Peut-on faire rêver au milieu d’un cauchemar ?
La remontée de Nicolas Sarkozy dans les sondages réjouit, bien sûr, ses partisans et étonne les observateurs.
Certes, le Président est encore bien loin derrière François Hollande dans les intentions de vote mais ces quelques points qu’il vient de gagner permettent à certains d’imaginer que les Français, terrifiés par la crise qui ne fait que s’aggraver et en face de laquelle personne ne semble avoir la moindre solution, pourraient dans six mois préférer garder celui qui est aux commandes plutôt que de s’aventurer avec un débutant.
Un sarkoziste de choc et qui n’a pas peur du ridicule vient de déclarer : « On ne remplace pas Churchill pendant la guerre ». Nous sommes, effectivement, en guerre mais Sarkozy n’est malheureusement pas Churchill.
La question est simple : quand on est dans la tempête, au milieu du gué, faut-il changer une équipe… qui perd ?
A l’Elysée, on nous répète en boucle que la crise est mondiale, que Sarkozy a trouvé une situation déjà catastrophique en 2007, qu’il se démène avec une énergie digne de tous les éloges et que ça va nettement moins mal chez nous qu’en Grèce, qu’au Portugal, qu’en Espagne ou qu’en Italie.
En clair, de tous les « pays Club Med’ », la France serait celui qui s’en sortirait le mieux, grâce, bien sûr, à Sarkozy. Le problème est que les Français ne veulent pas admettre que la France soit un pays Club Med’ et quand on leur raconte que ça va beaucoup mieux ici qu’en Espagne ou qu’en Italie ils font remarquer que ça va beaucoup moins bien qu’en Allemagne, qu’en Hollande ou que dans tous les pays « sérieux » du nord de l’Europe.
Personne ne conteste que Sarkozy se démène comme un beau diable. Mais, pour l’instant, on ne voit pas à quoi ont bien pu servir ses innombrables rencontres avec Angela Merkel, ses sommets européens à répétition, ses rencontres planétaires du G8 ou du G20, ses projets de gouvernance économique européenne ou de moralisation mondiale de la vie financière. Jusqu’à présent, le grand spectacle qu’il nous a offert régulièrement n’a été que du cinéma et ses déclarations les plus solennelles n’ont été que de l’esbroufe.
Enfin, nous dire qu’il n’est en rien responsable de la situation ne peut que faire sourire. La droite est au pouvoir depuis dix ans, il est à l’Elysée depuis quatre ans et demi et, avec sa politique et ses « cadeaux aux riches », il a considérablement aggravé tous nos déficits, tout en étant totalement incapable de s’attaquer au drame du chômage, à la fracture sociale qui a considérablement empiré, à la désindustrialisation du pays ou au déséquilibre de notre balance commerciale.
En principe donc il devrait connaître le même sort que tous les autres dirigeants des pays Club Med’ : la porte. Comme Papandréou, Berlusconi, ou, très bientôt, Zapatero.
Mais il y a une différence. Contrairement aux Grecs, aux Italiens ou aux Espagnols, les Français ne sont pas (encore ?) descendus dans la rue. Leur « indignation » s’est limitée à acheter la plaquette de Stéphane Hessel et à jouer au yoyo avec les sondages.
Sarkozy n’a pas (encore ?) en face de lui des foules désespérées. Il n’a pour le fustiger qu’un apparatchik socialiste bon teint (« un capitaine de pédalo » dit Mélenchon) qui, après avoir eu la chance de voir éliminer, dans des circonstances invraisemblables, le candidat qui semblait s’imposer, a su terrasser ses camarades plus audacieux.
Comme tous les challengers, il veut faire rêver. C’est l’éternel « Demain, on rasera gratis », on embauchera des fonctionnaires, on fera payer les riches, avec, bien sûr, entre les lignes, la fameuse référence chiraquienne « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».
Or, on ne fait pas rêver au milieu d’un cauchemar. Churchill, puisqu’on fait désormais référence à lui, n’avait pas promis des lendemains enchanteurs aux Anglais. Il leur avait promis, certes, la victoire mais surtout du sang et des larmes.
