Le gouvernement dans le panneau
Cette affaire de panneaux signalant la présence de radars sur nos routes est totalement absurde.
Tout le monde est d’accord pour dire et répéter qu’il faut tout faire pour tenter de réduire le nombre des morts sur les routes, pour reconnaître que la vitesse est l’une des causes principales des accidents et pour constater que les radars sont l’un des meilleurs moyens pour ramener les fous du volant à la raison.
On s’y était habitué mais il faut bien avouer que ces panneaux qui prévenaient les conducteurs qu’ils allaient être contrôlés étaient parfaitement ridicules. Ils incitaient les chauffards impénitents à lever le pied pendant cinq cents mètres mais à accélérer de nouveau dès le radar dépassé. Par définition, on n’a pas à prévenir les délinquants qu’ils sont surveillés.
Mais au-delà du problème de ces panneaux –sont-ils dissuasifs ou incitatifs ?- la crise politique que vient de déclencher l’annonce par le gouvernement qu’on allait les supprimer est stupéfiante et étonnamment révélatrice de l’ambiance qui règne aujourd’hui aussi bien au gouvernement que parmi la majorité.
67 députés de l’UMP sont montés au créneau pour s’indigner de cette décision au nom des grands principes, de la liberté des citoyens, de la dignité de la personne humaine, etc.
Or, pas un seul de ces 67 parlementaires de base n’avait jusqu’à présent ouvert la bouche ni à propos du chômage, ni à propos de la présence des troupes françaises en Afghanistan, de la fermeture de nos usines, de la guerre que nous menons en Libye, de nos déficits ou de notre dette, de la situation de l’Ecole, des hôpitaux.
Jusqu’à présent et depuis des années, au garde-à-vous et le petit doigt sur la couture du pantalon, ces 67 représentants du peuple s’étaient tous contentés d’opiner du bonnet et de voter comme un seul homme tous les textes qu’on leur faisait avaler et avaliser.
Cette soudaine mutinerie de la piétaille parlementaire sur un sujet indéfendable (prévenir les délinquants de la route qu’ils sont sous surveillance pendant cinq cents mètres) est pour le moins surprenante. A croire que ces pauvres types s’imaginent qu’en osant ainsi enfin relever la tête, ils vont sauver leur siège et faire oublier aux électeurs de juin 2012 le bilan de Sarkozy et le soutien docile, soumis et sans faille qu’ils ont apporté depuis 2007 à la politique du chef de l’Etat.
Mais plus étonnant encore est le spectacle que nous offre le gouvernement avec un premier ministre et un ministre de l’Intérieur qui, se détestant, se contredisent, se démentent, se désavouent, tentent de refiler le bébé à d’improbables commissions d’études ou parlementaires et donc se ridiculisent en donnant l’image déplorable de l’équipage d’un rafiot à la dérive.
Eux aussi, visiblement, ne pensent plus qu’aux prochaines élections. Mais le problème est délicat. L’Insee semble incapable pour l’instant de dire si le corps électoral compte davantage de chauffards que de veuves de tués sur les routes. On attend donc avec impatience le sondage qui permettra de savoir ce que les Français répondent à la question : « Si les élections présidentielles avaient lieu dimanche prochain, voteriez-vous pour un candidat prêt à faire n’importe quoi pour ne pas vous déplaire ou pour un candidat ayant le sens si ce n’est de l’Etat du moins de ses responsabilités ? »
On pourrait d’ailleurs imaginer une question annexe : « Quelle différence faites-vous entre la démocratie et la démagogie ? »
En voulant éviter le précipice, il semble que le char de l’Etat soit entré dans le panneau.
25 Mai 2011 14:52 1. Patrick-Louis Vincent
« délinquants de la route » ? comme vous y allez. Est-ce que vous êtes délinquant quand vous roulez à 55 km/h en zone urbaine, sur un boulevard complètement vide à 4h00 de l’après-midi ? Certainement non ! et pourtant j’ai été flashé pour excès de vitesse et il m’en a couté, à l’époque, 90€.
Je rappelle tout de même que les radars s’inscrivent dans un but de prévention routière. J’ai bien dit « prévention ». Prévenir, c’est signaler à l’avance, et non piéger les automobilistes pour les faire casquer. Cela s’appelle du racket. Du racket légal, certes, mais du racket quand même!
Personnellement, je trouve tout à fait normal que, du moment où quelqu’un, fut-il l’état, cherche à vous racketter, il est naturel de vous vouloir vous défendre. Face aux gendarmes planqués dans les fourrés, l’on ne pouvait pas faire grand chose, sauf avoir une voiture plus rapide. Contre les radars, la défense, c’est les détecteurs de radars. C’est de la légitime défense.
