Sarkozy-Hollande: la brute et le gentil
Nicolas Sarkozy sait maintenant qui il aura à affronter dans six mois. Ce sera François Hollande. Ce n’est pas une surprise. Tout l’annonçait, les sondages qui en avaient fait le grand favori de la gauche depuis l’élimination de Strauss-Kahn et les calculs que chacun avait pu faire au lendemain du premier tour des primaires. Manuel Valls, Ségolène Royal, Arnaud Montebourg (sans parler de Baylet) s’étant ralliés à lui, il y avait peu de chance que Martine Aubry puisse l’emporter.
Au passage, il faut tout de même noter –ce que bien peu d’observateurs ont fait jusqu’à présent- que ces fameuses primaires inédites qui devaient permettre de réunir toute la gauche et de faire désigner le meilleur des candidats de gauche par le peuple de gauche, au-delà des magouilles traditionnels des apparatchiks de la rue Solferino, se sont finalement limitées au seul PS (le figurant de service radical, Baylet, n’arrivant même pas à obtenir 1% des voix) et surtout qu’elles se sont soldées par un face-à-face entre la première secrétaire du parti et son prédécesseur. Un simple congrès du parti aurait permis exactement la même chose.
Cela dit, ces primaires ont tout de même permis aux « jeunes turcs », aux « dissidents » du parti, Valls à l’aile droite, Montebourg à l’aile gauche, de faire leur tour de piste en pleine lumière et de prendre date pour 2017. La relève est assurée. On aura Fillon et Copé d’un côté, Valls et Montebourg d’autre.
Mais ces primaires ont surtout été une fabuleuse opération de marketing pour le PS. Grâce à elles, pendant des semaines, le PS a occupé, gratuitement, tous nos écrans télévisés et toutes les pages politiques de tous nos journaux. La presse écrite ou audio-visuelle a accordé à leurs débats (internes) et aux résultats de leur premier tour et de leur second tour autant de place que s’il s’était agi de l’élection présidentielle elle-même. On comprend qu’à droite, certains ont regardé avec envie (et rage) ce fantastique « coup de pub » que s’est offert le PS. Sans parler de ceux qui se disent que de telles primaires à l’UMP auraient, peut-être, permis de dénicher un autre candidat que Sarkozy.
Reste maintenant à savoir ce que va faire François Hollande pendant ces six mois à venir. « Rassembler, toujours rassembler » nous dit-il. Ce ne sera pas le plus difficile quoi que puissent espérer Jean-François Copé ou Nadine Morano. Les affrontements à fleurets très mouchetés des primaires seront bien vite oubliés. Les socialistes ont perdu les trois dernières présidentielles. Ils sont donc prêts à avaler toutes les couleuvres et à mettre dans leurs poches toutes leurs divergences pour qu’un des leurs, et même un mollasson, puisse enfin entrer à l’Elysées.
Ce que Hollande doit faire maintenant, c’est convaincre les autres, tous ceux qui n’ont pas participé à ces primaires, qui ne veulent plus de Sarkozy mais qui hésitent encore à voter pour un apparatchik socialiste.
Mais on a déjà compris sur quel terrain il allait affronter Sarkozy. Il ne va pas être « l’homme de gauche » contre « l’homme de droite ». Il va être le brave type, le gentil, le modéré, le modeste, le gars « normal », toujours à la recherche de consensus contre le sortant de la droite dure, le méchant, la brute, l’ami des riches, celui qui a toujours été persuadé qu’il avait toujours raison. Oui, le gentil contre la brute. Dans les westerns c’est toujours le gentil qui finit par gagner.
Martine Aubry lui a rendu le plus grand des services au cours des primaires en l’accusant d’être un mou. Elle le dédouanait ainsi de tout sectarisme.
Sarkozy pourra toujours l’attaquer sur son programme, en effet, bien irréaliste avec, notamment, ses contrats de générations. Cela n’aura aucun impact. Les Français ne tiennent plus compte des programmes que leur font miroiter les candidats Ils savent qu’ils ne sont jamais appliqués. Les Français choisissent un homme à sa bonne mine.
Le tout est de savoir si dans six mois, devant une crise qui n’aura fait que s’aggraver, ils préféreront un dur qu’ils pratiquent déjà depuis cinq ans et dont le volontarisme tous azimuts, l’activisme débridé et la soif de résultats même un peu truqués se sont brisés sur toutes les réalités ou un gentil qui tentera, sans grande illusion, de colmater comme il le peut les brèches et de panser tant bien que mal les blessés le plus durement touchés.
