Dominique Strauss-Kahn, présumé innocent mais poursuivi par la justice américaine pour viol et libéré sous caution (six millions de dollars au total), vient d’emménager dans une agréable maison que sa femme a louée dans l’un des quartiers les plus élégants de New-York. 600 m2, 4 chambres, 4 salles de bain, une salle de cinéma, une salle de gymnastique… Tout le confort, c’est le moins qu’on puisse dire. Loyer mensuel : 50.000 $ ! Et il parait que c’est une affaire puisque Anne Sinclair aurait obtenu un rabais de 10.000 $.
Bien sûr, il n’y a rien à redire. Tout le monde sait que l’épouse de DSK est milliardaire et les propriétaires de logements « plus modestes » ont refusé d’accueillir le présumé innocent.
Reste que la chose a quelque chose de choquant. Grâce à l’Internet, le monde entier peut visiter la nouvelle résidence de l’ancien directeur général du FMI accusé d’avoir violé une femme de ménage et il n’est pas impossible que certains se disent que, si nous sommes « tous égaux devant la loi », il suffit tout de même d’avoir une femme richissime pour ne pas avoir à croupir dans une prison sordide.
On s’étonne d’ailleurs que le couple Strauss-Kahn n’ait pas compris que l’étalage sans pudeur d’un tel luxe et d’une telle fortune risquait fort d’indisposer des juges et des jurys devant lesquels, milliards ou pas, DSK aura à comparaître.
Mais la pudeur n’est sans doute pas la principale caractéristique de « ces gens-là ».
Le G8 se réunit aujourd’hui. Sans la présence de DSK. Le programme est chargé. Il s’agit de prendre des décisions pour tenter de sauver, en toute urgence, quelques pays au fond du gouffre, à commencer par la Grèce ou l’Espagne, d’imaginer ce qu’on pourrait faire pour aider les pays du « printemps arabe » à ne pas basculer dans le chaos, de faire face à tous les désordres de la planète où la moitié des peuples est en train de sombrer dans la misère.
Personne ne se fait la moindre illusion. Il ne sortira rien de cette réunion des pays les plus riches du monde. Les bonnes intentions et les discours lénifiants n’ont guère de poids en face des égoïsmes de chacun et comme désormais le monde appartient aux Etats-Unis et à la Chine on ne voit pas pourquoi Washington et Pékin prêteraient la moindre attention aux déclarations généreuses des « petits ».
C’est Nicolas Sarkozy qui, en tant que président du G8, est le maître des cérémonies. C’est donc lui qui a choisi le lieu de la rencontre. Pourquoi diable a-t-il choisi Deauville, la ville qui, avec ses « planches », son casino, son polo et sa faune habituelle, symbolise à l’évidence, aux yeux du monde entier, le fric, le tape-à-l’œil, le bling-bling et le mauvais goût ?
On dira que Deauville, c’est pratique avec ses hôtels, et plus attractif que Charleville-Mézières. Peut-être. On rappellera que Mitterrand avait organisé un G7 à Versailles et que tout le monde avait ironisé sur ses allures de Roi Soleil. C’est vrai. Mais en cette période d’austérité et de crise sans précédent, un peu de décence s’impose. Une réunion à Rambouillet, par exemple, aurait été très suffisante.
Les malheurs de DSK dans sa résidence de très grand luxe de New-York n’ont, bien sûr, rien à voir avec la réunion du G8 à Deauville. Si ce n’est que, pour une bonne moitié de la planète, le luxe dans lequel se vautrent nos dirigeants devient insupportable. Insultant même. Ils devraient y prendre garde.

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