C’est incroyable de voir que des citoyens sont de plus en plus d’accord pour avoir une société de plus en plus coercitive, de plus en plus surveillée. Alors, l’on doit tout accepter ? l’interdiction des détecteurs de radars parce qu’il y a quelques chauffards ? La surveillance de nos ordinateurs parce qu’il y a des terroristes ? Des mouchards dans les téléphones mobiles pour savoir où l’on est à n’importe quel moment ? Pourquoi pas la fouille à corps dans les écoles ! On ne sait jamais ; il y a déjà eu des dingues qui sont entré dans une école pour faire sa fête à un prof.
Non et non ! l’on marche sur la tête. La prévention oui, le flicage permanent non.
25 Mai 2011 15:24 2. bertgil
je suis d’accord avec le commentaire de PLV
J’ai été flashé deux fois l’année derniére’ à 55 km/h en ville.Je ne suis pas un fou du volant et suis respectueux des panneaux.Sur les autoroutes on ne sait pas toujours si la vitesse est 90,110ou 130km/h.Il faudrait plus de rappel.La politique routiére menée est une politique de répression et de racket.
25 Mai 2011 16:41 3. sandrine
Mr Desjardins, vous avez raison sur tout, SAUF quand vous assimilez le conducteur en infraction à un chauffard.
Comme PLV, je me suis faite attrapée à 51 (PLV 55), j’ai eu droit à la sanction suprème : 90 euros + 1 point.
Au lieu de nous emmerder avec des co.., on ferait mieux de s’occuper des morts sur le trottoir (au lieu des morts sur la route) : SDF, balles dans la tête, coups de couteau, etc. Et tout cela en pleine journée, en pleine rue, et en plein Paris ! Et on s’en fout…
25 Mai 2011 16:58 4. Mallette Jean-Pierre
Les radars ont été placés à des endoits supposés dangereux. Tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Combien d’accidents sur autoroute ? Très peu, peut-être cinq-six cents décès par an. Combien de radars le long de ces mêmes voies ? Que l’Etat arrête de prendre les automobilistes pour des vaches à lait (sans compter le prix du carburant).
25 Mai 2011 18:07 5. diego
D’accord à 100/100 avec PLV et pas du tout avec vous Mr Desjardins. Essayez de respecter les limitations de vitesse sur les quais de Seine: Pont de Boulogne – autoroute qui va à Roissy dans les deux sens , c’est mission impossible si vous respectez le 50 vous vous faites klaxonner et c’est dangereux. Lors de mes derniéres vacances en France je me suis fait flasher sur le nouveau tronçon de la A 86 qui est payant et limité à 70, je roulais entre 70 et 80 et j’étais tout seul sur cette autoroute. Dites moi comment j’étais dangereux. Pour moi tout ceci ne sert qu’à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’ètat.C’est un racket d’ètat relayé par une presse servile et complaisante.
25 Mai 2011 21:02 6. Houzi
A l’Assemblée Nationale, c’est au « Théâtre ce soir », on enlève de nouveau les panneaux…
GUEANT vient de sussurrer à l’oreille de chacun des députés UMP qui pensaient avoir remporté victoire :
« Si tu avances,
Si tu avances,
Si tu avances quand je recule,
Comment veux-tu,
Comment veux-tu,
Comment veux tu comment veux tu que je t’e… »
26 Mai 2011 20:50 7. Jean
Je pense que quand Mr Desjardin parle de délinquants, il parle simplement de personnes qui ne respecte pas les lois (heeee oui! même si elles sont mal faites, il faut les respectées).
Maintenant, je crois qu’il faudrait plus de tolérance, lieux, horaires quand aux limitations de vitesses, et effectivement revoir certaines limitations assez « inapplicable » (ou seraient-elles faites juste pour verbaliser du citoyen et pas du tout dans l’idée de le protéger)
Mais aller parler de tolérance dans un pays ou l’agent de la force publique est payé au « rendement ».
Quand a ces bravent c..s qui sont censés nous représenter, c’est bien rare qu’on entendent parler d’eux entre deux élections.
28 Mai 2011 23:08 8. isabelle
J’ai cru comprendre que ces députés se sont bougés car ils ont reçu des avalanches de lettres, mails,coups de fil, de protestation de leurs électeurs.
Voilà peut-être une leçon à retenir : collectivement harceler nos députés respectifs quand nous voulons obtenir quelque chose, ou nous opposer à quelque chose.
Après tout, les élections pour eux aussi, c’est pour bientôt.