Il est évident que si les socialistes avaient été fidèles à leur idéologie et qu’ils avaient choisi Martine Aubry, ils auraient fait un plus beau cadeau à Sarkozy. Contre la Dame des 35 heures qui, elle, se targue de son sectarisme de militante de choc, Sarkozy aurait pu s’en donner à cœur joie contre « les bolcheviks » et tenter de remobiliser son camp en agitant l’épouvantail.
Contre Hollande, le tout mou caoutchouteux, il n’aura aucune prise. Ségolène qui connait bien Hollande a eu raison de dire qu’il n’avait jamais rien fait. Du coup, on ne peut rien lui reprocher, même si on peut s’inquiéter de ce que serait sa présidence.
Le gentil, le normal, le mollasson est bel et bien le pire des adversaires pour Sarkozy. Cela ne veut pas dire qu’il soit le meilleur pour présider la France au milieu des tempêtes.
17 Oct 2011 11:23 1. sandrine
Bien dit Mr Desjardins !
Et votre conclusion est excellente !
17 Oct 2011 13:29 2. bentolila
Guimauve le conquérant a obtenu près de 57 % des voix aux primaires. Pourvu qu’il ne pédale pas trop vite car même en marche arrière la vitesse est limitée…
17 Oct 2011 14:04 3. Guilhem
Dans les westerns-spagettis il y a aussi le truand. Je n’ose pas proposer Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon !
17 Oct 2011 14:38 4. cp
Il est saisissant de voir comment l’image de benêt qu’en donnent les humoristes, genre les « Guignols », semble complètement polluer la réalité du personnage.
Que les marionnettes de Canal tapent juste pour certains est possible, mais d’autres « figures » sont complètement loupées, quant à saisir une réalité, Hollande et Obama étant les fleurons de ces erreurs d’interprètation.
Obama est décrit comme un jovial maquereau/indic sorti de « Starsky et Hutch » alors que le président américain est un juriste calé, hautain, fils d’un luo du Kenya, peuple qui n’a jamais été esclavagisé, et Obama, on ne lui tape pas sur le ventre, détail trop subtil pour Sarkozy, gavé de films nuls avec Eddy Murphy, et qui voit incarnation en lui l’incarnation du noir américain, rigolard et léger.
Hollande a été jadis repéré par Attali, et ce n’est pas en tant que clown bonasse qu’il a ensuite fait carrière, et je le suspecte d’avoir de plus grandes connaissances en économie en général que Sarkozy que l’on voudrait faire passer pour un expert insurpassable !
On a pu entendre Hollande causer technique monétaire, il était expert au PS de ces questions là, je n’ai jamais entendu, ou lu, Sarkozy dépasser la banalité de la communication généraliste négrifiée !
17 Oct 2011 16:22 5. napalm
Optimiste, très optimiste Monsieur Desjardins.
Sarkozy n’aura pas à affronter Hollande car Sarkozy se fera sans aucun doute blackbouler dès le premier tour.
Les paris sont ouverts !
L’électeur et contribuable « lambda » pourra dire :
merci beaucoup les stratèges stupides de droite.
17 Oct 2011 17:14 6. Patrick-Louis Vincent
C’est donc la gauche molle qui a été choisie pour affronter le président sortant. C’est une excellente nouvelle pour Mélanchon qui, lui, incarne la gauche dure. C’est aussi une bonne nouvelle pour Eva Joly, plus à gauche que Hollande. Au final, Hollande, au premier tour, devra essayer de se qualifier pour le second tour en ayant à faire face aux centristes, Bayrou et Morin, qui visent le même électorat modéré, aux crypto-communistes de Mélanchon et aux gauchistes de Eva Joly. Autant dire que ce n’est pas gagné.
Comme l’a dit Copé, les socialistes qui ont eu tout l’espace médiatique pendant des semaines, ont mangé leur pain blanc.
L’on dit que Hollande est fatigué. Normal après des primaires éprouvantes. Aura-t-il encore suffisamment de niaque pour affronter Sarkozy sur sa droite, l’extrême gauche aux dents longues et affutées, mais aussi Marine Le Pen, bien mieux implantée que lui dans la classe ouvrière.
Personnellement, j’en doute. Il pourrait bien ne pas faire mieux que Jospin en 2002.
17 Oct 2011 17:27 7. drazig
Avec force et obstination vous ne parlez pas de Marine Le Pen; et ainsi, j’ai l’impression que vous ne parlez que d’elle. Me trompe-je? Vite,vite,…un démenti s.v.p.
