Nos députés: entre démagogie et inconscience
Nos députés viennent de refuser à une très large majorité de baisser leurs indemnités de 10% comme le leur proposait leur collègue de l’UMP Lionnel Luca.
On les comprend. Quand on touche déjà 5.200 € d’indemnités par mois (auxquels s’ajoutent de nombreuses petites grattes) on y tient. Personne ne souhaite voir ses revenus baisser. Et si le métier de parlementaire ne nécessite ni formation ni compétence et n’est pas particulièrement fatiguant, le job est terriblement précaire. Il n’y a que des CDD, éventuellement renouvelables.
Naturellement, on peut toujours dire que l’amendement de Luca était démagogique. C’est ce que se sont empressés de déclarer tous ces élus du peuple pour lesquels l’idée de perdre 52O € par mois était insupportable et relevait de l’atteinte à la démocratie et de la violation de nos principes les plus sacrés. Et il est vrai que ce ne sont pas ces quelques malheureux millions d’euros qu’on aurait ainsi économisés qui auraient pu renflouer les caisses d’un Etat dont la dette dépasse les 1.700 milliards.
L’idée était certes un brin démagogique mais elle était aussi symbolique. Alors que le gouvernement demande à tous, sur un ton très impératif, de « faire des efforts » et que le Parlement va entériner sans broncher toute une série de mesures de rigueur et d’austérité qui frapperont cruellement les Français, il aurait été symbolique pour ne pas dire sympathique que ceux qui approuvent par leurs votes cette politique soient les premiers à en subir les conséquences.
Le plus étonnant dans cette histoire c’est l’inconscience de nos députés. A croire qu’ils ne retournent jamais dans leur circonscription et qu’ils n’ont plus aucun contact avec leurs électeurs. A moins, bien sûr, qu’aucun d’entre eux n’ait l’intention de se représenter lors des prochaines législatives et qu’ils entendent tous se goinfrer sur la bête jusqu’à l’ultime dernier moment.
L’absentéisme est le « parti » politique qui compte le plus de militants, l’antiparlementarisme est à la mode plus que jamais, on reproche à nos élus de n’être plus que des godillots, à l’Assemblée de n’être plus qu’une chambre d’enregistrement d’où ne sort jamais la moindre idée neuve, la moindre proposition un peu constructive. Les débats du Palais Bourbon ne retiennent l’attention que quand ces gosses mal élevés se mettent à chahuter en s’envoyant des noms d’oiseau. Bref, de plus en plus de Français se demandent à quoi servent nos députés et estiment que le rapport qualité-prix n’est plus tolérable.
Ces Français auraient sûrement apprécié de voir, soudain, leurs élus sacrifier sur l’autel de la Patrie quelques miettes de leur gâteau. Par solidarité, puisqu’on nous rabâche ce mot, mais surtout par décence.
Comment ces députés vont-ils pouvoir affirmer à leurs électeurs que chacun doit désormais « faire des sacrifices pour sauver le pays » alors qu’ils viennent, eux, de refuser de sacrifier 520 € par mois ?
L’amendement de Luca était sans doute symbolique et peut-être démagogique mais son rejet est révélateur. Nos députés ne comprennent rien à la situation du pays. Ils ressemblent de plus en plus à la Cour de Versailles dans les années 1788, 1789. Encore du bon pain pour Marine Le Pen ou Mélenchon.
15 Nov 2011 16:24 1. Patrick-Louis Vincent
Et bien, espérons que lorsqu’ils auront à voter la baisse des retraites et des salaires des fonctionnaires, qu’ils se souviendront de ce vote-là et qu’ils voteront contre !!!!
15 Nov 2011 16:34 2. RAVEL
Je suis désolé de ne pas toujours pouvoir faire suivre vos « billets d’humeur » d’un commentaire, mais celui-ci colle tellement à ma façon de penser, que je profite de l’occasion pour vous remercier de la persévérance dont vous faîtes preuve en continuant de nous faire partager votre sens critique.