Finalement, il faudrait faire des élections présidentielles plus souvent. Tous les quinze jours par exemple. Cela permettrait au pouvoir, quel qu’il soit, d’être plus attentif aux souhaits des Français, de tenir davantage compte des réalités. Il n’est pas bon qu’un chef d’Etat à peine élu puisse se dire qu’il a cinq ans devant lui pour faire n’importe, ce que bon lui semble et surtout lui passe par la tête. Il finit forcément, dans le confort douillet de son palais doré, par oublier qui l’a fait roi.
Pendant quatre ans, l’actuel président nous a dit et répété que le Bouclier fiscal et l’Impôt sur la fortune était l’alpha et l’oméga de sa politique. Selon lui, le Bouclier fiscal arrêtait l’exil des plus grosses fortunes du pays et l’ISF permettait de « faire payer les riches ».
On avait beau lui faire remarquer que les grosses fortunes en question continuaient à s’installer en Suisse ou en Belgique et qu’il était scandaleux que les plus riches d’entre nous n’aient pas, grâce à ce bouclier, à subir toutes les augmentations de prélèvements obligatoires qu’on imposait à la piétaille ; on avait beau lui démontrer que l’ISF frappait injustement des gens relativement modestes en raison de la flambée des prix de l’immobilier, rien n’y faisait. Il n’en démordait pas.
Le bon sens n’a jamais pu entamer les dogmes les mieux enracinés. Mais, heureusement, la perspective des élections ouvre les yeux de tous nos candidats.
A moins d’un an des présidentielles et avec 20% d’opinions favorables, Nicolas Sarkozy supprime le bouclier fiscal et allège considérablement l’ISF. On peut imaginer que, d’ici avril 2012, il va remettre la retraite à 60 ans, augmenter les salaires, embaucher de nouveaux fonctionnaires, baisser d’autres impôts, multiplier les allocations pour les jeunes, les vieux, les familles nombreuses, les handicapés, les chômeurs, etc. Le pauvre Laurent Wauquiez, tout énarque qu’il soit, avec son idée de vouloir faire travailler les chômeurs, ignore sûrement que les bénéficiaires du RSA ont le droit de vote. A moins que, soucieux de son avenir, il ne se soit déjà mis au service de Strauss-Kahn.
Reste une question. Les électeurs vont-ils apprécier ces « petites gâteries de campagne » et en savoir gré au candidat sortant ou vont-ils au contraire considérer que Nicolas Sarkozy n’est qu’un démagogue de la pire des espèces prêt à toutes les volte-face, à tous les sauts périlleux, à tous les retournements de veste, pour essayer de grappiller quelques points dans les sondages ?
Peut-il, en capitulant ainsi en rase campagne électorale, regagner les 30% de Français qui lui manquent aujourd’hui pour l’emporter au second tour des présidentielles ?
Il n’a pas compris, semble-t-il, que ce n’était ni à cause du Bouclier fiscal (inventé par Villepin, en 2005) ni à cause de l’ISF (inventé en 1988 par Rocard) que la grande majorité des Français le rejetait.

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