Les absurdités de notre diplomatie
Il ne viendrait à personne l’idée de défendre Bachara el Assad, le dictateur sanguinaire de la Syrie qui fait tirer au canon sur son peuple depuis des semaines.
Nous avions d’ailleurs fait partie des quelques Français qui avaient été scandalisés que Nicolas Sarkozy reçoive, en grandes pompes, il y a quelques années, cet abominable personnage et lui fasse même présider le défilé du 14 juillet, au milieu de la tribune de la place de la Concorde. C’était honteux.
Il est vrai que le même Sarkozy a reçu, avec encore plus d’égards, Khadafy qu’il fait aujourd’hui pilonner par l’aviation française.
A croire qu’il y a une malédiction sur tous ceux que notre président accueille à bras ouverts.
On nous dit que Nicolas Sarkozy espérait remettre « le fou de Tripoli » sur le droit chemin et que, pour le Syrien, il ne pouvait pas imaginer qu’il deviendrait un massacreur de foules désarmées.
La diplomatie ne supporte ni la naïveté ni l’inculture.
Qui, à part notre président, pouvait croire une seule seconde qu’en permettant à Khadafy de planter sa tente avenue Marigny, on lui ferait comprendre les règles de la vie internationale et on transformerait ce terroriste patenté en un chef d’Etat responsable et fréquentable ?
Qui, à part notre président, pouvait ignorer qu’Assad était le fils, l’héritier et le digne continuateur de son père, Hafez el Assad, qui pendant des décennies avait imposé à tout un peuple la dictature sans pitié de la minorité alaouite, à coups de massacres faisant régulièrement des milliers de morts.
Ben Ali et Moubarak étaient des enfants de chœur à coté d’Assad qui n’a jamais rien eu à envier à Khadafy. Tout le monde le savait parfaitement et les étagères du Quai d’Orsay croulent sous les dossiers accablants, aussi bien à propos de son attitude au Liban (qui a assassiné Rafik Hariri ?) qu’à propos de ses prisons épouvantables où croupissent des milliers d’opposants.
Mais ayant raté « le printemps arabe » aussi bien à Tunis qu’au Caire, Sarkozy tente de rattraper le train en route. Il en rajoute en Libye, sans se rendre compte qu’il s’est lancé dans une aventure sans fin, en faisant bombarder des populations civiles et en ravivant les haines séculaires entre tribus de Tripolitaine et tribus de Cyrénaïque.
Et, quoi qu’en soit son envie, comme il ne peut pas faire la guerre partout, il fait de la gesticulation à propos des massacres syriens.
Cela dit, on peut se demander quels sont les imbéciles qui, à la Maison-Blanche et à l’Elysée ont eu l’idée absurde de donner ordre aux ambassadeurs des Etats-Unis et de France en poste à Damas d’aller participer aux manifestations de rue à Hama, l’une des grandes villes les plus rebelles au régime d’Assad.
Comment s’étonner que les services secrets d’Assad aient organisé des manifestations violentes devant nos deux ambassades ? Quel dictateur pourrait tolérer que des ambassadeurs étrangers aillent apporter leur soutien officiel à des manifestants contre lesquels il fait tirer au canon ?
On peut rappeler son ambassadeur, on peut rompre les relations économiques, puis les relations diplomatiques, on peut même déclarer la guerre à un pays dont on désapprouve la politique de répression, mais on ne peut pas à la fois envoyer son ambassadeur soutenir les opposants qui manifestent et s’étonner ensuite de voir des foules très encadrées jeter des pierres sur son ambassade.
11 Juil 2011 23:46 1. cyrille
Chirac était peut être « le roi fainéant » mais en matière de politique étrangère il n’a jamais fait d’erreur aussi grossière…vivement que ce quinquennat se termine…
12 Juil 2011 10:03 2. godzilla
la critique est toujours facile quand on a le cul confortablement installé dans un fauteuil.
quand un chef de l’etat ne reagit pas on dit que c’est un mou et quand il reagit on dit que c’est un excité irresponsable.
assez de critiques, des actes (ou au moins des propositions constructives)
ça changera des déblatérations antisarkozistes.