Amateur inconditionnel de Woody Allen, je souhaitais, bien sûr, voir son dernier film, « Paris à minuit », même si la présence annoncée et incongrue de Carla Bruni dans le générique pouvait faire hésiter. Avouons que les brèves apparitions et les quelques répliques (mal ânonnées) de « la Première dame de France » ne détruisent pas le film dans sa totalité.
Ce film, intelligent et drôle, est une déclaration d’amour à Paris, le Paris qu’aiment, aujourd’hui encore, les intellectuels américains, celui d’Hemingway, de Fitzgerald, de Gertrude Stein, bien sûr, mais aussi de Picasso, de Matisse, de Gauguin, de Modigliani et des surréalistes.
Allen ne cache pas sa nostalgie pour la Ville Lumière qui était alors « une fête », selon le titre même d’un livre d’Hemingway, justement. Mais il a la sagesse de nous rappeler qu’on a toujours été nostalgique des périodes « d’avant », en faisant soudain apparaître ceux qui, au milieu de la fête de l’entre-deux guerres et des « Années folles », regrettaient le Paris de « la Belle époque » et du French Cancan cher à Lautrec qui surgit soudain sur l’écran.
Allen a raison, il y a toujours eu des grincheux pour pleurer les paradis perdus qu’ils idéalisent. Cela pourrait bien être la morale du film.
Si ce n’est qu’aujourd’hui les grincheux ont raison. Paris n’est plus une fête pour personne, n’est plus la capitale mondiale des arts et des lettres. Saint Germain des Près, Montparnasse, la Butte Montmartre n’attirent plus les peintres, les écrivains, les créateurs de la planète toute entière. Paris –c’est-à-dire la France- s’est étriqué, s’est refermé, s’est endormi.
Cette déclaration d’amour n’est qu’une ode à une femme morte depuis bien longtemps.
On nous parle du déclin de la France, ce film en est la meilleure et la plus cruelle démonstration.

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