17 Oct 2011 18:04 8. bertgil
les choses ne sont jamais inscritent plusieurs mois avant l’élection.Le premier tours réservera peut étre quelques surprise.Si hollande est au 2éme tour il sera élu par défaut.
17 Oct 2011 20:04 9. cyrille
Hollande sera au 2éme tour, la gauche ne fera pas la même erreur qu’en 2002 ou les candidatures de Chevènement et accessoirement de Christiane Taubira avaient plombé le candidat Jospin. D’accord avec bergil,il sera élu par défaut soit face à Sarkozy ce qui reste le plus probable soit contre Le Pen ce qui n’est pas à exclure tant le rejet du Sarkozysme est fort et bien implanté. Une chose est sure, cette campagne s’annonce tendue pour ne pas dire plus, espérons seulement que les sujets de fond(chômage,pouvoir d’achat,fiscalité,immigration,sécurité…)ne disparaitront pas au profit des petites phrases et autres coups tordus, l’on peut toujours rêver…
17 Oct 2011 21:17 10. Alain Bellemere
Les pontes de l’UMP commencent à se précipiter les uns après les autres et faire débarrasser les plateaux de TV. L’avantage gagné par Hollande leur à provoquer des crises épidermiques à réactions cycliques . Ainsi le vainqueur normal du » troisième » tour de la Présidentielle, devra affronter le sarcastique Président actuel en pleine possession de ses moyens et des armes constitutionnelles plus à sa portée. Réflexion faite, l’élimination d’Aubry n’est pas une bonne nouvelle pour Sarkozy, tous vont plancher point par point pour trouver des failles à l’équipe Hollandaise. Il faut savoir que la course à l’Elysée utilisent toutes les supercheries en abreuvant les médias d’informations construites pour séduire le plus d’électeurs possibles avec de l’habilité maquillée et des promesses excessives tels les Sophistes, les marchands d’apparence.
Jean-Marie Le Guen, le conseiller santé de Hollande, avait préparé des remèdes pour des maux quotidiens des Français malades et mis à plat des points de réforme pour l’avenir principalement de la Sécurité Sociale avec une réforme fiscale profonde permettant de fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG et de supprimer les exonérations abusives liées aux niches fiscales. Remise à l’équilibre des finances de l’assurance maladie étant sous financée d’environ 7-8 milliards d’euros, en accroissant la part des financements de l’Etat. Poursuivant plus loin leur réforme, Le Guen avait exclu l’association des politiques aux décisions hospitalières, en précisant : » Pour que l’hôpital bouge, il faut le laisser respirer, alors qu’on l’étrangle, la logique en place fige les choses, et tétanise le corps hospitalier au lieu de lui donner sa chance ». Du côté de la vie scientifique complexe à élucider et à accepter, Sarkozy aura du fil à retordre avec la majorité de 66% de Médecins militants qui ont donné leur préférence à un candidat du PS.
Le futur match entre Sarkozy et Hollande risque d’être un combat entretenu par la ruse d’un loup et la force d’un lion comme disait Machiavel: » il faut être un renard pour connaître les filets et un lion pour faire peur aux loups « .
17 Oct 2011 22:59 11. NINI 86
Le débat final.
Entre la gauche dure et la gauche molle, il semble bien que cela est bonnet blanc blanc bonnet….J’escomptais un peu d’animation:j’ai rapidement éteint mon poste, car à part mentir en prétendant s’aimer beaucoup,ils ont eu si peur de franchir la ligne blanche,ils été si prudents qu’ils en ont été mortellement ennuyeux, se renvoyant des balles bien douces et liftées pour ne pas se faire trop de mal…Ce n’était plus la gauche dure ou molle, mais la gauche élastique! L’édredon amortissait les coups…Et comme, pour le fond,ils seront obligés d’être en parfait accord,il est certain que ces étalages, pompeusement appelés primaires, ne sont que des petits règlements de comptes entre AMIS que faute de pouvoir faire par les armes on demande au bon public, émerveillé de la chose, de faire.par les points.
18 Oct 2011 13:11 12. bentolila
Dsk fait un Carlton à Lille. Il est la formule 1 des Etap hôtelières. De là à le tremper dans le Mercure….
18 Oct 2011 17:49 13. NINI 86
Les sondages ont favorisé Hollande.
Martine Aubry était une bonne candidate mais sa proximité avec DSK, son statute de femme et les sondages lui ont nui.François Hollande n’était pas le meilleur, mais c’est lui qui avait les meilleurs chances de battre Sarkozy d’après les socialistes.Voici don comment, par les sondages, on en vient à influencer le vote.La femme qui deviendra la première présidente française sera une superwoman.
