Le nucléaire, les concombres et la démagogie
L’Allemagne a décidé de renoncer à l’énergie nucléaire. La nouvelle est, bien sûr, stupéfiante. Mais Angela Merkel n’avait guère le choix. Les écologistes représentent une force politique importante en Allemagne et la chancelière connait actuellement bien des difficultés. Elle a été obligée de capituler. Une fois de plus, la démocratie a dû s’incliner devant la démagogie.
Les verts allemands ont utilisé le drame de Fukushima, comme ils s’étaient servis de celui de Tchernobyl et comme ils évoquent fréquemment Hiroshima pour jouer avec le pire des arguments : la peur.
On s’étonne d’ailleurs qu’ils ne se servent pas des accidents aériens, de chemins de fer ou de la circulation pour exiger l’interdiction des avions, des trains et des voitures qui font, chaque année, beaucoup plus de morts que n’en a faits l’accident de la centrale japonaise, provoqué par un tremblement de terre suivi d’un tsunami.
Ces écologistes allemands vont sûrement réclamer l’interdiction des concombres maintenant que ce légume fait des morts de l’autre côté du Rhin.
Il est évident que le nucléaire inquiète. A cause du souvenir, précisément, d’Hiroshima et de Nagasaki. Mais les centrales nucléaires n’ont rien à voir avec les bombes atomiques. Elles ne sont pas faites pour tuer mais pour apporter l’énergie indispensable au développement et même demain à la survie des populations.
Il est évident, aussi, que « le risque zéro » n’existe pas et que, comme il y a des coups de grisou qui font des dizaines de morts dans les mines de charbon, des barrages hydrauliques qui explosent et font des centaines de morts dans les vallées, il peut y avoir une catastrophe dans une centrale nucléaire.
Est-ce une raison pour refuser ce progrès –car c’en est un- qu’est la nucléaire et en revenir à la lampe à huile et à la marine à voile ? Bien sûr que non.
La catastrophe de Fukushima ne doit pas nous faire capituler. Elle doit nous inciter à rechercher davantage de mesures de sécurité. Le progrès provoque toujours des catastrophes. Il nous appartient de le maitriser.
Nicolas Sarkozy n’a pas toujours eu que des paroles heureuses. Mais il faut lui accorder que le jour où, au salon de l’Agriculture, il s’est exclamé « L’écologie, ça commence à bien faire », il a eu diablement raison.
Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut faire attention, qu’il faut protéger notre terre, la nature, l’écosystème et qu’il nous est arrivé trop souvent de jouer aux apprentis sorciers. Il n’y a aucun doute que nous avons eu tort de tout bétonner, de supprimer les haies de nos paysages, d’utiliser à tort et à travers des engrais et des pesticides, de massacrer nos forêts, de polluer nos fleuves.
Aujourd’hui, on accole au mot « écologie » l’expression « développement durable ». C’est une bonne idée. Alors que la terre compte maintenant plus de six milliards d’habitants et que la moitié d’entre eux ne mange pas à sa faim et n’a pas accès à l’eau courante, le développement est une exigence primordiale et il faut qu’il soit durable. Or ce n’est pas avec ces moulins à vent que sont les éoliennes que nous allons multiplier la production d’électricité, faire fonctionner nos usines, donner un avenir à tous les jeunes des pays qui n’ont pas encore émergé. Le charbon pollue, le pétrole s’épuise, le nucléaire est, évidemment, l’avenir.
Réjouissons-nous qu’en France, dès ce soir, Fillon, pour le gouvernement, Benoît Hamon pour le PS et même Nicolas Hulot pour les écologistes n’aient pas sombré dans la démagogie. Et préoccupons-nous plutôt des concombres allemands.
30 Mai 2011 21:21 1. imprécator
Il faudrait tout de même rappeler aux écologistes quelques évidences.
Le nucléaire est actuellement l’énergie la plus sûre. En ce qui concerne la catastrophe de Fukushima, rappelons qu’ à ce jour, aucun mort n’a pu être directement imputé à l’accident nucléaire. Il faudra certes attendre des années afin de dresser le bilan sanitaire de cette catastrophe, mais on peut d’ores et déjà rappeler que cet accident s’est produit à la suite d’un tremblement de terre et d’un tsunami, phénomènes, eux, parfaitement naturels, et qui ont fait plus de 20000 morts. Quant au bilan de la catastrophe de Tchernobyl (qui n’était pas vraiment un accident nucléaire, mais plutôt, si j’ose m’exprimer ainsi, un accident communiste) il a été revu nettement à la baisse. Il est rappelé, par exemple, qu’en France, la carte de l’incidence des cancers de la thyroïde ne coincide absolument pas avec celle du passage du nuage de Tchernobyl. Enfin, pour tenter d’être exhaustif, rappelons que l’accident de la centrale de Three Mile Island, que certains écologistes évoquent à tout propos et surout hors de propos, n’a fait AUCUN mort!