Hollande doit évidemment changer son discours. Mais, en face d’un Président encore rejeté très majoritairement, qui a « tout essayé et tout raté », a-t-il une chance de garder son avance en promettant soudain du sang et des larmes ?
On nous dit que tout va se jouer sur « la crédibilité ». C’est sûrement vrai. Si ce n’est qu’un candidat sortant n’est plus crédible après cinq ans d’échecs et qu’un challenger qui veut faire rêver ne l’est pas davantage.
13 Nov 2011 16:12 1. Patrick-Louis Vincent
Hollande doit changer son discours, dîtes-vous ! il doit surtout changer de programme. Il le pourrait, s’il le voulait, car les Français sont prêts à entendre un discours de vérité. Mais empêtré dans les querelles partisanes au sein du parti socialiste, et avec un Mélanchon à sa gauche et des écologistes qui veulent donner leurs conditions pour un soutien au 2ème tour, Hollande a finalement très peu de liberté de manoeuvre. Il est trop faible pour cela. N’est pas Mittérand qui veut !
Sarkozy, lui, n’a pas commencer sa campagne. L’on sait simplement qu’il veut un rapprochement avec l’Allemagne. Il se prépare, de chaque côté du Rhin, une petite révolution. Les petites phrases de Schaüble et de Sarkozy à Strasbourg, laisse nettement entendre qu’il se prépare une Europe des 5 (Allemagne, France et Bélelux) avec un gouvernement économique commun. C’est une Europe de poupées russes que l’on nous prépare, avec l’euroland de 17 pays à l’intérieur de l’Union Européenne à 27 et ce rapprochement de 5 pays à l’intérieur de l’Euroland. Je ne sais pas si les Français vont s’y retrouver. Mais l’horizon est net. Les Allemands veulent fédéraliser l’Europe, et comme ce n’est pas possible à 17, et encore moins à 27, l’on va commencer par le faire à 5.
Bien entendu, cette entité à 5 sera dominée par l’Allemagne avec leurs alliés Luxembourgeois, néerlandais et Flamands. L’on voit mal la France, sans son triple A, et avec l’appui de la Wallonie en faillite, imposer sa loi au bloc germanique.
Est-ce bien cela que les Français veulent ??? Après tout, pourquoi pas. Nous en reviendrions, grosso modo, aux frontières sous Charlemagne. Il manque juste Charlemagne !
13 Nov 2011 16:56 2. bentolila
Genevieve de Fontenay obligée de manger son chapeau. En effet la justice vient de lui interdire l’élection de miss nationale…
Oui Lulu bien cuit le chapeau.
2011 sera l’année de tous les dangers car si vous additionnez votre age à celui de l’année de votre naissance vous obtenez le chiffre fatidique.
13 Nov 2011 18:10 3. Alain Bellemere
Sarkozy grimpant avec lenteur, mais sûrement dans les sondages s’interrogent sur ses réverses de voix pour le second tour, les suppositions vont bon train puisque l’optimisme est de retour, mais que faire pour séduire l’électorat du FL? Sarkozy avait en 2007 démarré sur des chapeaux de roues, aujourd’hui n’étant plus le maître du temps, son bilan est catastrophique, avant de se moquer de l’Italie avec des sourires complices avec l’Allemagne, il devrait modérer ses assauts dans tous les sens comme une girouette folle. L’élection présidentiellle se rapproche à grands pas et ses priorités sont encore dans le flou, à moins de copier les idées soulignées de Marine Le Pen qui monte aussi vite que lui dans les sondages. Hollande n’est plus en état de grâce après le succès des Primaires, le modèle de rationnalité économique a vécu, les sujets proposés et leur arsenal ne faisant plus recettes avec la crise en pleine figure, il stagne et se cherche un autre tremplin pour rebondir à nouveau. Son équipe se charge en coulisses de lui déblayer le terrain, de cimenter son socle et ainsi rassurer l’opinion favorable du PS avec de nouvelles idées pour l’avenir, avaler les vipères du passé, crever les baudruches des emplois envoyés en l’air et se tourner sur des priorités indispensables à la marche du bonheur des Français. La survivance de la France et de l’Europe est à ce prix, c’est souvent dans les périodes noires que l’on s’aperçoit du gavage d’un pays, qui finit par tomber maladie par l’excès de tout. Le moment de rigueur a sonné avec l’application de rustines et de cataplasmes, le vote Le Pen est devenu un recours au moindre problème de notre société perdue avec ses valeurs, mais l’agonie est bien là.