18 Oct 2011 18:14 14. NINI 86
Gaulle molle.
Alors?Forte ou molle, la gauche de demain?On verra à l’usure.Mais cette question de morphologie est importante:si la gauche devient folle, elleest morte assurent les uns,tandis que les autres craignent qu’une gauche amorphe finisse par plonger l’électeur dans les bras de morphée.En effet ça n’est pas qu’une question de forme : si la gauche venait à formuler des réformes mal formées , elle pourrait morfler , voire même se faire démolir par une droite mortelle .Elle doit donc resserrer les boulons à grands coups de clé à molette pour être formidable.Trouver une sorte de synthèse ou la fusion de la gauche molle et de la gauche forte ne finisse dans le formol.Et pendant ce temps-là, tandis que les uns s’interrogent sur la dureté ou la mollesse de la gauche, d’autres , dans l’ombre rêvent de lui faire mordre la poussière, voyant en elle une Gaulle moche.
19 Oct 2011 11:00 15. dgforbes
Tout d’abord, il n’y a pas d’alternatif à Sarkozy; la Droite ne peut gagner qu’avec lui. Il sera donc candidat s’il il le souhaite. D’après les sondages, Hollande pourrait remporter sur Sarkozy 60-40 ce qui est invraisemblable. Il n’y a pas mal de Français qui trouvent Sarkozy personnellement rebarbatif, et non seulement à Gauche. Mais je pense qu’il n’a pas été un si mauvais président que cela. On verra ce qui se passera avec l’euro mais la France a été assez bien gerée sur le plan économique depuis le début de la crise et cela va peser lorsque l’élection présidentielle approche et les opinions des électeurs commencent à se préciser au cours de la campagne. DSK était non seulement authentiquement présidentiable, il avait la prestance d’un président. Hollande ne l’a pas. Les Americains regrettent maintenant d’avoir parier sur un jeune homme charismatique mais dépourvu d’expérience executive. Le Français, vont-ils fair la même erreur par dégoût de Sarkozy? Peut-être mais je ne crois pas.
19 Oct 2011 16:07 16. Patrick-Louis Vincent
« la France a été assez bien gerée sur le plan économique »
Ah bon ! Accroissement de la dette, augmentation du chômage. Le bilan est loin d’être positif. Mais, par rapport à certains de nos voisins, la situation n’est pas pire. On se console comme on peut.
Mais je suis d’accord. Sarkozy peut encore gagner les élections, car la bulle Hollande va vite se dégonfler quand l’on va comparer son projet économique avec les exigences du marché. Les Français vont très rapidement comprendre que ce n’est pas en augmentant les dépenses de 50 milliards tous les ans que l’on va régler le problème de la dette. Il y a un tel grand écart entre les intentions hollandaises (réduction de la dette) et le programme du PS, que la crédibilité de son discours ne tiendra pas 6 mois.
Hollande c’est le Papandréou Français. S’il est élu, il se mettra aux ordres de la Troïka : Union Européenne – FMI – BCE.
20 Oct 2011 13:51 17. Jean Chaumier
le seul représentant de la gauche dure, c’est DSK
20 Oct 2011 23:37 18. diego
Avec Flamby alias Culbuto ce n’est pas « retour vers le futur » mais retour vers le passé. Exit la V° bonjour la IV°
21 Oct 2011 6:14 19. Houzi
Lu dans LIBERATION, pour prendre toute la mesure du personnage qui nous fait office de Président :
Michel Sardou a été «convoqué» par Nicolas Sarkozy après avoir déclaré qu’il ne le soutenait plus, affirme le chanteur dans un entretien au Parisien où il n’exclut pas de voter à gauche.
«A cause de vous, j’en ai pris plein la gueule! J’ai même été convoqué à l’Elysée un lundi de Pentecôte», déclare Michel Sardou, faisant référence à un précédent entretien en mai 2010, également au Parisien, où il affirmait ne plus croire dans le président de la République.
«J’ai mis mon costume, ma cravate, ma Légion d’honneur. L’huissier m’a conduit dans les jardins où m’attendait le président. Et là j’ai vu Nicolas Sarkozy, en short et en chemisette, avec un jus d’orange à la main. Et tout de suite il m’a dit: + mon mimi qu’est-ce que t’es allé dire?+», raconte le chanteur.
L’interprète de «La Maladie d’Amour» assure avoir dit à Nicolas Sarkozy qu’il «attendait autre chose de lui». «Je suis reparti et il me fait toujours la gueule. Il est très rancunier», ajoute-t-il.