Existe t’il une énergie plus sûre? Je suis personnellement originaire d’une ville qui a longtemps vécu, en partie, de l’extraction charbonnière, laquelle a fait des milliers de morts, de malades, d’estropiés. Ma famille, entre autres, a payé un lourd tribut aux accidents de mine. Malgré quoi, je n’ai jamais entendu un seul écologiste manifester contre l’exploitation charbonnière.
Tout cela pour rappeler que ceux que les humoristes de comptoir surnomment les pastèques (verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur) sont plus enclins à exploiter les peurs et les superstitions qu’à raisonner de façon argumentée.
30 Mai 2011 23:16 2. Corto
Bonsoir,
http://www.jpchevallier.com/article-couts-du-nucleaire-d-edf-deconstruction-et-assurances-71182839.html
Pour aller peut-être ailleurs dans la réflexion,
lire aussi les commentaires,
31 Mai 2011 0:08 3. Jean
J’aimerai bien savoir comment vont faire 81 500 000 habitants pour, dans 10 ans, vivre sans l’énergie nucléaire si elle est si indispensable et qu’elle représente l’avenir.
Vont mettre des voiles sur leurs Mercedes, des moteurs a vapeurs sur leurs Audi ou BMW?
Vont se chauffer au charbon et s’éclairer a la bougie?
Demain je court ouvrir un fabrique de lampe a huile en Allemagne.
31 Mai 2011 1:47 4. Michel
Petite forme aujourd’hui, monsieur Desjardins. Vous n’êtes pas dans votre registre …
31 Mai 2011 7:37 5. Christophe
Un bémol: le nucléaire est terriblement dangereux, peut tuer énormément de monde (certes c’est pas si grave) et contaminer gravement un territoire pour des milliers d’années. Et le risque annoncé comme très faible s’avère au vu des catastrophes à répétition élevé (3 accidents en 30 ans).
Après effectivement où trouve-t-on l’énergie de substitution? Les allemands sont-ils de doux utopistes?
31 Mai 2011 8:07 6. Anne-Sophie
Encore une fois, de mon point de vue, une excellente analyse, avec laquelle je suis entièrement d’accord! Quel dommage qu’on entende pas plus osuvent votre voix sur les plateaux télévisés!!!!
31 Mai 2011 12:25 7. ttaka
«… donner un avenir à tous les jeunes des pays qui n’ont pas encore émergé»
Qu’est ce que le nucléaire va leurs apporter exactement selon vous ?
Ce serait donc en raison de l’absence de nucléaire dans les pays concernés que leur population serait affamée ???
Non mais sérieusement ??? !!!
Et vous vous avez le culot de prétendre parler de démocratie et de démagogie !!!
Se serait réellement pathétique si ce n’était pas aussi affligeant de lire un argumentaire pareil !
Pauvre humanité !!
31 Mai 2011 20:57 8. Houzi
Le nucléaire qu’il soit militaire ou civil sans distinction, est une saloperie qui par l’aspect irréversible de ses accidents, ne peut être comparé aux chemins de fer ou aux concombres.
La démagogie c’est d’affirmer que sans le nucléaire, ce serait la bougie. Quelle image choc pour dissimuler la vacuité de l’affirmation gratuite !
Le nucléaire serait le fin du fin du progrès et toutes les autres énergies ne seraient que rétrogrades.
Réveillez-vous ! AREVA vous a-t-elle ensorcelé ?
Qui connaît la politique un tant soit peu, sait qu’elle est faire de rapports de force avec pour levier l’opinion publique et les électeurs.
En vertu de quelle morale, interdirait-on aux écologistes de se servir du levier efficace que viennent de leur fournir leurs pires adversaires, c’est-à-dire les industries nucléaires?
Il faudrait que les citoyens de base ferment leur gueule sur un sujet CRUCIAL à propos duquel on ne les a jamais consultés directement !
Où est donc cette démocratie dans laquelle nous nous gargarisons de vivre ???!
31 Mai 2011 21:27 9. Alex
Le pétrole s’épuise mais si tout le monde se met au nucléaire, l’uranium s’épuisera encore plus vite.
Sinon je pense qu’on aura bouffé toute source d’énergie dans 100 ans. nos descendants reviendront à la marine à voile.