13 Nov 2011 18:40 4. Patrick-Louis Vincent
Le temps presse. L’Allemagne et la France travaillent d’arrache-pied pour créer rapidement un euro-mark auquel la France serait et un euro-sud pour les autres. Il paraît même que les Allemands, au cas où le projet ne pourrait aboutir dans des délais courts, imprimeraient des marks et se retireraient de la zone euro.
Si tout cela se confirme, Hollande, avec ses eurobonds, apparaîtra complètement largué.
14 Nov 2011 7:49 5. Houzi
Bien sûr que si, SARKOZY a sa très grande part dans la crise actuelle. Car cette crise, c’est la faillite du système dont en FRANCE il a toujours été un fervent partisan, tendance libéralo-américanophile.
En effet, SARKOZY appartient à la clique REAGAN THATCHER et autres CHICAGO BOYS qui n’avaient à la bouche que la dérégulation. Et rappelez-vous pendant la campagne de 2007, il en promettait des « moins d’impôts » (pour les riches) moins de règles pour les banquiers (avec la mise en place des crédits hypothécaires, pour faire comme son ami BUSH).
Il promettait déjà des déficits et du bordel dans la finance.
Le système qu’il a prôné pendant ses 30 années de carrière politique, a failli, SARKOZY ne saurait être réélu.
Qui l’a cru quand il a rodomonté « Les marchés libres c’est fini » lorsqu’il a proclamé avec ses petits poings fermés, « sus aux agences de notations »?
Qui peut le croire aujourd’hui lorsqu’il propose la taxe Tobin ?
Qui peut donner crédit à ce tordu qui a osé, lire la lettre d’adieu du jeune communiste Guy Moquet ?
14 Nov 2011 8:20 6. Patrick-Louis Vincent
Houzi,
Il faut arrêter de dire que la France est gouvernée de manière libérale. C’est exactement l’inverse. Je vous rappelle que, pour les libéraux, l’état se réduit aux fonctions régaliennes. Or, en France, l’état et la fonction publique sont omniprésents et omnipotents. C’est ce que l’on appelle l’état-providence et c’est de ce cela que l’on crève.
Du temps de Margaret Thatcher, le budget de l’état était équilibré. Elle avait l’habitude de dire que l’état devait être géré comme le budget d’une ménagère ; elle avait raison.
Non seulement Sarkozy n’a rien fait pour diminuer la puissance de l’état, mais il l’a renforcé en étendant, par exemple, les pouvoirs des préfets au détriment des élus, ou en étendant le pouvoir du parquet au détriment des juges d’instruction, ou en nommant directement le patron des chaînes de télévision d’état, etc…
14 Nov 2011 9:35 7. drazig
Houzi,
Avec 56% de prélèvements obligatoires (record du monde) et 100 milliards de dépenses en plus que l’Allemagne (qui ne crie pas misère) pour la fonction publique française, il est manifeste que nous ne sommes pas dans un système libéral.
14 Nov 2011 13:57 8. bentolila
Si il y a bien un acteur financier à dégrader c’est standard and poors.
Oui Lulu poors veut dire pauvre comme pauvre d’esprit…
14 Nov 2011 22:02 9. antennerelais
« Mais il y a une différence. Contrairement aux Grecs, aux Italiens ou aux Espagnols, les Français ne sont pas (encore ?) descendus dans la rue. »
Vous oubliez les manifestations à répétition de l’automne 2010. Elles ont frappé bien au-delà des frontières. Sans parler de « coup d’envoi », on peut dire qu’elles ont inspiré (au moins en partie) les mouvements suivants, y compris les premiers à suivre c’est-à-dire ceux d’Afrique du Nord ! Cf. détails et témoignages : http://tinyurl.com/2compqa