Cette fois c’est François Fillon qui est accusé d’agression contre une femme. On ne s’y attendait vraiment pas. Des rumeurs (encore des rumeurs !) laissant entendre que le premier ministre pourrait bien se présenter à Paris lors des prochaines législatives, les amis de Rachida Dati, maire du 7ème arrondissement et qui n’a jamais caché qu’elle avait l’intention de se présenter à la députation, sont montés au créneau.
Et tous les arguments sont bons. Pour les « datistes » (ou « datiens », on ne sait pas trop) en visant cette circonscription que lorgne leur amie, Fillon s’attaque à une femme et même à une Française issue de l’immigration. Cela relèverait presque du crime sexuel et de la haine raciale. En tous les cas, ils évoquent la parité et la diversité.
Ils ont totalement oublié que Rachida Dati avait, à la stupeur générale, été nommée garde des Sceaux en 2007 au nom de la « discrimination positive » et de « l’ouverture » et surtout parce que Nicolas Sarkozy, à peine élu, voulait faire « des coups ». Ils ne se souviennent pas non plus que quand Rachida Dati avait fait la preuve de son incompétence place Vendôme en se mettant à dos tout le monde judiciaire, on lui avait tout de même offert sur un plateau doré et cette mairie du 7ème et un siège au parlement européen. Deux superbes indemnités de licenciement. Du coup, ils s’imaginent que cette circonscription du cœur de la capitale –l’une des plus faciles pour la droite- appartient bel et bien à la dame.
Il faudrait tout de même faire attention. Si tout le monde est d’accord pour reconnaître qu’on ne respecte pas toujours les femmes dans le monde politique, comme ailleurs, et qu’il y a encore trop souvent une discrimination « négative » contre les immigrés et leurs descendants, il ne faudrait pas en arriver à interdire à un homme, blanc et même chrétien, de se présenter aux suffrages des électeurs.
Les arguments des amis de Rachida Dati sont totalement irrecevables. François Fillon ne serait pas un « parachuté » dans le 7ème arrondissement. Il y habite depuis 2007, Matignon étant rue de Varenne. Et Mme Dati n’est pas non plus « une enfant du Faubourg Saint-Germain ».
Certes, Fillon est un élu de la Sarthe. Mais il ne serait pas le premier homme politique à changer de circonscription. Jack Lang, fatigué de sa bonne ville de Blois, a rêvé de Paris. Philippe Seguin a abandonné Epinal pour tenter de s’emparer de la capitale. Ca ne leur a pas réuni.
Il est évident que Fillon prendrait un risque en délaissant la région de Sablé. Mais Delanoë ne se représentera pas aux prochaines municipales, la droite n’a pas de candidat sérieux et rien ne dit, pour l’instant, que Fillon soit reconduit à Matignon après 2012. On comprend donc qu’il puisse envisager de s’implanter dans la capitale. Quitte à prendre la place de celle que certains considèrent un peu comme un squatter.
La question n’est pas aujourd’hui de savoir si Fillon est le meilleur des candidats pour porter les couleurs de la droite dans la capitale. La question est de savoir si, dans notre démocratie, on ne va pas maintenant un peu trop loin dans la discrimination dite « positive » et si le fait d’être une femme, qui plus est d’origine immigrée, est une garantie contre toutes les adversités.
Il serait sans doute grand temps qu’on s’aperçoive que la discrimination, qu’elle soit « positive » ou « négative », est la pire des choses dans une société. Rachida Dati et ses amis peuvent évidemment s’opposer à la venue de François Fillon dans le 7ème arrondissement, mais il faudrait qu’ils trouvent d’autres arguments.

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