31 Mai 2011 21:46 10. Jean
@Alex
Pareil, d’ailleurs j’avais compris qu’il n’y avait guère plus de 100 ans de réserve d’uranium si la demande reste la même, moins si ca augmente moins
En plus, extraire l’uranium est coûteux et tres polluant, En fait je pense que de l’extraction de l’uranium au stockage des déchets, l’énergie nucléaire est de loin l’énergie la plus polluante a cour, moyen et long terme (même tres long terme pour les déchets).
@Christophe
Je ne pense pas qu’un pays qui en 60 ans va du chaos de l’après-guerre a être la 4eme puissance économique mondiale soit peuplé de doux utopistes, au contraire, bien au contraire.
Et au fait d’énergie renouvelable et propre il y a le gaz méthane, on peut même le fabriquer chacun chez soi.
01 Juin 2011 5:33 11. Houzi
C’est un comble tout de même. Les responsables politiques de la droite française sont toujours entrain de nous montrer l’ALLEMAGNE comme l’exemple à suivre quand il s’agit de serrer la ceinture des plus pauvres. Avec à la clef, des sermons culpabilisateurs du genre:
« les Français (de façon implicite, les plus pauvres) vivent au-dessus de leurs moyens, pas comme en Allemagne.
Faut arrêter de faire grève, et discuter avec les gentils patrons, comme en Allemagne.
Faut faire bosser ces fainéants de chômeurs, comme en Allemagne.
Faut faire bosser ces fainéants de vieux jusqu’au bord de la tombe, comme en Allemagne.
Faut maintenir le bouclier fiscal, comme en Allemagne. »
Voilà qu’aujourd’hui, avec la décision de notre voisin d’abandonner cette industrie nucléaire mortifère, on nous présente les Allemands comme de doux rêveurs, bercés par des démagogues…
Bougies à tous les étages et méga cumulo-nimbus de gaz à effet de serre dans le ciel de BERLIN…
Le lobby nucléaire français me fait pitié.
01 Juin 2011 8:17 12. Patrick-Louis Vincent
Le problème du nucléaire, ce sont les déchets radioactifs, qui font que cette technologie est, aujourd’hui, la plus polluante et la plus dangereuse.
Cette pollution constitue une menace, pour l’humanité, pour des dizaines de milliers d’années. La responsabilité est trop grande vis à vis de nos descendants. C’est toute la différence avec la pollution du charbon et du pétrole qui ne concerne que la génération qui les produise et les utilise.
Cela fait 50 ans que l’on attend que la question du retraitement des déchets soit résolue. La science n’y ait pas parvenue. Il est temps de tourner la page et d’en revenir à des sources d’énergie plus responsables.
02 Juin 2011 9:42 13. luc
La France a connu 2 très graves accidents nucléaires demeurés secrets pendant très longtemps à la centrale de Saint-Laurent.
– Le 17 octobre 1969, une mauvaise manipulation lors du chargement du coeur sur le réacteur n°1 entraîne la fusion de 50 kilos d’uranium.
Une dizaine de jours après l’accident, des centaines de « nettoyeurs » entrent en action. Pour intervenir, il a fallu attendre que le combustible nucléaire refroidisse.
– Le 13 mars 1980, à 17 h 40, les alarmes se déclenchent. Une nouvelle fusion se produit, cette fois sur le réacteur n°2. Un morceau de taule vient d’obstruer une partie du circuit de refroidissement. La température fait un bond, ce qui provoque la fusion de plus de 20 kilos d’uranium et entraîne l’arrêt d’urgence du réacteur. D’après la liste confidentielle établie à l’époque par EDF, ce sont plus de 500 personnes qui sont intervenues pour nettoyer et remettre en état de marche le réacteur.
Autre incident.
– Le 27 décembre 1999, Alain Juppé, maire de Bordeaux, est réveillé en pleine nuit par le préfet qui lui annonce qu’il faut « songer à évacuer la ville ».
Quelques heures plus tôt, la centrale nucléaire du Blayais, en Gironde, a perdu trois de ses réacteurs, sous les coups conjugués d’une tempête et d’une inondation. En sous-sol, les galeries techniques sont noyées par une eau boueuse qui envahit le bâtiment de stockage du combustible. Le réacteur perd deux systèmes essentiels pour sa sûreté. A 8 h 30, le local qui abrite les deux stations de pompage du circuit du refroidissement du réacteur 1 est inondé.
02 Juin 2011 18:12 14. Neographite
Vous avez tous gagné un séjour prolongé dans l’ile du bonheur ; mais oui le nucléaire civil n’a fait aucun mort a Chernobil et notre imagination conçoit parfaitement l’inimaginable et même tout aussi bien que le démantèlement de nos bonnes vieilles centrales, il n’y a vraiment pas lieu de s’alarmer nous pouvons compter sur l’efficacité du prive et ses rassérénantes mamelles de sous-traitance et d’externalisation