On nous avait annoncé que Nicolas Sarkozy allait, ce soir, faire une entrée en campagne en fanfare et que, même s’il n’annonçait pas sa candidature, il allait partir à la reconquête de son électorat la fleur au fusil « avec des idées neuves et fortes ».
Attendons les sondages de la semaine pour voir s’il a convaincu les Français. Il a actuellement sept points de retard sur François Hollande pour le premier tour des présidentielles. 30%-23%. C’est beaucoup.
En fait, on connaissait déjà « les idées neuves et fortes » que l’Elysée et l’UMP avaient fait « fuiter » depuis plusieurs jours. Pour l’essentiel, il n’a fait que confirmer les rumeurs.
Afin de redonner un peu de compétitivité à notre économie, il baisse les charges patronales (d’environ 13 milliards) et, pour compenser ce manque à gagner de l’Etat, il augmente la TVA de 1,6 point (elle passera de 19,6% à 21,2%), il augmente de 2 points la CGS sur les revenus financiers et il instaure une taxe sur les transactions financières de 0,1%.
Tous les experts sont unanimes pour affirmer que cette baisse des charges patronales ne suffira pas pour nous redonner la moindre compétitivité, que cette TVA qu’on n’ose plus qualifier de « sociale » fera augmenter tous les prix et donc sera un très mauvais coup pour les classes moyennes et défavorisées et qu’il est absurde d’instaurer une taxe sur les transactions financières tant que tous les pays européens ne seront pas d’accord pour l’instaurer aussi chez eux.
La seule surprise de la soirée c’est l’autorisation qui sera donnée aux propriétaires de construire 30% de plus. Dès ce soir, les spécialistes de l’immobilier semblaient très partagés sur cette idée.
Mais, au-delà de ces annonces, le spectacle avait surtout un côté surréaliste. A moins de trois mois de la fin de son mandat, Sarkozy, se refusant toujours à annoncer sa candidature pour un nouveau quinquennat, nous annonçait des mesures qui ne seront, au mieux, mises réellement en application que dans six mois.
On pouvait donc lui reprocher, à la fois, de n’avoir pas pensé à toutes ces idées plus tôt, puisqu’il est depuis quatre ans et neuf mois au pouvoir, et de nous faire des promesses de Gascon puisqu’il n’est toujours pas officiellement candidat.
Mais ce qui était le plus étonnant c’était son ton et sa mine. C’était sans doute la première fois qu’on le voyait modeste. Il reconnaissait presque qu’il n’avait, peut-être, pas toujours eu raison, que ses choix lui étaient imposés par les circonstances, qu’il allait écouter les autres. Modeste et penaud même. Comme le mauvais élève qui doit présenter son carnet de notes.
Il n’y a aucun doute que, comme l’avaient perçu quelques journalistes qui l’accompagnaient en Guyane, il a « le moral au fond des chaussettes » et qu’« il ne la ramène plus ». On est loin du Sarko triomphant d’il n’y a pas si longtemps encore.
Et pourtant, il est toujours sûr de lui, si ce n’est de sa victoire. Il est toujours convaincu qu’il est bien meilleur que François Hollande. Il va donc se battre comme un lion. Ca, il fait faire. Mais, roublard, il ne sera plus ni superbe ni généreux. Il ne rugira plus. Il va nous jouer le vieux lion, pelé, un peu fatigué, le corps couvert de blessures.
Il va essayer d’attendrir l’électorat de droite en répétant inlassablement qu’il a fait ce qu’il a pu, qu’il a eu à affronter des difficultés incroyables, que personne n’aurait pu mieux faire que lui. Ca peut payer. Mais ça manque cruellement de vision, d’élan, d’espoir. La France aurait aujourd’hui besoin d’un cap. Il ne l’a pas désigné, ce soir. Il est sûr de lui mais il est surtout sur la défensive.

Mots-clefs : ,