Le principe des vases communicants
Il faut bien dire que la pré-campagne de François Hollande commence assez mal. Depuis son « triomphe » des primaires, il n’a toujours pas réussi à revêtir le costume du challenger évident. Il n’a su ni réagir devant le fiasco du G20 (marqué par le triomphe de l’Allemagne et le refus des Chinois de nous venir en aide) ni s’en prendre au deuxième plan de rigueur présenté par François Fillon (injuste à bien des égards et, en tous les cas, déjà insuffisant).
Et voilà que l’accord signé, biffé, rétabli, contesté entre le PS et les Ecologistes provoque un psychodrame qui révèle au grand jour ce que tout le monde savait : le candidat du PS et celle d’Europe-Ecologie-Les Verts sont en désaccord total sur le problème du nucléaire.
Pourquoi diable ont-ils voulu nous faire le coup de l’union sacrée ? Si on comprend que les amis d’Eva Joly et plus encore ceux de Cécile Duflot meurent d’envie d’avoir des députés au soir des prochaines législatives et sont prêts à toutes les bassesses (sans pour autant se renier totalement) pour que le PS leur laisse un certain nombre de circonscriptions gagnables, on ne comprend pas pourquoi Hollande aurait besoin, avant le premier tour de la présidentielle, d’une alliance avec les Ecologistes qui vont, en tout état de cause, présenter Eva Joly contre lui.
Les socialistes savaient parfaitement que le problème du nucléaire était un « casus belli » entre eux et EELV. Il était donc absurde de vouloir parler d’un accord avant les résultats du premier tour de la présidentielle qui vont préciser le rapport des forces entre les uns et les autres et très vraisemblablement démontrer –avec la candidature d’Eva Joly- que les Ecologistes ne peuvent être par trop exigeants.
Quoi qu’il en soit, ces cafouillages ont mis un terme à l’état de grâce dont bénéficiait Hollande. Il va lui falloir maintenant redescendre sur terre et tenter de maintenir –pendant six mois, ce qui est bien long !- son avance, même réduite, sur Sarkozy.
Pour cela, il doit au plus tôt se défaire de son image de brave type banal, gentil mais indécis, de gauche mais pas trop, partisan de la rigueur budgétaire mais adepte de l’embauche à tours de bras de fonctionnaires. Il ne peut plus rester assis entre deux chaises : celle du candidat crédible en pleine crise et celle du démagogue inconscient en campagne.
La crise est telle que, pour la première fois peut-être, on ne pourra plus promettre n’importe quoi à tout le monde pour être élu. Ni qu’« en travaillant plus on gagnera plus », ni qu’on va « réduire la fracture sociale », ni qu’avec « la force tranquille » on va changer la face du monde, ni qu’on va ouvrir « un chantier de réformes ».
S’il veut garder son avance dans les sondages, Hollande ne doit nous faire miroiter ni des lendemains enchanteurs ni des aubes merveilleuses. Il doit nous promettre du sang et des larmes. C’est, évidemment, un discours difficile à tenir et, a fortiori, quand on veut séduire l’électorat de gauche qui est déjà celui qui souffre le plus.
On devine maintenant que –comme on s’en doutait- Sarkozy, lui, va reprendre ses thèmes de 2007.Pourquoi, quand on n’a rien de nouveau à mettre au menu, changer une recette qui a réussi ?
Pour Sarkozy, toute campagne, aussi bucolique soit-elle, est avant tout un terrain de chasse. Il tire sur tout ce qui bouge, il lance ses chiens tous azimuts, il sonne de la trompe. Ca va être la chasse aux immigrés (clandestins), aux (faux) chômeurs, aux (faux) malades, aux (vrais ou faux) tricheurs. Sarkozy est un grand chasseur de… boucs émissaires. Certes, quand on tire à la mitrailleuse lourde, il est toujours difficile d’être très précis et il arrive qu’on tue son propre chien. Mais qu’importe la pétarade plait aux badauds.
A l’Elysée, on se réjouit déjà des quelques points regagnés. On raconte que c’est grâce à la « crédibilité » qu’aurait acquise le Président face à la crise mais on sait parfaitement que c’est grâce à la déception des Français devant les premiers pas de Hollande.
Jusqu’à présent, la grande –la seule ?- chance de Hollande était le rejet massif dont Sarkozy avait à souffrir. Depuis quelques jours, on peut se demander si Sarkozy ne va pas retrouver quelques chances grâce à la désillusion des Français devant un candidat socialiste qui semble presque déjà dépassé par les événements qu’il faudra affronter dès mai prochain.
Les élections respectent toujours le principe des vases communicants. Les quelques points gagnés par Sarkozy sont ceux qu’a perdus Hollande.
Hollande a six mois pour se métamorphoser. Il sait maintenant que son adversaire va nous présenter ses plats habituels. A lui de nous préparer quelque chose de plus appétissant et d’à peu près comestible.
Si le président sortant a tort de verser déjà dans l’autosatisfaction, Hollande, lui, ne peut plus continuer à rester coi et à patauger dans les cafouillages.
17 Nov 2011 14:10 1. bentolila
Les verts voient rouges avec les roses. Eva peut être se fâcher l’ex future miss France….
