Ce petit club que constituent les amis (inconnus) fidèles de ce modeste blog dérape un peu. Comme d’ailleurs, semble-t-il, l’opinion française en général. Halte au feu !
A propos de ces élections cantonales qui ne resteront sans doute pas comme une date essentielle de l’histoire de l’Humanité, voilà que les uns évoquent Hitler, les camps de concentration et Pinochet et les autres Staline, le goulag et les Khmers rouges. Restons calmes !
Marine Le Pen n’est pas Goebbels, Martine Aubry n’est pas Beria.
Il est d’ailleurs curieux qu’aujourd’hui encore on oppose si souvent le nazisme au communisme comme si ces deux monstruosités du XXème siècle n’avaient pas été, depuis longtemps, jetées dans la même poubelle de l’histoire.
Certains rappellent le fameux Pacte germano-soviétique par souligner leur connivence. Mais on oublie que ces deux dictatures atroces aux idéologies délirantes, brandissaient, l’une et l’autre, le socialisme devant des foules en délire, qu’elles écrasèrent sans pitié, l’une et l’autre, toutes les libertés, expédiant, l’une et l’autre, leurs opposants dans des camps de la mort, pratiquèrent, l’une et l’autre, à la fois l’abrutissement de leur peuple et le culte de la personnalité de leur chef. Rien ne permet de les opposer. Elles sont, bel et bien, à mettre dans le même sac, sac qu’il faut, en effet, jeter aux ordures.
Brandir aujourd’hui ces « vieux souvenirs » en les opposant comme arguments dans une campagne des cantonales est indécent. La France n’est menacée ni par la peste brune ni par le péril rouge. Et qu’il y ait, dimanche soir, trois ou quatre conseillers généraux lepénistes (sur plus de 4.000 conseillers généraux) ne sera pas une catastrophe nationale.
On se souvient du second tour des présidentielles de 2002 qui opposèrent Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen et on peut encore s’étonner de la gigantesque mobilisation déclenchée alors par la gauche pour « faire barrage à la menace fasciste ». C’était, évidemment, totalement ridicule.
Le Pen n’avait aucune chance de l’emporter et s’il était arrivé au second tour ce n’était pas parce que la France avait soudainement basculée dans le fascisme en question mais tout simplement parce que les candidatures de Jean-Pierre Chevènement et de Christiane Taubira avaient pris 7,65% des voix à Lionel Jospin. Sans ces « trahisons », Jospin aurait eu sans doute à peu près 23% des voix, loin devant Chirac, 19,88%, et Le Pen, 16,86%. Et on peut même imaginer qu’il aurait été élu président.
Inutile donc de nous faire peur ou, pour d’autres, de se réjouir.
Cela dit, ce score du Front National, dimanche dernier, incite tout de même à se poser quelques questions.
Pourquoi un cinquième, voire un quart des Français sont-ils maintenant tentés par ce vote extrémiste ? La réponse est simplissime. La situation de notre pays va mal, très mal pour certains de nos compatriotes, et en trente ans de dégringolade générale, ni la droite ni la gauche n’ont été capables de régler le moindre problème en dépit de toutes leurs promesses plus fumeuses les unes que les autres. Fatigués, écoeurés par le petit jeu inutile de l’alternance, les Français font mine de chercher ailleurs.
Est-il normal qu’un cinquième ou un quart des Français ne soient représentés nulle part dans nos institutions, ni à l’Assemblée, ni au Sénat ? La réponse est évidemment non.
Enfin, l’attitude de l’actuelle majorité qui affirme qu’en cas de duel PS-FN à ce second tour des cantonales il ne faut voter ni pour le PS ni pour le FN a-t-elle un sens ? Non, bien sûr. Le bulletin blanc n’est pas un choix politique digne de ce nom.
Sarkozy qui, depuis des mois, fait la dance du ventre devant les électeurs du Front National devrait avoir le courage de dire qu’en face des « bolchéviques » et pour défendre l’identité nationale, bouter les Roms et les Français de fraîche date délinquants hors de nos frontières et combattre les infidèles musulmans, il faut voter FN.
Les choses seraient plus claires. Les Français encore attachés à certaines valeurs de la République comme la Liberté, l’Egalité ou la Fraternité pourraient alors en toute tranquillité faire leur choix dimanche prochain et, mieux encore, en 2012.

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