17 Nov 2011 14:33 2. Patrick-Louis Vincent
Vous parlez de vases communicants entre Hollande et Sarkozy. Oui, mais, il n’y a pas deux vases, mais au moins trois. Marine Le Pen n’est pas loin de Sarkozy.
C’est curieux, depuis que MLP était donné en tête des sondages, les médias font silence sur sa campagne. Quand quelqu’un dérange, l’on commence par en rire, puis par le diaboliser. Si cela ne marche pas, la recette est de l’ignorer.
Au début, cela fonctionne. Loin des yeux, loin du coeur. MLP a donc un peu baissé dans les sondages. Mais, au fur et à mesure que les deux candidats des formations parlementaires vont s’étriper, le 3ème vase va se remplir à nouveau. La campagne ne commencera vraiment que lorsque Sarkozy aura déclaré sa candidature. C’est à ce moment-là que MLP reviendra sur le devant de la scène.
Au fait, les medias, si prompts à nous parler de l’ente entre le PS et les Verts, derrière le dos de leurs candidats respectifs, nous ont-ils parlé du voyage de MLP aux EU et des discussions qu’elle a eu avec des représentants républicains du Congrès ? Bien sûr que non ! cela aurait pu donner l’idée, aux Français, qu’elle avait une stature d’homme d’état, et qu’elle était prise très au sérieux outre-atlantique.
Le vase du Front National se remplit ; mais personne ne le voit, parce que personne n’en parle.
17 Nov 2011 19:07 3. Alain Bellemere
Pour conserver son avance devant Sarkozy et resacraliser la bonne entente déclarée, Hollande efface tout et modifie ou falsifie les quelques passages manquants de l’accord avec les Verts de rage. Pourquoi s’embêter avec des détails qui au fur et mesure se gommeront avec d’autres nécessités plus urgentes ,il vaut mieux être cool au début quitte à sauter sur des avancées pour être certain de son élection, ne pas br^ler les étapes. car Hollande n’a pas déposé les armes, juste un petit conciliabule pour calmer les quêteurs de sièges au Parlement. On a assisté à un troc, qui s’est terminé par une bataille de chiffonniers en colère, Hildalgo furieuse après Aubry , et Delanoë rejetant Dufflot aux portes de Paris, l’enthousiasme n’est plus dans le pathétique, mais semble enclin à rester en permanence sur ses gardes. La stratégie du néant masque une unité d’opinion comme une hypocrisie manifeste propre à un candidat sur un siège éjectable. On retiendra de cette journée à rebours, le mot « ambiguïté » mieux définit pour rabibocher tout ce petit monde effréné de Gauche contents de soustraire des doses de Plutonium de la liste noire, ce poison qui commençait à envenimer la campagne de Hollande. Le seul ennui avec ces demandes persécutrices lancées dès le début, risquent de proliférer, et cela ne sera pas dû au hasard, lorsque le niveau d’un des vases baissera subitement, le résultat de cette chimie alambiquée se révélera désastreuse pour lui.
18 Nov 2011 14:55 4. bentolila
Hollande atomisé par les verts ?
19 Nov 2011 12:57 5. cyrille
@PLV
« Au fait, les medias, si prompts à nous parler de l’ente entre le PS et les Verts, derrière le dos de leurs candidats respectifs, nous ont-ils parlé du voyage de MLP aux EU et des discussions qu’elle a eu avec des représentants républicains du Congrès ? Bien sûr que non ! cela aurait pu donner l’idée, aux Français, qu’elle avait une stature d’homme d’état, et qu’elle était prise très au sérieux outre-atlantique. »
soit vous faites de la provocation ,soit vous êtes bien mal renseigné ou pire vous êtes de mauvaise foi cher PLV…comment pouvez vous dire que MLP est prise très au sérieux de l’autre coté de l’atlantique; le « voyage » de MLP au EU à été une véritable catastrophe, un véritable calvaire. Les membres du congrès américain qu’elle devaient soit disant rencontrer se désistant l’un après l’autre, annulant RDV et déjeuner, victime d’après elle de « pressions » de « sarkozy » ou du « gouvernement Français »;
La cavalcade s’achève au bureau de Ron Paul, le fameux élu libertarien, candidat à la présidence des Etats-Unis, qui le matin encore faisait savoir qu’il ne pourrait pas recevoir Marine Le Pen. Le matin à l’hôtel, elle-même nous avait expliqué que Ron Paul avait annulé le rendez-vous pour des « raisons d’agenda » : son « staff » irait voir celui de Ron Paul mais elle-même ne s’y rendrait pas, disait-elle, son statut de député européenne méritant mieux que cela… Las, quand Marine Le Pen se précipite dans le bureau de Ron Paul, celui-ci vient justement de partir pour une série de votes dans l’hémicycle. La candidate du FN attend 50 minutes dans son bureau, avec ses collaborateurs, avant que Ron Paul ne revienne et consente à la voir, quelques minutes.D’ordinaire plutôt loquace, Ron Paul est aussi passé devant la haie de journalistes sans desserrer les dents, refusant de confirmer qu’il allait bien rencontrer la Française qui faisait tapisserie dans son bureau.
la malheureuse termina finalement sa journée en organisant une « conférence de presse » sur le trottoir du siège du FMI ou elle y alla de ses tirades habituelles sur la mondialisation…
Si c’est cela que vous appelé avoir une stature d’Homme d’état et l’envergure internationale…